Magazine Humeur

Festival de printemps et mes pies… vu de ma fenêtre

Publié le 04 avril 2012 par Kamizole

Parenthèse bucolique dans cette campagne - électorale - qui ne l’est guère. Je n’ai pas envie pour l’instant d’épiloguer sur le sujet. Il y aurait trop de choses à dire. Un peu d’évasion même si je sors peu. Je n’avais pas eu le temps depuis longtemps de vous parler de mes pies - elles ne m’appartiennent pas mais me sont devenues familières au fil des années. Je les avais vues construire leur premier nid tout au faîte du gigantesque sycomore qui n’était qu’un frêle arbrisseau quand je me suis installée ici en 1983. Je fus désolée quand il y a deux ans ce nid fut jeté bas pendant une grosse tempête. Mais les pies sont tenaces. Je les vis avec plaisir reconstruire en février dernier un nid dans un autre sycomore plus petit et proche.

Je n’avais pas eu le temps au printemps dernier de raconter un épisode particulièrement savoureux de leur incessante guerre contre les corbeaux. J’étais un matin dans la cuisine en train de me préparer un café quand j’entendis leurs « tchak-tchak-tchak » retentir en même temps que des « croa-croa » de fort mauvais augure. J’assistai alors à un combat aérien complètement ahurissant. Quatre ou cinq corbacs attaquant le nid des pies. J’étais désolée car je ne savais pas s’il y avait déjà des œufs. Mais je ne pus m’empêcher de rire en voyant comment deux pies pouvaient mettre autant de corbeaux en déroute.

Notamment la femelle, reconnaissable parce que plus petite. Elle poursuivit un gros corbeau qui se réfugia entre les branches d’un arbre qui ressemble à un saule pleureur. Elle lui piquait le cul de son bec et je ne sais pourquoi, plutôt que fuir il montait toujours un peu plus à l’abri des branches et du feuillage et plus il grimpait plus elle revenait à la charge. J’en ris encore. Un peu plus tard, je vis le mâle posé sur la plus haute branche, recourbée, de cet arbre. L’air pensif et pour tout dire malheureux. Les corbeaux auraient-ils détruits la couvée ? Je ne crois pas car je vis par la suite les pies aller et venir et se relayer dans le nid. Pour les personnes qui ne connaîtraient pas leurs mœurs, elles rentrent dans le nid par un trou situé sur le côté. C’est du moins ce que j’ai pu observer.

La branche où s’était posé Monsieur Pie est généralement occupée par un couple de pigeons ramiers (autrement appelés palombes) dont je ne sais où ils nichent. Cette année, je ne les ai pas vus.

Un matin d’octobre dernier, j’entendis un bruit de tronçonneuse. Courant à cette époque. L’on élague les arbres aussi bien au printemps qu’en automne. Rien du côté de la rue. Allant dans la cuisine, je vis un ouvrier perché sur une échelle dans le jardin en face, la tronçonneuse en mains. La deuxième fois cette année ! Je repartis travailler sur l’ordinateur. Quand je revins un peu plus tard, je vis qu’il avait élagué le petit sycomore et n’en cru pas mes yeux : au ras de la branche où se trouvait le nid des pies… Plus de nid ! J’étais partagée entre colère et tristesse. Qui leur nid pouvait-il déranger ? « Massacre à la tronçonneuse » cher à Jean-François Copé.

Mais les pies sont obstinées. En février je les vis voler d’arbre en arbre, de branche en branche. Quand j’allais dans la cuisine j’observais leurs mouvements. Autour du grand sycomore. Bigleuse, je ne pouvais distinguer l’amorce d’un nid même en prenant mes jumelles d’autant que cet arbre ne perd pas toutes ses feuilles. Certaines de l’an passé continuant de pendouiller. Néanmoins, en suivant la trajectoire des pies, au fil des jours je vis apparaître quelque chose ressemblant à une petite boule. Qui grossit rapidement et devenue un nid de pie tout à fait respectable, au faîte du grand sycomore comme celui qui avait été emporté par la tempête. Ouf !

Mais les corbeaux ne changent pas. Il y a quelques jours, travaillant tard devant l’ordinateur (il était 1 h 30 du matin) j’entendis leur reconnaissable « tchack-tchack-tchack » je me précipitai dans la cuisine, le « croa-croa » retentit au même moment. Ils attaquent même la nuit ! Cela recommença vers 3 h 30. Des coriaces. Je ne saurais dire s’il y avait déjà des œufs. Toujours est-il qu’il y a quelques jours je vis Monsieur Pie côcher Madame Pie… Je trouve toujours très amusant de les voir se poser sur un arbre et relever leur grande queue. Je suis certaine que mieux vaut ne pas se trouver en dessous au même moment…

Depuis l’enfance, j’aime les oiseaux. Les voir aller et venir, entendre leurs chants. Je ne saurais dire pourquoi mais j’ai surtout le souvenir des rouges-gorges et des hirondelles. Je pouvais passer beaucoup de temps à observer leurs ballets dans le ciel, surtout le soir quand elles font leur dîner des moucherons et autres bestioles volantes semblables. Volant parfois seules et se retrouvant deux par deux ou en groupe. Selon mon père si elle volent haut dans le ciel cela signifie que le temps restera au beau, les insectes dont-elles se nourrissent ayant tendance à se rapprocher du sol quand le baromètre descend. En revanche, je n’appréciais guère les chauve-souris venant planer au-dessus de nous en rase-mottes quand nous dînions dehors. Des histoires ? Elles s’agripperaient dans les cheveux.

J’ai eu la chance de vivre pendant sept ans dans une petite maison entourée d’un grand jardin quasi sauvage. Avec mon père, nous débroussaillons l’espace suffisant pour pouvoir manger dehors à la belle saison et ma mère entretenait son petit jardin de fleurs sous les fenêtres. Mon père était de corvée d’arrosage tous les soirs une fois le soleil couché. Soit avec le tuyau soit avec l’arrosoir pour les plantations les plus fragiles. L’odeur de la terre et de l’herbe mouillée me reste un plaisir indicible. Réconfortant. Une sorte de madeleine de Proust.

Comme je suis souvent réveillée très tôt ou pas endormie du tout, j’entends les oiseaux commencer leurs chants. Environ deux heures avant que les premières lueurs de l’aube ne commencent à blanchir le ciel. Et précisément au moment où j’écris, des pépiements ont caressé mes oreilles. L’ordinateur affiche 4 h 45... Si je reconnais aisément le rouge-gorge et le merle, je ne suis pas vraiment au fait de tous les chants. Peut-être étaient-ce des pinsons ?

Mais c’est très difficile ensuite quand tous les oiseaux commencent à chanter en choeur. Il en est un qui émet un son très métallique - mésange charbonnière. Pour un autre - mésange noire - il me semble entendre « mayday » mais je ne pense pas qu’il donne une quelconque alerte ! L’automne dernier, je n’en crus pas mes oreilles mais un autre - grive musicienne - pépiait carrément « cacahuète ! Cacahuète ! » qui m’amusa énormément. Je ne l’entends plus en ce moment.

Pour identifier les émetteurs de ces cris, je suis allée chercher sur Google, idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps. Je n’ai aucune prétention à l’ornithologie mais simple curiosité pour ne pas mourir plus idiote que je ne le suis. Parmi l’aubade qui m’est donnée chaque matin et dont j’ai pu identifier le cri, j’ajouterais les fauvettes - des jardins et griselle - le pipit des arbres, le pouillot fitis et le rouge queue.

J’ai bien fait d’ouvrir la fenêtre malgré la fraîcheur pour les entendre dans le silence de la nuit car depuis 5 h 30 les "oiseaux de fer" ont commencé leur survol à basse altitude, avant de plonger sur Roissy. D’abord un ou deux espacés de plusieurs minutes mais maintenant, ils se succèdent à un rythme soutenu si bien qu’à certains moments il n’y a pratiquement aucune coupure de son, l’un chassant l’autre. Remarquez, les oiseaux d’adaptent en chantant plus fort : j’étais à l’instant dans la cuisine pour me sustenter et en même temps qu’un Airbus survolait la maison j’entendais néanmoins les pépiements.

Les premières voitures, le bus (le premier passant à 5 h 45) ajoutent à ce concert. Ce n’est encore rien pour l’instant mais bientôt ce sera un véritable carrousel et encore heureux quand un quelconque malotru ne se met pas à klaxonner intempestivement. Sans même parler de la pollution qui va avec.

Dans l’après-midi je constate néanmoins quand il m’arrive de me reposer sur mon lit en bouquinant que parfois n’y a pas plus de bruit qu’il y a entre 25 et 28 ans quand il m’arrivait de ne pas travailler l’après-midi et que je me reposais avant de repartir travailler. J’entends alors uniquement le chant des oiseaux, entrecoupé de temps à autre par le bruit d’une voiture. De même qu'à cette époque là, le plus gros de la circulation a lieu le matin et le soir. Les personnes descendant à la gare d’Enghien ou vers Paris pour leur travail et remontant le soir.

Economie et écologie : le plus souvent une seule personne… mais il faudrait développer suffisamment les transports en commun. A certaines heures les bus sont pleins comme des œufs, les fréquences de passage étant nettement insuffisante à Montmorency… mais allez expliquer cela à Veolia qui s’en contrefiche éperdument : business is business et tant pis si cette loi s’applique à un service public.

Il faisait déjà très beau depuis quelques temps. Au point que l’on recommence à nous parler de sécheresse. Mais au début de la semaine dernière, à part quelques arbustes, pas encore de feuilles sur les arbres, j’eus beau scruter les tilleuls et les sycomores du côté rue, je ne vis pas même un bourgeon. Je n’avais pas mis mes lunettes, je m’en sers très rarement à l’intérieur non plus que pris mes jumelles. Ceci expliquerait-il cela car tout d’un coup, ce week-end, une véritable éclosion. L’amorce des premières feuilles qui ont déjà bien grandi aujourd’hui. Partout des fleurs dans les arbres fruitiers.

Ce n’est pas la première fois que je constate comme tout va très vite au printemps. Même quand j’étais autrement active qu’aujourd’hui - ce n’est guère difficile ! - je n’ai jamais pensé perdre du temps en m’absorbant dans le spectacle de la nature. Une antidote nécessaire à la folie futile de la vitesse à tout prix qui saisit le monde. Nous arriverons de toute façon trop tôt au terme de cette vie et ces parenthèses pèseront du même poids dans la balance.

L’on nous apprend que ce furent les « Romantiques » qui mirent cette contemplation à la mode (littéraire) mais rien ne nous dit que nos lointains aïeux n’y étaient pas sensibles, sans l’écrire…


Retour à La Une de Logo Paperblog