Ha comme le climat se tend, et comme la présidentielle sert de déversoir à merde cérébrale. Oui, à quelques jours du choix d’un nouveau roi (enfin pour ceux qui souhaiteront réellement participer à cette vaste blague) voilà que la haine de l’autre, la recherche d’ennemi intérieur, les sous entendus nauséabonds servent à rameuter les chiens en manquent de maitres.
Oui, le climat se tend. Certains iront dire que c’est la faute à Mérah, l’auteur des meurtres de Toulouse et Montauban. Ils oublieront un peu vite dans ce cas que cela fait des années que la stigmatisation est à l’œuvre dans le « beau pays des droits de l’homme ». Anti juifs, anti musulmans, anti homos, anti… anti… Jeunisme, agisme, sexisme… Tout cela est un apanage constant de notre belle république. Sauf que les périodes électorales sont bien révélatrices de la porosité même des plus progressistes (selon eux) aux idées les plus crasses.
Ainsi a-t-on vu, justement après l’affaire Merah, se lâcher les chiens de gardes de la pensée vraie comme ils disent, de gauche, comme de droite, sur des thèmes surprenants. Ainsi a-t-on attendu le pire. Par exemple, des éditorialistes « de gauche » et des politiques du même bord parler de « français de souches qui doivent cohabiter avec des français de branche ». Sans que cela ne les choque plus que cela, sans qu’ils ne voient l’ignominie de la reprise de cette imagerie issue du Front National et de la droite xénophobe. De même, voit on de plus en plus de politique de gauche se livrer à une guerre des chiffres, bien morbide : qui de son immigré qui rapporte plus qu’il ne coute à la nation, qui de son enfant scolarisé qui apporte une plus value, même s’il retourne sans son pays (sic). Monétarisation de l’humain qui touche toutes les sphères politiques, y compris au sein d’un Front de Gauche pourtant pas si mauvais sur l’antiracisme. Sans parler de EELV où certains font carrément dans le différentialisme…
Car la force des réactionnaires, racistes, extrémistes religieux, c’est justement d’agir non en prenant le pouvoir (bien que cela arrive) mais en distillant dans la société leurs thèses et point de vue. Comme les candidats à la mandature sont tenus de ratisser large pour s’octroyer une place au chaud, les fanatiques de la haine savent que leurs idées passeront, qu’ils s’installeront non par la porte, mais par tous les interstices de la société.
Ainsi donc, la période actuelle révèle à quel point le pouvoir, l’état, repose sur une notion simple : s’appuyer sur le rejet de l’autre, sur la différence, pour mieux s’en servir de marche pied. Ainsi abandonne-t-on la lecture de classe de la société pour lui privilégier une lecture du tous contre tous, plus encline à permettre la manipulation du plus grand nombre pour maintenir le statu quo du pouvoir et de l’état bourgeois.
Il convient, à ceux qui souhaitent sortir de ces logiques, de revenir à la base, aux fondements de notre pensée qui prône pour chacun une réelle émancipation.
Par exemple, lire et se souvenir de ce magnifique texte, intitulé « Aux errants », datant de 2002, qui nous rappelle qu’avant d’être un chiffre, il convient de voir un humain, qu’avant de voir un problème, il convient de comprendre la douleur. Vous le trouverez ici : Aux Errants
La période actuelle nous oblige. Elle nous oblige à reprendre les devants, à être présent pour souligner les dires et les actes de discriminations, de rejets. Dans la politique, dans les médias, mais aussi dans nous familles, avec nos amis, etc.… Nous ne devons pas les laisser passer en se disant que « ce n’est qu’un moment d’égarement ». Non, sur certaines positions, certains choix, il ne peut y avoir de neutralité. On est pour ou contre. On tranche. Sans quoi, notre « neutralité » bienveillante se transformera assez vite en « passivité complice », permettant à des idées toujours plus détestables de monter dans la société, de s’y installer, avant que la haine n’entre définitivement à la tête de tous ces états, pour une purge finale que certains dans l’histoire ont déjà initiée. Nous sommes des digues et quand nous cédons, longue est la décrue.
Assez de l’utilisation de l’origine certifiée, assez de patriotisme idiot, aussi inutile que débilitant, assez de fierté mal placée, qui enferme et ferme aux autres.
L’avenir ne s’écrira pas si nous continuons à nous taire. Face au racisme, à la phobie, à la discrimination, on l’ouvre ou on est complice.