Le Père Noël est une ordure ? Parce que ça se passe à Noël dans une entreprise qui fournit des Pères Noël aux supermarchés.
L’Opéra de Quat’sous ? Parce que des copies de M. et Mme Peachum essaient de faire des affaires avec la charité dans un monde de brutes, et que la musique est bien présente avec deux rappeurs sur scène.
Les références qui me sont venues à l’esprit m’ont plusieurs fois mis sur de mauvaises pistes.
Que faisons-nous de nos espoirs de jeunesse, des luttes qui nous ont motivés, des valeurs auxquelles nous étions attachés ? Les trentenaires qui gèrent tant bien que mal leur entreprise de Pères Noël voulaient, dix ans auparavant, vivre pour la fraternité, la paix. Ils ne voient plus les autres qu’à travers le prisme de l’argent. Et l’argent les aveugle. Il y a ce témoin, celui qui filme, qui vient d’être embauché parce que filmer, ça ne nourrit pas son homme. Témoin qui raconte son scénario : l’histoire d’un patron nommé Jésus, qui « perd son père » au début. Il y a ce patron de supermarché qui a la révélation un matin en écoutant la radio : il est, au fond, parfaitement indifférent à ce qu’on lui raconte, et il cherche désormais à résister au discours ambiant. Il y a cette équipe qui se lézarde et explose, tandis qu’éclate et explose, dehors, l’émeute : coups de feu, voitures brûlées… Prendre les armes ? Pour quoi ? Tout est sens dessus dessous. Il faut retrouver, trouver un sens à l’existence, refuser la soumission aux lois de l’argent, sortir s’il n’est pas trop tard.
J'ai vu ce spectacle à Confluences, à Paris.