Les Misérables ont été publié pour la première fois le 3 avril 1862, il y a 150 ans ! Victor Hugo aurait pu être un soutien actif de Mélenchon, tant ce livre "pensif" est un livre "subservif".
Vous l'avez tous lu, je ne ferai donc l'affront à personne de le résumer. Je veux juste faire le lien entre le thème et notre époque.
"Que devint la soeur ? Que devinrent les sept enfants ? Qui est-ce qui s'occupe de cela ? C'est toujours la même histoire. Ces pauvres êtres vivants, ces créatures de Dieu, sans appui désormais, sans guide, sans asile, s'en allèrent au hasard, qui sait même ? Chacun de leur côté peut-être, et s'enfoncèrent dans cette froide brume où s'engloutissent les destinées solitaires, mornes ténèbres où disparaissent successivement tant de têtes infortunées dans la sombre marche du genre humain. Le clocher de ce qui avait été leur village les oublia : la borne de ce qui avait été leur champ les oublia; et dans la nuit de cette douloureuse histoire on ne les retrouva pas."
Je crois en effet que, même s'il ne sera pas le prochain président de notre République, Mélenchon, quelles que soient ses ambitions, tient aujourd'hui, le discours le plus proche de ce qu'écrivait Victor Hugo... Il est le seul à voir "l'horizon du haut de la barricade" ! Que deviendront les plus démunis ? A quelle sauce seront mangées les classes moyennes, les plus contributrices de notre société ?
Hugo disait de son livre qu'il fut écrit "du dedans vers le dehors; du moi aux autres du monde; de la famille à la société; du présent à l'histoire et à l'avenir; de l'ici-bas à l'en-haut".
Deux grands fantasmes organisent l'ouvrage. L'un, banal, est celui du juste persécuté, mieux : du bienfaiteur puni par une toute-puissance injuste; l'autre, plus singulier, mais pas sans exemple, montre un homme chassé du cercle des siens par sa violence, déchu, et que seul l'amour d'une enfant rattache à l'humanité. Hugo n'invente ni l'un ni l'autre, mais leur conjonction. Et combien d'entre nous se retrouve, à quelque niveau que ce soit ? Pourquoi donc l'insurrection civique de Mélenchon parle-t-elle tant aux foules (sentimentales et oubliées !?).
D'une actualité criante, Hugo ouvre tout l'espace social, des "portières" aux souverains sans oublier les soldats et les bonnes moeurs, les préadolescents délinquants et les prisons...
Les Misérables ont 150 ans et restent furieusement d'actualité, en plaçant "l'humain d'abord", au centre des souffrances de notre mondialisation injuste, dévastatrice et criminelle.
J'ose affirmer ici que ni Sarkozy, ni Hollande dans une moindre mesure, ne feront mentir Victor Hugo. Hélas !