Cette décision de statu quo ne sera probablement pas le dernier mot des autorités américaines sur le bisphénol A, titre la revue Nature, mais, pour le moment, le BPA restera au contact des produits alimentaires en participant à la composition de leurs contenants, dont les boîtes de conserve, selon l'avis réactualisé, au 30 mars, par l'Agence américaine Food and Drug administration (FDA).
Le BPA est une substance chimique déjà suggérée comme liée au développement de nombreux troubles ou maladies, comme le risque cardio-vasculaire, de diabète, ou des anomalies du système reproducteur et même d'asthme, de cancers du sein et de la prostate. Les scientifiques suggèrent que de nombreux effets de santé peuvent se produisre avec de faibles expositions, le BPA imitant l'hormone œstrogène. A ce jour, le Canada a ajouté le BPA à sa liste de substances toxiques en 2010, tout comme l'Union européenne et 11 États américains interdit le BPA dans les biberons.
Toutefois, ces résultats sont contestés par les industriels qui soutiennent que de ces conclusions sont tirées d'études universitaires dont ils discutent la méthodologie, les tailles d'échantillon ou les méthodes d'analyse des données. Certains industriels vont néanmoins de l'avant comme la marque Campbell Soup qui annonce la suppression progressive BPA de ses produits, ouvrant la voie à un vrai changement dans toute l'industrie agroalimentaire.
La décision de la FDA a été contrainte et est publiée en réponse, nous explique cet article de Nature, à une action de poursuite engagée en août par une association environnementale de New York, le National Resources Defense Council. Dans son communiqué, l'agence américaine déclare en effet que sa décision n'est pas synonyme de sécurité absolue et que les recherches sur l'innocuité du BPA devront se poursuivre. De nouvelles données de son laboratoire du Centre national de recherche toxicologique dans l'Arkansas, indiquent en effet que l'exposition alimentaire au BPA chez les nourrissons serait seulement d'un dixième des estimations précédentes. Par ailleurs, le National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) américain poursuit un programme de recherche évalué à 30 millions de dollars pour évaluer le produit chimique et vient de lancer une nouvelle série de recherches en coopération avec des scientifiques indépendants.
L'affaire du BPA aux Etats-Unis n'est donc pas close. La corrélation la plus sensible est celle suggérée par certaines études entre le BPA et le diabète. Des souris exposées à des niveaux « réalistes » de BPA auraient, selon une étude récente, besoin de 3 fois plus d'insuline pour contrôler leur glycémie après un repas. Cependant, pour les autorités sanitaires, les résultats sont encore trop préliminaires et mitigés pour entrainer des conclusions définitives.
Source: Nature doi:10.1038/nature.2012.10370 «US opts not to ban BPA in canned foods”- FDA Bisphenol A (Visuel © Frog 974 - Fotolia.com)
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