On a parfois tendance à l’oublier, mais ce ne sont ni l’argent, ni l’intransigeance, ni l’ambition ou encore la cupidité qui sous-tendent une aventure musicale, quelle qu’elle soit. Des motivations certes primordiales, mais largement périphériques en égard à ce qui les engendre. Tout comme la passion, l’émotion et le ressentiment, il ne faut n’y voir là que la coloration de ce qui préside à toute entreprise musicale, dont l’essence reste envers et contre tout une affaire d’amitié, d’affinités. Ni plus, ni moins. A ce titre, Jheri Evans, Dwight et Liz Pavlovic sont des modèles du genre tant leur histoire commune s’explique et se projette à l’aune de cette camaraderie désormais sans faille, initiée à l’épreuve d’accointances extra-professionnelles. Été 2010, Dwight façonne Royal Rhino Flying Records à son image, entre pop viciée et électro opiacée – tout en emménageant avec sa copine Liz Toler, future Madame Pavlovic. Jheri Evans, instigateur du blog Get Off the Coast et contributeur régulier à l’agrégateur Altered Zones, deux embardées 2.0 désormais terminées, est en contact virtuel régulier avec Dwight s’agissant des sorties de son label et plus particulièrement de GOBBLE GOBBLE. A l’occasion d’une tournée de ces derniers, tout ce petit monde se retrouve dans la maison du couple et Crash Symbols voit le jour, fin 2010, presque instantanément.
Quelques packs de bières ingurgités dans la nuit et une quantité insoupçonnable de marijuana partie en fumée auront suffi à ces activistes, proches du réseaux FMLY (lire), pour mettre sur les rails une triangulation affective à la fécondité intempestive : Crash Symbols multiplie ses sorties via des tirages limités de cassettes, couplés à des téléchargements libres d’obole, des premières bandes magnétiques de Foot Village, Hear Hums, Beggars in a New Land, en passant par celles dédiées à Featureless Ghost, Two Bicycle, Blackbird Blackbird aux ultimes Pressed And, Noah Wall ou Ender Belongs to Me. Et tandis que les mixtapes du label, véritable passion partagée, pleuvent quasi-mensuellement (lire ici ou là), les efforts et la réflexion se concentrent alors subséquemment sur un objectif ambitieux : la création d’une revue imprimée et digitale, mêlant tout à la fois recherche graphique, musicale et sociétale. Ainsi naît Decoder Magazine (lire) dont l’écrin papier vient d’être financé par l’intermédiaire de la plateforme de dons Kickstarter. Conjuguant DIY à une bonne dose de talents, difficile de ne pas tomber sous le charme de ces jeunes gens, d’autant que leur décontraction et leur affabilité est plus que virtuellement transmissible. En témoigne l’entrevue qui suit, sujette à plus d’une centaines de mails biens sentis, en plus d’une mixtape concoctée par Dwight, à écouter et télécharger ci-après. En prime, quelques chroniques suivent, présentant trois des ultimes sorties du label. Et pas des moindres. Fuck yeah !
Interview avec Dwight Pavlovic
Peux-tu te présenter en quelques mots? Qui es-tu Dwight et que faisais-tu avant Crash Symbols ?
Can you introduce yourself in a few words? Who are you Dwight and what did you do before Crash Symbols?
Avant Crash Symbols, je m’occupais de Royal Rhino Flying Records, un label que j’avais monté au lycée. Je n’ai jamais eu la patience d’apprendre à jouer d’un instrument – à l’exception de quelques années de piano et je regrette maintenant d’avoir arrêté – alors, je me suis dit que monter un label restait l’une des manières les plus intéressantes pour m’impliquer dans la musique.
D’après mon éducation et mes expériences professionnelles, ma formation s’est orientée vers l’histoire et le milieu des média… Je suis d’ailleurs diplômé en histoire des religions. Ceci dit, les métiers du livre ont toujours été ma grande passion. Lire a toujours été important mais comme je manquais de confiance en moi en tant qu’écrivain, je me suis penché sur le problème de la même façon qu’avec la musique ! Même si en principe, les intermédiaires entre artistes et public ne sont jamais bien vus, j’admire la façon dont les maisons d’édition et les labels – les meilleurs d’entre eux tout du moins – parviennent à réunir les aspects esthétiques du roman et autres connections en faisant corps avec les artistes qu’ils défendent. L’aspect pratique et créatif de ces relations partenariales me plaît énormément.
Before Crash Symbols, I ran Royal Rhino Flying Records, an imprint that I started in high school. I’d never had the patience to play an instrument – except a few years with the piano, that I regret not pursuing – so I reckoned that the most interesting way that I could participate in supporting “music” was by running a label.
That said, my… “professional/academic background” is mostly in history and media… I majored in Religious Studies but book publishing has always been one of my big interests. I loved books growing up and lacking confidence in my ability as a writer, I think I addressed that issue in the same way as music! Although conceptually middle men are always unappealing, I enjoy the ways that individual publishers and record labels – that at least the good ones – find to synthesize novel aesthetics and connections and new unities with authors and musicians. That sort of practical and creative partnership is profoundly appealing to me.
Quelles sont tes influences musicales ?
What were your first musical influences?
J’ai grandi en écoutant la musique de mes parents… Ma mère mettait souvent The Talking Heads et R.E.M. dans la voiture et mon père m’a donné pas mal de suggestions du type « c’est ce que j’écoutais quand j’avais ton âge », et j’ai ainsi fait mon chemin à travers sa vieille collection de CD. In The Aeroplane Over The Sea de Neutral Milk Hotel et le Yoshimi Battles The Pink Robotsdes Flaming Lips furent mes tous premiers achats et je pense que mon activité actuelle reflète toujours ces choix. J’aime la pop, et tout particulièrement les différentes approches possibles la concernant… J’ai commencé à écouter de la noise pop avant le lycée, et j’aime toujours beaucoup ce genre, même si l’electro m’intéresse beaucoup ces temps-ci. Le croisement entre la noise pop et l’electronica est très important pour moi et Crash Symbols, d’ailleurs nos penchants se sont toujours orientés vers celui-ci.
I grew up listening to a lot of my parents’ music… my mom played the Talking Heads and R.E.M. in the car a lot and my dad gave me more of a “this is what I listened to when I was your age” kind of experience, introducing me to his old CDs a little bit at a time. The first albums I ever bought for myself were Neutral Milk Hotel’s In The Aeroplane Over The Sea and The Flaming Lips’ Yoshimi Battles the Pink Robots, and I think my interests now sort of reflect that. I love pop music, but I particularly enjoy hearing different approaches to making it… noise pop is something I’ve been listening to since before high school and I still love it, but electronic music is a new interest. The intersection of noise pop and electronica is significant for me and for Crash Symbols – I think that’s the direction we’ve always inclined towards.
Comment Crash Symbols a-t-il vu je jour ? Qui est derrière ? Quelle était l’idée d’origine ?
Tell me how Crash Symbols was born? Who is behind? What was the idea of origin?
Nous sommes trois à nous occuper de Crash Symbols – moi, mon épouse Liz, et notre pote Jheri, que l’on a rencontré alors qu’il restait dormir chez nous en plein milieu d’une tournée avec des amis communs (Gobble Gobble, ndlr). On s’était échangé plusieurs emails quelques mois auparavant, à propos de sorties sur mon ancien label Royal Rhino…Jheri l’adorait, alors ça coulait de source !
The three of us that run Crash Symbols – me, my wife Liz, and our friend Jheri met when he stayed at our place midway through touring with some mutual friends. We’d been emailing for months before about releases on my old label Royal Rhino… Jheri loves rhinos, so it all sort of made sense to us!
Pourquoi ce nom, Crash Symbols ? Une marque de résistance ? Contre qui/quoi ?
Why this name, Crash Symbols? A mark of resistance against who/what ?
Pour nous tous, le nom est un hommage à notre amour pour les jeux de mots. Mais pour moi, c’est aussi une référence à la codification des idées à travers les symboles, et au fait que, assez bizarrement, l’on puisse percevoir les médias telle une force influente dans la marche de l’histoire. En ce qui me concerne, c’est une manière de montrer notre résistance face à l’homogénéisation… Notre engagement a toujours envisagé le contenu de nos sorties comme quelque chose d’intemporel.
For all of us the name is significant for our love of wordplay, but to me it’s also a reference to the codification of ideas in symbols and the unusual ways that we and other people might perceive media as influencing history. For me, it is a way of indicating our resistance to sameness and our commitment to understanding the material we release as truly timeless.
Pourquoi choisir les formats K7 et vinyles?
Why are you choosing only the cassette and vinyl formats?
Par égard pour notre instinct et pour des raisons pratiques. On a tous été témoin de l’engouement fantastique en ce moment autour du support cassette, on adore écouter des cassettes, et les groupes avec qui on travaille nous disent parfois que leur musique sonne mieux sur nos cassettes que sur des vinyles sortis ailleurs. J’aime la façon dont les gens écoutent les cassettes – dans de vieilles voitures, dans de vieux baladeurs, et occasionnellement sur magnétophone. Tout cela semble vouloir dire quelque chose et ces notions nous apportent plus que l’idée d’écouter un CD. Vinyles et cassettes sont analogues et c’est ce qui fait vraiment la différence. Avec un CD, on peut contrôler le son sur n’importe quelle interface utilisée, mais en ce qui concerne les cassettes et les vinyles, le son est un produit du produit, et non pas le produit de nos propres manipulations. On peut adapter et travailler le son sur ces supports, parfois le résultat est superbe et remarquable. Cela n’a vraiment de sens que jusqu’à un certain point, à cause de nos sens et expériences propres – je n’accorde juste pas autant de valeur aux CD, et il faudrait vraiment beaucoup de choses pour me faire penser autrement. Cassettes et vinyles… c’est un peu comme acheter la version en tissu d’un livre, au lieu de la version papier. On essaye de rassembler nos pensées sur le sujet d’une façon plus appropriée, mais pour l’instant ce qui compte vraiment est que ces supports nous paraissent les plus adaptés.
In deference to Instinct and practical purposes, at the core, I think. We all saw amazing things happening with tapes, we all love listening to tapes, and bands we work with still sometimes tell us that their music sounds better on tapes they released with us than on vinyl done elsewhere. I love the way people listen to tapes – in old cars, old walkmans, and the occasional tape deck. All of that seems significant and those notions make us feel good in a way that CDs don’t. Vinyl and cassettes are explicitly analog, which is every bit the fundamental difference people make it out to be. With a CD, you have sound controls on whatever interface you might use, but with tapes and vinyl, the sound is even more a product of the product than your own willful supervision. People can tailor their sounds for those formats as much as anything else and the result is sometimes stunningly unique. Of course these things are significant to a certain extent purely because of our own perception and experiences – I just don’t value CDs as much other things and it would take a lot of training for me to feel otherwise. Tapes and vinyl… they feel like getting the cloth edition of a book instead of the paper. We’re trying to quantify our thoughts on the subject a bit better, but right now, the most important thing is that those formats are what feel the best to us.
Crash Symbols sort aussi bien des disques pop qu’expérimentaux… Comment choisis-tu les artistes avec lesquels tu travailles ?
Crash Symbols takes out as well indie pop as experimental’s records… How do you choose the artists you work with?
On entre en contact avec les artistes de façons très diverses. Nous écrivons tous sur le blog musical Decoder Magazine, chaque sujet devient alors une source de sorties potentielles. Mais nous sortons également de la musique avec des amis de plus longue date, ou des gens qui nous ont envoyé un email un peu de nulle part et qui se sont révélés être sympas et intéressés. Il nous est même arrivés, deux ou trois fois, de passer par d’autres labels, comme notre K7 avec MillionYoung. C’est arrivé en majeure partie parce que le vinyle devait sortir sur un label génial qui pensait qu’une autre sortie sur K7 serait une alternative intéressante. Il y a vraiment dix mille façons de sortir un album. C’est génial.
We connect with bands and musicians in a huge number of ways. We all write about music at our blog Decoder Magazine, so those subjects are a huge source of potential releases, but we also release music with friends we’ve known for longer or people that emailed us out of the blue and turned out to be friendly and interested. A couple of times, we’ve even brokered releases through other labels, like our cassette with MillionYoung. It happened mostly because the vinyl was coming out on an awesome label that happened to think it would be cool for it to come out on cassette as well. There’s really no end to the variations that any one release can accommodate. It’s great.
Quelle est la ligne artistique du label ? Il y a une esthétique, un concept que tu essayes de prolonger à chaque sortie ?
What is the artistic guideline of the label? Is there an aesthetics, a concept which you try to keep at every release?
Nous essayons d’effectuer chaque sortie d’album en étant aussi sûrs que possible en terme de qualité. Mais, au-delà de tout ça, on veut surtout que chaque sortie représente un peu de nous et des circonstances qui nous rassemblent,c’est-à-dire celles que l’on partage avec les groupes avec lesquels on travaille. Je veux que chaque K7 fasse penser « super groupe » et « super label ». Nous ne sommes pas un intermédiaire passif. Je m’intéresse davantage à la noise pop et aux musiques électroniques en ce moment, mais ma femme est plutôt rock et pop et notre collègue Jheri s’assure que le quota R&B soit respecté. En fait, Crash Symbols s’avère être un mélange parfait.
We try to make every release as confident an assertion of quality as possible, but beyond that, we’re primarily concerned that they express as much of us and our shared circumstances – that is, shared between us and bands we work with. I want every tape we release to say “awesome band” and “awesome label”. We are not a passive partner. I think my tendency is mostly towards noise pop and electronic music right now, as I said earlier, but my wife is more rock and pop oriented and our partner Jheri keeps the fringes of R&B well represented. It’s turned out to be a great combination.
Foot Village, Hear Hums, Beggars in a New Land sont vos trois premières sorties. Tu peux m’en dire plus à leur propos ?
Foot Village, Hear Hums, Beggars in a New Land are the first release of Crash Symbols. Can
you tell me more about them…?
On s’est beaucoup amusé dans le cadre de ces sorties qui sont toutes arrivées en même temps, mais dans des circonstances complètement différentes. Beggars in a New Land était un groupe tout nouveau à l’époque, alors que Foot Village était déjà bien connu. Le duo Hear Humsavait lui le vent en poupe en termes de musique et de réputation. Liz, mon épouse, s’est occupée du design pour la pochette de Beggars in a New Land. J’ai fait celle de Hear Hums et Jheri celle de Foot Village. J’ai vraiment un faible pour Foot Village, notamment car c’est la sortie préférée de mon père… Dans le même genre, le collage utilisé pour la pochette de Hear Hums contenait la photo d’un étudiant goguenard que j’avais découpée dans un numéro du magazine des anciens étudiants de Kenyon College, appartenant à mon père. L’étudiant en question nous a contacté un peu plus tard, après que quelqu’un lui ait parlé de la K7… C’est déjà vraiment cool d’imaginer que des gens en aient parlé… Mais apprendre que cette histoire ait cheminé ainsi jusqu’à quelqu’un de manière aussi inopinée fut une très bonne surprise.
These releases were a lot of fun because they all happened around the same time but under very different circumstances. Beggars in a New Land was a totally new band at the time, whereas Foot Village is pretty well established and the duo behind Hear Hums was beginning a really positive upward spiral in terms of their music and visibility. My wife Liz got to design the packaging for the Beggars in a New Land release, I did the Hear Hums, and Jheri did the Foot Village. I’ve got a really soft spot for the Foot Village tape because I think my dad considers it our best release… in the same vein, the collage I used for the Hear Hums packaging included a snarky looking student on it, which I cut from an issue of my dad’s Kenyon College alumni magazine. The student actually contacted us later, after someone told them about the tape… it’s groovy enough to imagine people talking about it, but that it made its way to someone so fortuitously was a fun surprise.
Les groupes présents sur les mixtapes Dope Montain Fuck & Dope Valley Fuck sont-ils tous de futurs projets ?
The bands on Dope Montain Fuck & Dope Valley Fuck mixtapes are they all Crash Symbols’s projects?
Beaucoup d’entre eux le sont, mais il y en a plus encore qui ne le sont pas du tout. Faire des mixtapes ensemble est une de nos passions, et nous essayons de faire en sorte que la personnalité du label soit représentée. Elles donnent surtout une bonne idée de la sphère musicale dans laquelle on a tendance à se réfugier. On aime le rythme, la pop, les bruit étranges… Mais on porte surtout une grande importance à la qualité du concept. Même si on apprécie beaucoup les chansons pop bien exécutées comme celles de groupes aussi rigoureux et plein d’esprit que The New Lines ou Phil and the Osophers.
Many of them are, but more of them aren’t. We love putting together mixtapes and we tend to try and make them a good cross section of what can be expected from the label, but more importantly, looking at the assembled music probably gives us a good impression of the musical strata we tend to inhabit. We love beats and pop and worst noises, but the emphasis is really on quality of concept, even if we do still love well executed pop songs from bands as exacting and witty as The New Lines or Phil and the Osophers, for example.
Et GOBBLE GOBBLE ?
And GOBBLE GOBBLE?
Je suis très fier d’avoir sorti trois albums et une K7 avec Gobble Gobble, désormais connu sous le nom de Born Gold, et notre travail avec eux est vraiment l’un des points forts de tout ce que nous faisons avec le label. J’aurais bien aimé les avoir inclus sur d’autres mixtapes, mais, si vous les connaissez un peu, vous savez qu’ils sont très occupés, ne pouvant se plier au rythme intensif de nos mixtapes !
I’m proud to have released three records and one tape with Gobble Gobble, now Born Gold, and they’re definitely a much beloved part of what we’re doing. I wish we had them on more mixtapes, but if you know them, you probably know they’ve got a full enough schedule without our intensive mixtape series!
Quels types de relations y-a-t-il entre les groupes et le label ?
What are the relations between the groups and the label?
Cela varie sans cesse. Cecil Frena de Born Gold a déjà passé la nuit dans deux de mes appartements, mais d’autres groupes comme Foot Village, Hear Hums – en fait, la majeure partie des groupes avec lesquels nous travaillons – ne croisent pas régulièrement notre
chemin. Mon épouse et moi habitons ensemble, alors on ne voyage pas trop pour aller à des concerts. Maintenant que nous avons déménagé de West Virginia en Californie, nous devrions rencontrer plus de groupes lors de leurs tournées.
Constantly varied. Cecil Frena from Born Gold has slept in two of my homes, but other bands like Foot Village, Hear Hums – frankly the majority of bands we work with – won’t cross paths with us on a regular basis. My wife and I are homebodies so we don’t travel around to many shows, but now that we’ve made the move from West Virginia to California, we expect to be meeting more people along their regular tour routes.
Tu as réalisé une compilation sur Beko. Comment as-tu rencontré la doublette de Beko et que représente pour toi leur travail ?
You realized a compilation on Beko. How did you meet people of Beko and what represents their work for you ?
Beko était – pour moi tout du moins – l’une des meilleures sources de musique au monde. Cela nous a rendu vraiment tristes de les voir stopper l’aventure, même si je suis très heureux d’avoir pu contribuer à deux compilations bien que que leur calendrier de sorties était plein à craquer. Ce sont deux de mes préférées. La première collaboration a été pour moi l’occasion de réunir un grand nombre de morceaux – 18 au total – d’une façon qui soit, non seulement satisfaisante, mais aussi la plus adéquate possible en terme de présentation. Le second mix était un peu plus conceptuel et centré sur le rythme.
Beko-DSL was – to me at least – one of the best curated sources of music in the world. We were sad to see it pass on this year, though I’m endlessly glad that its packed release schedule had room for me to strap on a couple of mixes. Their two of my favorites and the first of them was really my first attempt to make such a large number of songs (18 in total) hang together in a way that wasn’t just satisfactory, but seemed like the best presentation possible. The second mix was a bit more conceptual and beat oriented
Quel est le futur proche de Crash Symbols ?
What’s the near future of Crash Symbols?
Pour l’instant, on travaille vraiment dur pour promouvoir un autre projet, Decoder Magazine, qui est échangeable contre un kickstarter. C’est un grand projet que l’on trouve aussi totalement en relation avec le label… À part ça, nous avons quelques sorties K7 de prévues en plus de quelques collaborations vraiment cool. Nous aurons aussi un nouveau pack disponible très bientôt sur Forty Ounce Clothing.
Right now we’re working incredibly hard to promote an affiliated project, Decoder Magazine, which has a kickstarter going. That’s a big project we find highly related to the label… other than that, we’ve got a bunch of new tapes planned and some cool collaborations. We’ll also have a new package coming out with Forty Ounce Clothing shortly.
Et tes espoirs les plus fous ?
And your craziest hopes?
On raconte beaucoup de choses à nos groupes… On leur dit en blaguant qu’ils devraient aller vers d’autres labels pouvant faire plus de choses pour eux, mais en vérité, on espère juste qu’un jour on aura les mêmes ressources. Qui sait.
We say things to bands… joke about getting them onto bigger labels that can do more for them, but secretly we hope to one day have those same kinds of resources. Who knows.
Tu écris donc pour Decoder. Que penses-tu de la culture blog ?
You work also for the blog Decoder Magazine. What do you think about blog culture ?
La société est sur le point de découvrir les conséquences vraiment positives de la globalisation : un créneau artistique qui fonctionne de la même façon que l’art Folk. La blogosphère a un rôle important à jouer pour faciliter le phénomène… Les gens développent et changent de centres d’intérêts en ligne et les blogs influencent grandement la façon dont ceux-ci passent leur temps libre. Les différentes communautés se chevauchent et les blogs identifient un créneau unique en le plaçant dans un contexte plus large, peut-être plus cohérent. Les blogs transforment les petits créneaux en moyens créneaux, pas forcément les plus larges possibles. Ceux-ci apparaissent alors plus importants, tout en maintenant les nuances.
In a nutshell, I think society is on the cusp of the real positive consequence of globalization: Niche Art that functions in much the same was Folk Art has. I think blogs are a big part of facilitating that… with the casual way that people form and shift interests online, blogs have become a critical part of how people navigate their free time. Communities overlap and blogs help pin the very very niche together into a larger, hopefully more coherent, bigger picture. Not quite the biggest picture. Blogs help make little pictures into medium pictures that appear more significant, but retains each individual nuance. That’s how I see blog culture.
Quel est ton sentiment sur l’industrie musicale et internet ?
How do you feel about the music industry and the internet?
J’adore internet. C’est grâce à ça que toutes les communautés basées autour d’un créneau particulier peuvent se former sans avoir à habiter à côté. C’est aussi grâce à internet que ces communautés peuvent se transformer en véritables mouvements et devenir plus autonomes, capables de prôner et de prolonger un développement interne. C’est ce qu’internet permet de faire. L’ »industrie de la musique » comme on l’entend d’habitude, fait se perpétrer un paradigme qui rend difficile pour ces communautés l’auto-représentation – les grandes institutions ayant tendance à dissiper le pouvoir des individus. À la base de chaque blog sont des individus, autonomes bien que coopérant dans l’idéal. Il s’agit d’individus, écrivains et lecteurs. Dans ce contexte individuel, les objectifs institutionnels ont tendance à être plus étouffés ou diffus, ce qui transforme les personnes au cœur de l’industrie de la musique en une sorte de caste des dieux. S’ils demeurent ambivalents à propos de la forme sociétale ou des communautés artificielles qu’ils prétendent représenter, par le biais notamment d’études démographiques ou de campagnes publicitaires agressives, ils restent opposés au processus d’unification organique prôné par les blogs.
The internet is great. It’s the reason that niche communities can form without already inhabiting the same geographical space. Further, it’s the reason that sometimes those communities can be strung together into movements and become more autonomous, able to self-advocate and sustain internal development. That’s what the internet allows. The “music industry” as we understand it, perpetuates a paradigm that makes it more difficult for those communities to self-advocate – because bigger institutions tend to dampen the effectiveness of individuals. At the heart of blogs are individuals, self-contained, though they are ideally cooperative. But either way, they are individuals – individual writers and individual readers. In individuals, institutional goals tend to be muted or more diffuse, which makes the individuals at the heart of the music industry some sort of caste of gods. Though they are mostly ambivalent about the form of society or of the artificial communities they claim to represent, strung together by demographic research and aggressive “product placement” rather than the organic unifying process that blogs have typically policed.
Sans mentionner les groupes de ton label… Quelles sont les choses auxquelles tu es addict ?
Without mentioning your label’s groups… What are the things you are addicted to?
En ce moment, ma femme et moi sommes vraiment accros aux K7… On a récemment acheté tout un tas de vieilles K7 de David Byrnes ainsi qu’une de New Order qui m’a complètement renversé. J’ai bien aimé le nouvel album de John Talabot et quelques K7 sorties chez Sunup Recordings. Je suis tombé amoureux de la collaboration complètement folle entre Stevie Moore et Ariel Pink que j’ai découverte sur un vinyle carré découpé à la main de chez People In A Position To Know…L’album de remix de Lobisomen, Onze Pedras Atiradas(chez Tall Corn Music) est probablement le truc le plus génial que j’aie pu entendre ces derniers temps.
Right now my wife and I are really addicted to tapes… we recently bought a slew of old David Byrne tapes and a New Order tape that completely blew my mind. I’ve been enjoying John Talabot’s new album; a few tapes coming out of Sunup Recordings ; and I’ve been in love with this crazy R. Stevie Moore / Ariel Pink collaboration that I got on a lathe-cut, square 7” from People in a Position to Know… Lobisomem’s remix album Onze Pedras Atiradas (on Tall Corn Music) is probably the coolest thing I’ve heard recently, though.
Pour finir, peux-tu introduire ta mixtape ?
To finish, can you introduce your mixtape?
J’ai décidé de centrer mon mix sur des vieux morceaux assez rares d’une mixtape que j’avais sortie sur mon premier label Royal Rhino Flying Records, accompagné de nouveautés et de futures sorties. Il y a aussi quelques morceaux un peu bizarres qui étaient sur des précédentes mixtapes. J’espère que ça te plaira !
I decided to focus my mix on some old rarities from a mixtape I put out on my first label, Royal Rhino Flying Records, set alongside some stuff from some new and upcoming releases. There are also some oddities from a few other mixtapes we’ve released. Hope you love it!
Mixtape
(DL/TC)
01. Cosmic Sound – Backyard Woods
02. MondreM.A.N. – Fancy (Yalls Peer Pressure Remix)
03. The Cyclist – MasKuerade
04. Visions of Trees – Palms
05. Power Animal – Better Water
06. Kites Sail High – Forest Party (Feat. Persona La Ave)
07. Monster Rally – Sun Bum
08. Ricky Eat Acid – Spoooooky
09. Ender Belongs To Me – You, Sir
10. Pure X – One Day At A Time (Marilyn Sellars Cover)
11. Hobbledeions – Teller
Chronique : Ender Belongs to Me – Memory
Avant dernière sortie labellisée Crash Symbols – précédent de peu l’édition du déjà épuisé DVD de Monroeville Music Center, le Progrès – Memory d’Ender Belongs to Me n’est pas une équation totalement inconnue de nos pages puisque le duo ouvrait de fort belle manière avec Animate la compilation beko_hartzine, toujours en écoute et téléchargement par ici. Pour autant leur identité, tout comme leur inspiration criblée d’embardées kaléidoscopiques dont seuls ils ont le secret, restent des énigmes d’autant plus entières que leur blog est signé du nom de Peter Wiggin, personnage de science fiction imaginé par Orson Scott Card (Le Cycle d’Ender). Projet anonyme donc et sonorités non identifiées, les cinq morceaux de Memory - culminant par l’entremise d’All Working sur les cimes d’une pop viciée – métissent rythmiques tropicales et phrasé hip hop, couplent envolées lyriques et groove lo-fi tandis que Christine Spilka, Jarina De Marco et Tyler Gurwicz prêtent tour à tour leurs voix à ce jeu de passe-passe. A bon escient.Ender Belongs to Me – Memory (Crash Symbols, 2012)
01. Kick/Scream
02. You, Sir
03. Animate
04. All Working
05. Teddymuffin
Chronique : Noah Wall – Héloïse
A ne pas confondre avec les britons de Noah and the Whale, Noah Wall n’est qu’une seule et même personne, témoin s’il le fallait des connivences entre Crash Symbols et Dracula Horse, label instigué par Brandon Biondo et Forrest Ferguson de Coolrunnings (lire). Sorti en cassette chez les uns, en LP vinyle chez les autres, c’est peu de dire qu’ Héloïse, premier effort du brooklynois, mérite autant d’attention. Œuvre gracile, délivrant une douzaine de morceaux oscillants entre électronique abstraite (Mind Games, Snowfax) et pop mélancolique (Blue Station), Héloïse se déploie autour de la voix de Noah, pierre angulaire délibérément inspirée d’eighties new-wave, et se conçoit tel l’hommage d’un enfant à sa mère, Héloïse Wall. Nul doute que beaucoup en sont encore rouges de jalousie.
Noah Wall – Héloïse (Crash Symbols, 2011)
01.Mind Games
02.In C(anada)
03.4AR
04.Chorus
05.Public Dancer
06.Blue Station
07.Snowfax
08.Admonitions
09.Neil’s Diamonds
10.Red Station
11.Plussy Bo La
12.Wake Pattern
Chronique : Pressed And – Imbue Up
Si pour certains la chillwave – avant d’être ce vocable disqualifiant toute volonté créatrice sous couvert de panurgisme – était l’expression d’une électro-pop éthérée, se lovant délicieusement dans méandres estivaux, une scène émergente en Caroline du Nord, par l’intermédiaire du label Denmark Records notamment, invente un futur à ce traitement opiacé croisant boucles sonores dégingandées et drones radieux. Une post-chillwave donc, dont le fer de lance n’est autre que le duo Pressed And formé par Andrew Hamlet et Mat Jones. Imbue Up, leur premier LP sorti en novembre de l’année passée, grime dans nos esgourdes un patchwork émotionnel dont l’inventivité puise à raison dans une tension entretenue tout au long de ces sept titres entre nappes synthétiques et sur-ajouts, empruntant à la fois à l’électronique qu’au hip hop. Preuve s’il en est de leur bonne foi, l’album est entièrement décliné en vidéos à la cohérence surprenante – bien que toutes confectionnées par des réalisateurs différents, qu’il s’agisse de Wooden Lens, Mat Jones, Laura Melosh, Stephanie Cafarella, Land o’ Goshen, Piece Productions ou Nathaniel Whitcomb – quand certains de leurs morceaux sont remixés avec goût, en témoigne Fire Shelf, en écoute ci-dessous dans une version vu et corrigé par Ra Cailum.Pressed And – Imbue Up (Crash Symbols, 2011)
1. Fire Shelf
2. Etching
3. Soul Muffin
4. Blue Noun
5. Parties
6. Shoreditch
7. Raid