La faute et le pardon

Publié le 03 avril 2012 par Dodo44

N’est-elle pas révélatrice, cette mode du pardon qui parcourt la planète? J’y perçois là un désir collectif de larguer les amarres du ressentiment. Une ardente envie de quitter le port des remords. Un goût généreux de voyager… allégés! Alors, comment pardonner?

Comment oublier le tranchant de la trahison? Comment ignorer la douleur du rejet? Comment effacer la violence d’un abominable geste? Comment essuyer le crachas de l’insulte? Comment évaporer la lourdeur du souvenir?

Pendant longtemps, j’ai ruminé les indigestes fleurs de la rancune. Gardant bien aiguisée la lame de la culpabilité. Puis, un jour, je compris que le ressentiment ne comblerait pas ma faim.

Au fait, de quoi avais-je vraiment faim?

Quand on me critiquait, j’avais faim de reconnaissance. Quand on m’accusait, j’avais faim de clémence. Quand on me prêtait de mauvaises intentions, j’avais faim de doutes bénéfiques. Quand on me rejetait froidement, j’avais faim d’accueil chaleureux. Quand on me brassait, j’avais faim de berceuses.

Et tout bascula avec cette question : Où est-ce que je faisais pareil? Pardon?…

Quelle chute vertigineuse! Proportionnelle à la hauteur de mes talons. Eh oui, je l’avoue ici devant vous. Moi aussi, consciemment ou pas, volontairement ou pas, je suis capable de critiquer, accuser, rejeter… la personne qui écrit ces lignes et toutes celles qui peuvent les lire.

Vous avez bien lu.

Cette périlleuse entreprise me fit comprendre la Loi de cause à effet. À savoir que l’on ne peut séparer la cause de l’effet. Ou si vous préférez, que l’on ne peut séparer la faute du pardon.

Donc, je cherchai le pardon là où l’on fabrique les fautes.

Et je découvris que je suis la cause de la faute. Que c’est moi qui décide que telle personne, situation ou chose est monstre, insulte, injustice, parce qu’elle va à l’encontre de mes valeurs. Et j’en appris davantage sur les miennes et les vôtres.

Les plus grands sages s’époumonent à nous rappeler que le monde est neutre. Nous le colorons sans hésiter à même la palette de nos perceptions.

Avec le recul, j’en vins à reconnaître les fardeaux transformés en cadeaux. Comme la mise à pied en tremplin. La séparation en vie nouvelle. Le rejet en santé naturelle. L’abandon en amour de soi.

L’artiste qui crée la faute est celui qui crée le pardon. Il habite dans notre cœur. Et chacun de ses pardons est une œuvre d’art unique… Comme nous!

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