Magazine Cinéma
En salles : Témoin silencieux de nos moindres mouvements, la vidéosurveillance est partout, autour de nous. Le gouvernement actuel la pare de tellement de vertus qu’ils l’ont récemment renommé "vidéoprotection". Rien qu’à Paris, 1.300 caméras seront installées sur la voie publique d'ici au mois de juin. Elles s’ajouteront aux 10.000 ( !!) déjà déployées dans la capitale par la RATP, la SNCF et des commerces. C’est cette société ultra-surveillée que dénonce Cédric Jimenez dans son film Aux Yeux de Tous.
Ode à Sarkozy
L’histoire ? Un hacker découvre que l’attentat à la bombe qui vient de se produire Gare d’Austerlitz, à Paris, n’est pas l’œuvre d’islamistes contrairement à ce qu’il se dit, mais d’un jeune couple apparemment sans histoire. Il le sait car, en "forçant" des serveurs informatiques, il a réussi à mettre la main sur les images de videosurveillance de la gare, des images dont le pouvoir (le président et le ministre de l’Intérieur du film rappellent clairement Sarkozy et Hortefeux) assure… qu’elles n’existent pas !
Les Anonymous en toile de fond
Une très bonne idée de scénario, non ? D’autant que le film sort pile-poil au après les coups d’éclats des cyber-activistes des Anonymous qui ont fait la Une de l’actualité en bloquant les sites des plus grandes institutions ou sociétés de la planète au nom de la liberté d’expression…
Aux Yeux de Tous relève de la prouesse technique : tous les plans du film sont constitués d’images de vidéosurveillance ! Plus exactement, des images filmées à l’aide de caméras légères (la Sony 3FL) voire de simples réflex numériques (Canon 5D) puis insérées à l’aide de trucages sur les différents moniteurs du hacker qui, tout au long du film, pianote d’un écran à l’autre afin de voir en direct ce que personne d’autre ne voit. Les images triturées, déformées se succèdent à vitesse grand V, au risque de nous laisser groggy.
Si le parti-pris de Cédric Jimenez – être speed du début à la fin – est réussi, on peut regretter que l’approche conceptuelle du film l’emporte sur l’essentiel : la réalisation, les dialogues. Résultat : on aime ou on n’aime pas.
Aux Yeux de Tous aurait pu devenir le Blair Witch project français. Au final, certains évoqueront un film générationnel ; d’autres une simple curiosité pour internautes.
Manny Balestrero