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Mots rapides, vite, vite. Bouche fermée, dents serrées, je
regarde la France. Je me nourris d'informations. Je multiplie les sources, ma faim ne s'appaise pas, je ne vois pas le bout. Ma confiance s'érrode. Le Canard se déchaîne, tant
mieux.
Je reviens aux actions de sensibilisation qui peut-être demain, faute de financement, disparaîtront. Jour après jour, séance après séance, je regarde les marionnettes qui paraissent. A
Douai ou Wingles, à Maulde ou Avesnes-le-Sec, les enfants s'attachent aux objets qu'ils
construisent et s'approprient nos techniques avec une aisance déconcertante. Je repense à Douai, à la séance de mardi. Quentin assis à coté de moi, travaillait. En face de
lui Sylvain. Quand à la fin, nous cousions des lettre sur les costumes des objets et que Quentin répétait en regardant sa poupée
Quentin Freeman, je lui coupais un F qu'il pouvait, ensuite coller au Q. Je me souviens octobre dernier, les
premières séances avec ces enfants si différents. Je me souviens de mes impressions sur Quentin dont je ne comprenais pas les codes et dont je n'arrivais à saisir le
regard. Aujourd'hui ce temps est loin ; la marionnette nous a rapproché. Fondamentalement, je sais que le regard de Quentin n'a pas changé, comme il m'entend aujourd'hui,
il m'entendait déjà en octobre. Mais contrairement à hier, je n'attends plus de Quentin de regard particulier, c'est mon regard qui a changé, mon esprit accepte
mieux sa différence et je sais que nous ne sommes plus inconnus l'un pour l'autre
A Wingles, Allison ne tient pas en place et quand on lui demande en levant un peu le ton de retrouver sa concentration ou son calme, elle fond en
larme et se replie sur elle même. Davy a appris à se détester de telle sorte que chaque fois qu'il tente une improvisation, et avant même que nous lui ayons dit
quelquechose , il se molleste verbalement.Je sais qu'il va nous falloir du temps pour lui apprendre à s'apprécier et tout au moins à ne pas se juger. Nous vivons dans un pays où des enfants agés
d'à peine 10 ans se detestent ou se jugent ; horrible, horrible horrible...L'individualité a pris le dessus. Ils sont très vite poussés à prendre part à toutes sortes de compétitions qui violentent
leurs enfances.
Je disais mots rapides alors, je ferme la bouche, je serre les dents et je ne dis rien, rien de plus pour aujourd'hui....