Sauvegarder des souvenirs touchés par le vieillissement… C'est ce que ces scientifiques du Scripps Research Institute viennent de réussir sur…des mouches à fruits mais c'est une découverte qui pourrait bien aussi s'appliquer à l'Homme : La perte de la mémoire liée au vieillissement ne serait pas nécessairement permanente. Alors que la perte de mémoire est liée à la baisse de la fonction de certains neurones, ces scientifiques ont découvert que la stimulation de ces mêmes neurones, une fois identifiés, pourrait inverser ces troubles de la mémoire liés à l'âge. Des conclusions publiées dans l'édition du 2 avril des Comptes-rendus de l'Académie des Sciences américaines (PNAS).
Les chercheurs, Ron Davis, président du Département des neurosciences de l'Institut Scripps et Ayako Tonoki-Yamaguchi, associé de recherche ont examiné les traces de la mémoire et la mémoire dans le cerveau de mouches des fruits à la fois jeunes et vieilles. Ils constatent que, comme chez d'autres espèces, allant de la souris à l'homme, un défaut se développe dans la mémoire avec l'âge. Dans le cas de la mouche à fruits, la capacité à former des souvenirs qui durent quelques heures (mémoire de moyen terme) diminue en raison d'une baisse de la fonction de certains neurones. Mais ils remarquent aussi que la stimulation de ces mêmes neurones permet d'inverser ces troubles de la mémoire liés à l'âge.
Sauvegarder des souvenirs touchés par le vieillissement : « Cette étude montre qu'une fois que ces neurones endommagés sont identifiés, il serait possible de développer des médicaments pour cibler ces neurones et sauvegarder les souvenirs touchés par le processus de vieillissement», résume Ron Davis. « En outre, la formation biochimique de la mémoire sous-jacente chez les mouches des fruits est remarquablement proche de celle de l'homme. Tout ce que nous pourrons apprendre sur la formation des souvenirs chez les mouches est probablement transposable à la mémoire humaine et aux troubles de la mémoire humaine ».
Pour la première fois, des scientifiques observent les changements dans les neurones : Bien que personne ne comprenne vraiment les modifications de la mémoire durant le processus du vieillissement, avec cette étude et en utilisant l'imagerie fonctionnelle cellulaire pour surveiller ces changements dans l'activité des neurones, les scientifiques sont parvenus à observer ces changements. Ils confirment : "Nous avons identifié des changements qui semblent refléter la façon dont la mémoire à moyen terme est codée dans ces neurones ».
La mémoire olfactive, champ d'étude des scientifiques, est la forme la plus étudiée de la mémoire dans les mouches à fruits. Avec un léger choc électrique, ils parviennent à reproduire à court terme des souvenirs qui persistent pendant environ une demi-heure mais parviennent aussi à rétablir la mémoire à moyen terme qui dure quelques heures et la mémoire à long terme qui persiste pendant plusieurs jours. L'équipe constate que chez les animaux âgés, les signes de la mémoire codée ont disparu au bout de quelques heures. De cette façon, les scientifiques ont pu identifier les neurones chez la mouche altérés par le vieillissement et responsables de troubles de la mémoire à moyen terme.
Enfin, lorsque les scientifiques stimulent ces neurones pour voir si la mémoire peut être sauvée, en plaçant canaux ioniques soit activés par le froid, soit par la chaleur dans les neurones défectueux pour les stimuler, dans ces 2 cas, ils parviennent à rétablir la mémoire à moyen terme avec succès.
Source: PNAS published ahead of print April 2, 2012, doi:10.1073/pnas.1118126109 “Aging Impairs Intermediate-Term Behavioral Memory by Disrupting the Neuron Memory Trace" (Visuels FRC)