Il faut aller le chercher à Boulogne-Billancourt ce « Mon » Bistrot, mais quand vous l’aurez trouvé, à coup sûr, il deviendra le « vôtre ». Pour plusieurs raisons. Le lieu est chaleureux et sympathique à la fois dans le décor et le service qui vous met à l’aise dès que vous ouvrez la porte tandis qu’une planche de jambon ibérique « Pata Negra » (10 €) découpée à la minute vous tend les bras. Irrésistible et l’on ne fait pas mieux comme mise en appétit. Yann Roncier, le patron, est un ancien bourlingueur des adresses de grands restaurants et des lieux people pur jus puisqu’il fut le chef du restaurant de Michel Rostang et Johnny Halliday, le Rue Balzac, venant auparavant de chez Laurent, Jacques Cagna, et Jamin de Joël Robuchon. Un beau parcours qui lui a permis de toucher à tous les styles mais surtout d’ouvrir enfin sa propre affaire, son restaurant, avec son chef et ses clients, habitués ou autres, qui viennent se régaler en rigolant. On se serre les mains, on prend un verre en piochant un bout de jambon, on s’accoude au bar, on se hisse sur les tabourets des tables hautes ou, plus classique, dans la belle salle bistrotière du fond. On ne plaisante pas non plus avec les vins dans une belle sélection des appellations françaises (superbe Pouilly Fumé de chez Mollet !) et un coup de cœur personnel du chef qui, marié à une Argentine, rend hommage au pays de sa femme avec quelques bouteilles intéressantes de cet autre pays du vin, dont les rouges s’accordent en général bien avec les plats proposés. L’assiette, donc. Sérieuse, efficace, copieuse, fameuse pour l’essentiel et chaleureuse, bien tournée par la chef Elodie Julien, avec qui il travaillait déjà au Rue Balzac. La carte s’adapte régulièrement aux produits de saison en fonction des arrivages et tous les trois mois se renouvelle presque complètement en conservant les grands classiques du lieu. D’ailleurs, la chef aime les classiques de la cuisine bistrotière qu’elle taraude avec quelques épices ou ingrédients d’Asie. Résultat intéressant, souvent délicieux et parfois bancal. Un peu comme partout, finalement. Excellent Velouté de butternut à l’huile d’Argan et billes de mozarella croustillante ; originaux et délicats Croustillants de sardines à « La vache qui rit » ; incontournable (c’est le patron qui le dit !) Risotto crémeux au jambon ibérique, roquette sauvage et parmesan, et il a raison car il est fameux ; on passe sur l’Echine de porc marinée au miel, fricassée de champignons du moment et marrons, ce jour-là un peu surcuite et donc un peu sèche. Tout aussi à l’aise dans les desserts, elle envoie un magnifique Baba au rhum, crème fouettée, glace rhum/raisins pas loin de l’anthologie, et une Gaufre « minute » au Nutella, glace pétillante Barbapapa, certes régressive mais bonne comme avant. Avant quoi ? Avant la fusion, l’omnivore et l’herbivore….
Belle adresse, unique à Boulogne, juste de l’autre côté de la place de la Porte Saint-Cloud. Donc aucune excuse pour ne pas franchir le Rubicon, aujourd’hui appelé périphérique.
Trois questions à Yann Roncier
Quel fut le « déclic » cuisine pour vous ?
Mes parents étaient poissonniers, et je faisais dès 8 ans un peu de cuisine pour eux car ils rentraient tard le soir. J’adorais ça.
Les trois grandes dates de votre carrière ?
Mon entrée chez Laurent dans une grande brigade. Mon entrée chez Joël Robuchon au « Jamin » comme premier commis de cuisine. L’armée, que j’ai faite après, n’était rien à côté du travail mais que j’ai beaucoup aimé. Rigueur, discipline, et travail. Ma rencontre avec Michel Rostang.
Un ou deux plats qui définissent votre bistrot ?
Le Tartare de bœuf coupé minute au couteau, viande française d’un petit boucher de la Villette. Le Carpaccio de tête de veau roulée que je fais moi-même.
Mon Bistrot
33, rue Marcel Dassault
92100 Boulogne Billancourt
Tél : 01 47 61 90 10
M° : Porte de Saint-Cloud
www.mon-bistrot.fr
Fermé samedi et dimanche
Menu déjeuner : 29 € (2 plats + café gourmand)
Viande Argentine tous les jeudis
Carte : 45 € environ