Titre : Le Désespoir du Singe, T2 : Le Désert d'Épaves
Scénariste : Jean-Philippe Peyraud
Dessinateur : Alfred
Parution : Novembre 2007
« Le désespoir du singe » est un triptyque scénarisé par Jean-Philippe Peyraud et dessiné par Alfred. Dans le premier tome, on avait découvert un monde au bord du chaos. Alors que le niveau de la mer baisse à cause de l’irrigation intensive, les franc-battants ont commis un attentat contre le parlement. C’est la guerre civile. Dans le deuxième tome, « Le désert d’épaves », on retrouve les personnages dans leur lutte pour survivre dans le chaos. Joseph et Joliette fuient la ville, mais Joseph ne pense qu’à la belle Vespérine. Quant à Lazlo, il ne retrouve plus Edith…
Le premier tome du « Désespoir du singe » était un savant mélange de relations humaines et de chronique sociale. D’un côté, il se passait des évènements graves menant à la guerre civile. Et pourtant, c’était avant tout les frasques amoureuses qui étaient mises au premier plan. Dans ce deuxième tome, les personnages sont chacun de leur côté, ce qui dilue un peu le propos. Le ton s’est considérablement durci et il manque un peu les passages plus légers du premier tome qui nous permettait de souffler. Surtout que la dureté du propos n’est pas toujours appropriée. Si certains passages sont poignants, d’autres sont inutiles (comme celui de l’enfant donné à Edith par exemple). De même, quand un personnage laissé pour mort se révèle être vivant, on ne peut qu’avoir une moue un peu dubitative.
Un nouveau personnage vient compléter l’univers, le colonel. Très particulier, il possède un véritable charisme. Sa relation avec sa mère, son amour des arts et sa barbarie en font un personnage vraiment complexe. Cependant, une place trop importante est faite à la barbarie pure et simple, rendant le propos parfois un peu manichéen. Les personnages principaux, soumis à la guerre civile, perdent même un peu de leur complexité.
L’originalité de l’univers se perd un peu dans cet ouvrage. Si les éléments étaient intégrés de façon subtile dans le premier tome, ici c’est moins le cas. On se retrouve avec finalement des thèmes très classiques traités de façon très classique (la fuite du pays avec des passeurs véreux, la traque par les miliciens, etc.). Et surtout, les thématiques de l’univers sont un peu rejetées au second plan. Quant aux histoires d’amour, elles pataugent sacrément.
Graphiquement, le trait d’Alfred est toujours aussi agréable et donne vie à l’univers. Il est vraiment à l’aise avec cet univers. Les passages sombres possèdent une véritable ambiance. Son trait est dynamique, expressif et reconnaissable tout de suite. Du beau travail.
« Le désert d’épaves » m’a laissé un peu sur ma faim. Fonctionnant sur des mécanismes scénaristiques moins originaux que le premier tome, il ne possède pas non plus le charme de ce dernier. Cet ouvrage est vraiment écrit comme une transition entre le premier et le troisième tome. Loin d’être mauvais, il n’est cependant pas à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre, après un démarrage de la série aussi prometteur.
par Belzaran
Note : 11/20