Un vrai débat de fond: La Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l'Europe exprime des réserve à propos du film néerlandais de Geerd WILDERS, FITNA, controversé et taxé d'islamophobie.
Strasbourg, - Intervenant cet après-midi, à Londres, lors du sommet du British Council " Living Together " (Vivre ensemble), la Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l'Europe, Maud de Boer-Buquicchio, a mis en garde contre la sortie attendue d'un film controversé sur l'islam réalisé par l'homme politique néerlandais Geerd Wilders.
" La Cour européenne des Droits de l'Homme a, par le passé, cautionné des restrictions à la liberté d'expression visant à protéger des convictions religieuses contre les injures gratuites. Il s'agissait en l'espèce d'une religion chrétienne. Je ne me prononce pas sur l'opportunité d'interdire le film de M. Wilders, mais je pense que chacun devrait avoir droit au même respect de ses convictions religieuses, qu'il soit chrétien, juif, musulman, bouddhiste ou autre ", a-t-elle déclaré.
" De surcroît, la liberté d'expression ne saurait pas être considérée comme un permis d'offenser. Au-delà du débat autour de la nécessité d'interdire ou non un film qui insulte et humilie gratuitement nos concitoyens de religion musulmane, nous pouvons assurément réfléchir à la responsabilité individuelle, politique et morale, qui est attachée à un tel acte. Lorsqu'il s'agit d'une personne qui exerce des fonctions publiques, sa responsabilité est naturellement encore plus grande ", a ajouté la Secrétaire Générale adjointe.
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Islamophobe, et rien d’autre
La prochaine diffusion sur internet du film anti-islam «Fitna», initié par Geert Wilder, député d'extrême droite néerlandais (photo), fait boule-de-neige. Et le scandale inquiète en plus haut lieu.
Hier, le ministère de la Justice annonçait un relèvement du niveau d’alerte antiterroriste dans le pays. Le risque est d’autant plus accru que La Haye vient d’annoncer le prolongement de sa mission militaire en Uruzgan, au sud de l'Afghanistan. La rumeur enfle dans ce pays où près de 1.600 soldats hollandais sont stationnés dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'OTAN. Depuis dimanche dernier, des manifestations quotidiennes rassemblent des centaines d'Afghans en colère. Les taliban, qui perçoivent ce film comme la preuve d’une nouvelle « croisade » contre le monde musulman, ont menacé d'augmenter leurs attaques contre les troupes stationnés en Afghanistan.
L’Egypte et le Pakistan ont exprimé leur colère, tandis qu’en Iran le Parlement a menacé de boycotter les produits néerlandais. Le film pamphlet devrait de surcroît s’inviter au onzième sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) qui se tiendra la semaine prochaine à Dakar. La Commission européenne a d’ores et déjà averti ses délégations à l'étranger, et du côté de l’ONU et l’OTAN, on se déclare ouvertement «inquiets».
PARIS SOUTIENT LA HAYE
Conscient des enjeux diplomatiques, le Premier ministre néerlandais assure ses arrières. Après avoir demandé l'appui officiel de la France, pour faire face aux manifestations d'hostilité et aux menaces, Jan-Peter Balkenende s’est vu conforté dans sa démarche. Lors d’une visite à Paris mercredi, le Président Nicolas Sarkozy l’a assuré de son soutien. Dans le même temps, à La Haye, son ministre des Affaires étrangères recevait les ambassadeurs d'une trentaine de pays de l’OCI pour s'entretenir sur le cas «Fitna». Maxime Verhagen en a profité pour réaffirmer le «désaccord total» du gouvernement néerlandais avec les positions de Geert Wilder.
Mais l’ouragan «Fitna» secoue également la justice hollandaise. Le parquet dit avoir reçu au moins 45 plaintes pour «outrage» à la «religion» et «discrimination» à l’encontre du député trublion. La justice devrait décider d’éventuelles poursuites d’ici quelques semaines.
Voilà plusieurs semaines que Geert Wilder, leader du Parti pour la liberté (9 sièges sur 150 au parlement néerlandais), tente de faire diffuser son film à la télévision hollandaise. En vain. Il pourrait donc être mis en ligne directement sur internet d’ici la fin du mois de mars. Au pays des moulins à vent, la menace «Fitna» ne semble pourtant pas être la crainte de quelques Don Quichotte en quête de sensation. Le plus dur reste à venir.
Par Antoine Bayle