La Haute Autorité de Santé vient, enfin, de préciser les conditions, spécifiques, de pertinence d'un dépistage par PSA, après identification des facteurs de risque. Sur la base de ces critères, seuls les hommes à haut risque devraient subir ce dépistage par PSA. Le test ne devrait donc plus être systématique et devrait faire l'objet d'une information du médecin, puis d'une décision médecin-patient.
Le test PSA, de détection du cancer de la prostate, a fait beaucoup parler de lui, surtout récemment lorsqu'un groupe d'experts américains, l'U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF), recommandait de ne pas le faire lorsqu'on est en bonne santé. Le Comité mettait en avant les dangers du test , cause de surdiagnostic avec des faux-positifs et de biopsies et de traitements inutiles, en particulier, aux âges avancés. De nombreuses études ont ensuite démontré que si le test PSA peut rester précieux pour prédire la nécessité de faire une biopsie dans des cas bien spécifiques, pour prévenir 1 décès par cancer de la prostate, il fallait dépister par PSA 1.410 hommes et en traiter 48. Une récente étude, publiée en avril dernier dans le British Medical Journal (BMJ) suggère ainsi que le dépistage des hommes pour ce cancer ne semble avoir aucun impact significatif sur la mortalité par cancer de la prostate.
Absence de preuves justifiant un dépistage systématique : Le test PSA était donc resté, malgré ces discussions, une façon courante pour les médecins de déterminer le risque pour un patient de développer un cancer de la prostate. Le test mesure la quantité de PSA, l'antigène spécifique de la prostate, dans le sang du patient. La Haute Autorité a donc pratiqué une méta-analyse de 766 publications, éditées de janvier 2000 à novembre 2011, au niveau national et international, et vient de conclure sur l'absence de preuves suffisantes pour justifier un dépistage systématique.
Ces justifications sont nombreuses, dont
- l'existence de facteurs de risque génétiques et environnementaux de survenue de cancer de la prostate plus ou moins précisément établis dans la littérature,
- les difficultés attendues à définir et à repérer des populations à plus haut risque de survenue de cancer de la prostate,
- les incertitudes scientifiques sur l'évolution clinique des différentes formes d'atteinte tumorale de la prostate,
- les limites des examens de dépistage actuellement disponibles, dosage sanguin de l'antigène spécifique de la prostate total couplé au toucher rectal,
- l'absence à ce jour de marqueurs et d'examen de dépistage ou de diagnostic permettant d'identifier précocement les formes de cancer de la prostate qui ont un risque d'évolution négative,
- les positions récentes des agences d'évaluation étrangères ne préconisant pas de démarche particulière de détection précoce chez les hommes dits «à haut risque »,
- l'insuffisance de preuves pour évaluer la balance bénéfice/risque d'un dépistage des hommes plus à risque de développer un cancer de la prostate.
Poursuivre la recherche sur des tests performants, avec l'identification de marqueurs permettant de distinguer les formes agressives du cancer est donc la stratégie à venir.
Source : HAS Rapport d'orientation - Cancer de la prostate (Visuel InCa)