Pitch : Un génie du cinéma réalise son rêve de gamin : filmer le plus grand groupe de rock encore en activité. Pas trop mal, comme pitch, non ? En plus il ne s’agit pas d’une banale capture d’un quelconque concert, mais bien plus que cela : un concert (deux en réalité) en relative intimité pour les Stones (devant quelques milliers de personnes au Beacon Theatre de New York, le 29 octobre et 1er novembre 2006), filmé par une myriade de caméras, pertinemment placées et utilisées. Un show entrecoupé d’un florilège succulent d’interviews accordées par les Stones, et d’une mise en abyme montrant à la fois les coulisses du concert et le making-of du film. What else ?
Ce concert est donc excellemment bien choisi. Il ne s’agit pas une date dans un stade lors d’une tournée marathon, avec des titres interchangeables. Non, ici, c’est un concert dans un magnifique lieu, devant un parterre de VIP plus que chanceux. Résultat : on ne peut pas y jouer n’importe quoi, et les morceaux choisis par les Rolling Stones sont rares. Le film prend donc, au passage, une valeur de collector pour les fans et donne une saveur d’exclusivité et de privilège que même les non-fanatiques des Stones devraient apprécier.
Un concert "où il y avait presque plus de caméras, que de public" selon Mick Jagger, jamais avare d’une petite blague d’une bonne remarque. En effet, Scorsese ne s’est pas privé de mettre 15 caméras, dont certaines mobiles et/ou accompagnées d’une lumière surpuissante et difficiles à manier (mais qui valent le coût et le coup). Résultat : pas un moment du concert n’a pas été capté, que ce soit quand Keith Richards jette son mégot de clope dans un effet de clair-obscur, ou qu’il « trippe » sur une caméra qu’il faudrait placer dans le grosse caisse de la batterie… Tout y est. Tous les solistes et les choristes sont filmés. Pas une grimace ou un déhanché de Mick jagger n’est oublié. En rush, Scorsese doit avoir un trésors de « groupies » inestimables !!. Grâce à une caméra au poing sortant du show dans un tonnerre de crépitements de flashs, on se prend même pour Mick Jaggger himself. Le pied intégral !
Il s’agit d’un concert, donc une petite critique musicale rapide n’est pas inopportune (et on ne peut s’en empêcher !). Trois invités viennent considérablement réhausser un line-up et une set-list déjà exceptionnels. Jack White III des White Stripes se contente d’un chœur avec Mick et de faire la guitare rythmique : une attitude humble plutôt bien sentie, face à ces monstres du rock, qui sont encore là, en pleine forme et en pleine gloire 40 ans après… Buddy Miles aussi est un guest… tout simplement énorme, joueur, taquin, il bluffe tout le monde, y compris Keith. Christian Aguilera se laisse emporter dans un collé (très) serré avec un Mick toujours aussi vigoureux et séducteur… Et en gros, les Stones ont encore une générosité, un esprit joueur, une passion et une sincérité intactes. On a vraiment l’impression qu’il ne s’agit pas ici d’une cash-machine à faire tourner, mais que les Stones prennent encore un pied monstrueux à faire ce qu’il font : ça se voit et ça s’entend. Et c’est juste galvanisant à écouter, comme à voir.
Sans vider de sa substance le film, disons simplement que les morceaux d’interviews choisis sont tout simplement grandioses, plein d’humour et ne pourront que renforcer le mythe. Disons aussi que Scorcese nous montre aussi les difficultés qu’il a rencontrés pour faire ce filme. Une anecdote, quand même : la set-list du concert qui n’arrive que 5 minutes avant le concert, alors que Martin aurait aimé la connaître un peu avant, histoire de pouvoir filmer mieux celui qui ouvre les hostilités…
It’s only rock’n’roll baby…
Pourquoi y aller ?
Parce que voir comment l’un des plus brillants cinéastes filme le plus grand groupe de rock encore en activité, ça ne se refuse pas…
Voir les Stones, dans des conditions légèrement meilleures que sur un mini-écran au fin fond du Stade de France...
Ce qui peut freiner ?
Le cinéma qui le joue en bas de chez vous ne dispose pas d’un assez bon système son. Sinon, vraiment, rien, vu qu’il me semble assez irréel qu’on puisse détester Scorcese et/ou les Stones….