Introduction : Pourquoi les baby-boomers doivent impérativement se former aux media sociaux ? C'est la question majeure à laquelle Pierre Soria répond dans la tribune ci-dessous ? Pierre est Vice-président Europe du Sud de SuccessFactors, le leader mondial de solutions d'Exécution de Stratégie d'Entreprise.
L'écart se creuse : êtes-vous antisocial ?
Laissez-moi deviner votre âge. Non, sans blague. Je dirais que si vous avez davantage recours à la messagerie électronique qu'aux réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook, il y a de fortes chances que vous ayez plus de 40 ans. En effet, les plus de 50 ans ont une utilisation de la messagerie électronique 20 à 30 % supérieure à celle des autres individus. À l'inverse, cette utilisation a chuté de 40 % chez les « enfants du millénaire » (personnes âgées de 18 à 33 ans) cette année, d'après une étude menée par comScore.
Les temps changent. Et à vitesse grand V. Internet est devenu le nouvel intermédiaire social entre les individus. Une personne sur huit rencontre aujourd'hui son conjoint sur le Web. 78 % des enfants européens sont présents sur la toile dès l'âge de deux ans. (Ce chiffre grimpe jusqu'à 92 % aux États-Unis où les parents publient des photos de leurs enfants sur Facebook, Flickr, etc.) Et notre vie sociale n'est pas la seule à être concernée par ce changement. Notre vie professionnelle est également amenée à connaître une transformation radicale par rapport à la génération précédente.
Dans moins de deux ans, plus de 47 % des effectifs appartiendront à la génération des enfants du millénaire. Comment communiquent-ils ? Comme des oisillons réclamant leur nourriture, ils sont toujours connectés, que ce soit par texto, messagerie instantanée, via Facebook, Twitter ou des myriades d'autres applications du même genre. Selon la Pew Internet Foundation, un enfant du millénaire envoie et reçoit près de 3 000 messages par mois en moyenne. Il se retrouve parfois avec six à dix sessions de messagerie instantanée ouverte sur son appareil mobile.
La génération du baby-boom communique par courrier électronique. Pour la première fois dans toute l'histoire de la gestion moderne, les dirigeants et les employés de première ligne utilisent des médias radicalement différents. La direction est exposée au risque d'échouer en matière de communication dans le langage des premières lignes. Communiquer était déjà un exercice difficile. Cette difficulté est désormais exacerbée par les nouveaux choix de médias et par la fréquence des signaux.
Si vous faites partie de la génération du baby-boom, vous appartiendrez d'ici deux ans à une minorité. Certaines estimations affirment que 1 000 personnes issues de la génération du baby-boom partent à la retraite toutes les heures. Et si vous n'y prêtez pas attention, vous risquez de passer à côté des médias sociaux. Il ne s'agit pas d'une mode, et le phénomène est bel et bien installé dans notre quotidien. Il ne s'agit pas non plus d'une distraction pendant les heures de travail. Pourquoi ne pas s'en servir pour s'adapter aux préférences de communication de la nouvelle génération ?
Prenez les formations, par exemple. Si votre programme de formation d'entreprise n'a pas changé depuis cinq ans, ou même deux ans, ce n'est pas bon signe. Celui-ci doit intégrer des fonctionnalités qui peuvent se répercuter sur les sites de réseaux sociaux : commentaires, classement, mots-clés, notifications de modifications, médias enrichis, profils utilisateur, possibilité de créer des communautés, etc.
L'un des effets les plus importants d'un programme de formation est qu'il permet de combler le fossé entre stratégie et exécution. C'est en développant les connaissances et les compétences des employés que ceux-ci pourront contribuer à l'exécution des stratégies d'entreprise. La plupart des sociétés d'aujourd'hui sont constituées de moins de six niveaux de direction, contrairement à celles de la génération précédente qui en comptaient quinze. Cette réduction est en grande partie due à l'efficacité des nouvelles technologies. Cela signifie que vous êtes plus largement susceptible d'occuper un poste de niveau intermédiaire pendant une plus longue période que vos prédécesseurs. La combinaison de plusieurs facteurs a une incidence sur les carrières dites traditionnelles, tels que l'aplanissement de la structure des entreprises, le vieillissement des effectifs et la réduction des opportunités de promotion.
Les entreprises doivent aujourd'hui repenser le concept même de « carrière ». La plupart des employés considèrent leur carrière comme une suite de promotions par lesquelles ils doivent passer. Cette vision n'est plus justifiable sur le marché du travail actuel. À l'avenir, une carrière sera plutôt caractérisée par des promotions, des transferts, des détachements et des projets permettant aux individus de développer des capacités et des compétences transposables sur le lieu de travail. De nos jours, une carrière repose sur le développement de propositions à valeur ajoutée pour l'activité professionnelle d'un individu à travers ses expériences individuelles. La formation est au cœur de ce changement, et les médias sociaux constituent le nouveau mécanisme de développement de ces capacités transposables.
Selon l'Institute for Corporate Productivity, les entreprises hautement performantes encouragent davantage l'utilisation des médias sociaux que les entreprises les moins performantes. Les espaces de travail partagés, les pages wiki et les blogs bénéficient du soutien des employeurs, tandis que les outils posant des problèmes de sécurité tels que les réseaux sociaux, les médias partagés et les micro-blogs ont tendance à être désapprouvés, voire bloqués. La même étude révèle que 80 % des participants au sondage pensent que leurs entreprises n'ont pas assez recours à la technologie des médias sociaux pour leurs activités de formation. Indépendamment du groupe de participants (petites et grandes entreprises, enfants du millénaire et génération du baby-boom, etc.), la plupart des personnes actives souhaiteraient que l'utilisation des médias sociaux soit plus répandue dans la formation d'entreprise.
Ne vous laissez pas dépasser. Ne soyez pas une entreprise à faibles performances. Et ne soyez pas antisocial.
Pierre Soria