"Enter The Sideshow Groove" a tout du LP passe-partout. Il offre un éventail de sonorités variées, alterne les tempos, joue peu du traitement des sons, privilégie la musicalité à la lourdeur des pieds, mixe instruments et samples, distille une base hip hop avec du funk ou de la soul: c'est beau, soigné, bien produit... En théorie, tous les arguments semblent requis pour que ce disque s'approprie les suffrages d'un public élargi, et plus simplement acquis d'office à la "cause hip hop". Certains d'entre vous devraient même déjà en avoir entendu quelques extraits. Avant même sa parution, les titres "All I Want", "Ease My Mind", ou "Hello I Love You" avaient déjà pas mal tourné sur les ondes. Bon allez, je vous refais rapidement l'histoire avec, dans l'ordre: la rencontre en novembre 2008 sur une scène de Copenhague du producteur Justmike et de DJ Nyber, un EP en 2009 ("Bone Jacked & Buggin Out"), la diffusion de "Hello I Love You" en playlist de Nova, des collaborations diverses (DJ Noize, la chanteuse Astrid Engberg, les rappeurs Elias, Mattic, ou Kuku Agami), un remix du titre "This Train" de Wax Tailor, la décision de faire figurer le morceau "Hello I Love You" sur les compilations Mimobot et Saint Germain Des Prés, puis rebelotte en force sur Nova ou Radio France depuis la sortie du disque, coup de coeur FNAC, compilation, internet, reconnaissance.... Tous les indicateurs sont au vert. Pourtant quelque chose continue de me chiffonner à chaque fois que je l'écoute, et à force de creuser la question je commence à y voir plus clair. "Enter The Sideshow Groove" a en fait tout du gendre idéal. Dans une discothèque hip hop, c'est l'album qu'on pourrait sortir à toutes les occasions pour le faire découvrir à ses potes. Toujours souriant, le teint frais et net, il est capable de vous ranimer une ambiance en un rien de temps. Ce constat reste assurément un bon point pour la majorité des auditeurs puisque, sur la question de son contenu, il ralliera certainement plus qu'il ne divisera. J'ai tout de même quelques regrets le concernant, à commencer par un syndrome qui le guette et que je qualifie à dessein de "premier de la classe". L'accent porté sur le choix d'un renouvellement permanent des productions et sur des constructions très (trop) carrées en font finalement un disque assez conventionnel et pas si original que cela. Malgré les efforts engagés pour divertir le public, il reste trop timoré à mon goût, manquant souvent de hargne, de rage et de sueur. On lui trouvera des airs de Belleruche, Beat Assaillant, Wax Tailor, Tribequa, Dj Vadim.... ou d'autres noms traditionnellement catalogués hip hop, comme Dileated Peoples, Delinquents Habits, ou encore Blackalicious. Prenez ces différents groupes et artistes, secouez le tout, et vous obtiendrez du Dafuniks; une sonorité universelle et rassembleuse parée d'un costume taillé sur-mesure. L'exercice demeure au final plaisant, mais assez uniforme, surtout dans les rythmiques, toujours entre du gros hip hop qui ne vient pas et une sorte de easy listening agréable (sic). A la longue, l'identité singulière du projet se perd dans une forme de production apatride, avec toutefois un fort penchant anglophone. D'ailleurs, je défie quiconque qui n'aurait pas été informé de l'origine de ce groupe de pouvoir me dire qu'il s'agit d'une formation danoise. Hormis cela, pourquoi ne pas tenter l'expérience histoire de vous faire votre idée. A la fabrication : Justmike (production), Dj Nyber (platines), Christian Jespersen (batterie), Thomas Cox (basse),Tue Damskov (guitare).