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Sarkozy: Quand le Président des Rentiers répond sur l'affaire Bettencourt

Publié le 04 avril 2012 par Juan
Sarkozy: Quand le Président des Rentiers répond sur l'affaire Bettencourt Il était 7h42, mardi 3 avril, quand il déboula sur le plateau de la Matinale de CANAL+. Nicolas Sarkozy allait partir ensuite pour la Réunion.
La première question de Caroline Roux fut la décision d'expulser 5 islamistes radicaux dont 3 imams et prise par le ministère de l'intérieur la veille. « Ces derniers étaient là depuis longtemps » s'étonna la journaliste. Sarkozy bafouilla une excuse. « Ces imams avaient prononcé des propos inacceptables ». En fait, ils étaient là depuis quelques temps déjà. Un peu plus tard dans la journée, l'Elysée publia le courrier du Monarque au président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) le remerciant d'avoir « écarté»  de des « extrémistes qui instrumentalisent l'Islam » de son 29ème Congrès qui se tient le 6 avril prochain. On se souvient que le ministre de l'intérieur Sarkozy était venu en 2003 à ce même congrès.
Caroline Roux demanda ensuite une réaction à l'expression de François Hollande qui confiait vouloir « taper » Nicolas Sarkozy. Le candidat sortant fit mine de rester calme. « J'avais pas eu le sentiment d'avoir été épargné. (...) Depuis 5 ans, si je n'étais pas là, il y aurait moins de critiques. » Avant de lâcher qu'à « la présidence de la République, il faut beaucoup de sang-froid.» Combien de fois avait-il perdu ses nerfs ? En janvier dernier, il éructa de mensonges contre la proposition de François Hollande sur le quotient familial. Il perdit aussi son sang-froid contre un journaliste qui lui demanda sa réaction à la perte du Triple A lors d'un déplacement en Espagne. Conservait-il ses nerfs quand il accusa François Hollande de manquer de courage lors de ses voeux ?
« Votre bilan, vous l'assumez ? » s'inquiéta Caroline Roux. « Chacun d'entre nous, nous avons un bilan. (...). Pendant 4 ans, je n'ai eu de cesse de protéger les Français.» Toujours le même argument. Plaider l'intention plutôt que défendre ses résultats ... Quelle astuce !
Il ressortit ses mensonges sur la progression du pouvoir d'achat (unique en Europe ? Non); la faible augmentation du chômage, la réforme des retraites, l'autonomie des universités. Il eut la défense mesquine: « les Français savent ce qui c'est passé pendant 5 ans.... Ecoutez... ça n'a aucun sens... Imaginez si Madame Royal avait été élue... ».
Il sembla ravi de la progression de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages. C'en était trop voyant: « La dynamique de campagne de M. Mélenchon fait écho à l'absence de dynamique de la campagne de M. Hollande.» Il voulait masquer que d'autres sondages, ou les mêmes, l'inquiétaient: le retard de Sarkozy se fige, l'écart au second tour se creuse. Tout ça pour ça... Le candidat sortant répéta quand même combien il était content des sondages de premier tour. « En 2012, je sens un besoin d'idées nouvelles. » Son programme n'était toujours pas public. Sa propre Directrice de la Communication, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait envoyé la veille un appel à contributions aux inscrits sur le site de LaFranceForte. Un comble! Manquaient-ils à ce point d'idées ?
Puis, Caroline Roux évoqua l'affaire Bettencourt. Sarkozy essuya une goutte de sueur sur sa tempe. Comme ça, directement, il masquait mal. Pourtant, la journaliste de CANAL+ n'avait pas posé cette question qui pouvait déclencher transpiration et malaise en direct à la télévision:
« Monsieur Sarkozy, avez-vous reçu de l'argent des Bettencourt pour financer votre campagne de 2007 ? »
A la question indirecte de Caroline Roux, Nicolas Sarkozy eut cette réponse indirecte: primo, il accusa la manoeuvre: « Comme toujours avant la présidentielle, il y a un certain nombre de boules puantes.» Secundo, il plaida le « pas vu pas pris » : « Sur les comptes de ma campagne de 2007, ils n'ont été contestés par personne. (...)  Personne n'y a trouvé à redire. Alors que les comptes de M. Balladur et de M. Chirac... » Tertio, il reconnut avoir rencontré André, époux de Liliane Bettencourt: « J'ai été 20 ans maire de Neuilly. André Bettencourt habitait Neuilly. Il était député de Neuilly. (...) Alors, on m'demande 'est-ce que vous avez pu rencontrer André Bettencourt ?' Ben, bien sûr. Où est le problème ? » Ces derniers jours, quelques preuves avaient été trouvées, enfin, d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et André Bettencourt en février 2007, en pleine campagne présidentielle.
Avec sans doute un immense sens de l'humour, le site du candidat publia dans la journée les 8 propositions de Nicolas Sarkozy pour la justice, détaillées samedi dernier. Près de cinq ans après ses charges contre les récidivistes et sa loi des peines planchers, le Monarque voulait faire la pub d'un autre concept, celui du réitérant, ce « délinquant qui accumule des infractions qui ne sont pas forcément les mêmes » contre lequel il souhaite l'application des peines planchers. Il voulait aussi supprimer la prétendue « automaticité » des remises de peines, rendre possible la perpétuité pour les violeurs récidivistes, ou de réformer la justice des mineurs (comme depuis 2007). Plus cocasse encore, il y eut cette promesse incroyable, un aveu d'échec pour un président sortant: « garantir l'application des peines de prison » !
« On l'attend toujours votre projet ? » Sarkozy rappela qu'il préférait égrener ses annonces pour maintenir l'attention médiatique sur lui. « Je présenterai un plan global et cohérent jeudi prochain.» Jeudi prochain ? Dans 8 jours ? Caroline Roux s'inquiéta sur le chiffrage.  Mais où seront donc prélevés ces 75 milliards d'euros d'économies promises sans détail par le candidat sortant depuis quelques jours ? Sarkozy resta vague, évoquant la poursuite des réformes, comme celle de la carte hospitalière (sic!). Il refusa toute réforme en profondeur de l'assurance maladie. Mais il promet de limiter l'augmentation des dépenses d'assurance maladie à 2,5% par an.
Sur France Info, quelques minutes plus tard, sa porte-parole de gouvernement Valérie Pécresse avait été encore plus vague, évoquant la poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire à la retraite sur deux.
Hasard ou coïncidence, un fichu bilan de l'évolution de la fiscalité depuis 15 ans par l'Institut des politiques publiques était publié le jour même. On apprenait que depuis 2002 les 1% les plus riches avaient vu leur impôt réduit 6 fois plus que la moyenne des contribuables. Fantastique !
L'hebdomadaire Challenges résumait: « Sarkozy a favorisé les rentiers, Chirac les plus riches et Jospin les plus modestes. » Cet Institut, nouvellement créé, précisait: « Les gouvernements qui se sont succédés pendant les dix années qui ont suivi la période Jospin ont plutôt eu un effet inverse, en diminuant les prélèvements pour les plus hauts revenus, en particulier pendant le quinquennat de Jacques Chirac. Le dernier quinquennat, celui de Nicolas Sarkozy, a eu un effet contrasté, très favorable aux plus hauts patrimoines, alors que l’imposition des hauts revenus était augmentée dans le même temps.»


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