Magazine Journal intime

Et encore un petit bilan qui ne se déroule pas sereinement

Par Isabelledelyon

En avril 2006, voici déjà 6 ans, le cancer me tombait dessus. Depuis nous cohabitons aussi bien que possible d'autant plus qu'il prend le moins de place possible.

Aujourd'hui, en sortant du boulot, j'ai pris la direction de l'hôpital pour effectuer le contrôle annuel de mes deux seins. Il se compose d'une mammographie, d'une échographie et d'une IRM. Les médecins et surtout le radiologue estiment qu'il faut ce trio pour bien suivre mes seins.

L'année dernière, ces clichés m'ont menée au bloc. L'IRM avait décelé des spots qui se rehaussait lorsqu'on m'injectait le produit de contraste, signe d'une activité anormale dans les cellules de mon sein. Une biopsie avait suivi par pistolet et 1mm de prélèvement avait trouvé des cellules d'hyperplasie mammaire atypique, une sorte de pré-cancer. Mon oncologue avait décidé qu'il fallait enlever plus large et faire analyser pour être certain de ne me faire courir aucun risque et ne surtout pas laisser à un cancer potentiel de l'avance. J'étais retournée au bloc et finalement l'opération, sous anesthésie générale, avait révélé que ce n'était que de la graisse, un reste de ma reconstruction, des lipomodelages pratiqués un an auparavant. De quoi pousser un gros ouf de soulagement.

Voici trois ans, c'était la mammographie qui avait troublé le radiologue en décelant des micro-calcifications. Mon sein avait été classé ACR4 (le maximum étant ACR5). J'avais eu droit à une biopsie par mammotome vécue comme une torture. Cette technique avait permis une cinquantaine de prélèvements et aucun n'était cancéreux.

Inutile de vous dire que je ne vais pas aux contrôles toute guillerette. J'ai parfaitement conscience qu'une autre catastrophe peut me tomber dessus.
Je demande à avoir toujours le même radiologue pour les trois examens qu'il me fait à la suite.
Je flippais depuis quelques jours mais j'essayais d'y penser le moins possible mais là, restait plus qu'à espérer que mes seins pourraient avoir l'air normaux, pour une fois...

Je commence par la mammographie. On me fait remettre ma chemise et attendre dans un box juste à côté, le temps de permettre au radiologue d'arriver. Il fait uniquement les IRM aujourd'hui excepté pour moi puisque j'en ai fait la demande lors de ma prise de rdv.
Finalement, l'infirmière revient me chercher. Il faut faire des clichés supplémentaires, du sein droit, celui n'a pas connu le cancer. Je n'aime pas ça, ce n'est pas particulièrement positif. La seule fois où on m'a fait le coup des clichés supplémentaires, c'était lors de la découverte de mon cancer.
Je m'exécute puis je retourne dans le box.

J'enchaîne avec l'échographie. Ce que j'apprécie dans cet examen, c'est la proximité du radiologue, la possibilité de lui poser des questions. L'inconvénient est de scruter son visage à la recherche de la moindre réaction.
Il me dit avoir trouvé des micro-calcifications dans mon sein droit et elles n'existaient pas auparavant. Flûte...
Il ne pense pas que ce soit grave mais il ne peut pas se permettre de ne pas éliminer cette hypothèse et puis c'est en-dessous du Pac (le petit boîtier par lequel on m'injecte mes perfusions). Comme une idiote, j'oublie que j'ai eu un lipomodelage dans ce sein pour reformer une symétrie entre les deux. Je lui parle uniquement de la graisse qui a été injectée sur le pac pour qu'il ressorte moins. Il me regarde, pas convaincu. Il m'annonce qu'il va falloir me faire une biopsie. Il lui reste des places pour des urgences cette semaine mais comme il ne me considère pas comme une urgence, il me demande si je peux patienter jusqu'au retour des vacances de Pâques. Ici, à Lyon, les vacances débutent ce vendredi. Ça nous amènera dans 3 semaines. Évidemment, je préfère passer sereinement ces 3 semaines car je sais parfaitement sur quoi peut déboucher une biopsie.
Je lui demande si la biopsie va se faire par pistolet ou mammotome. Hélas, trois fois hélas, il me répond que pour les micro-calcifications, c'est un mammotome. Je lui dit que j'en garde un très mauvais souvenir. Il tente de me rassurer en me disant qu'il ne fera pas beaucoup de prélèvements.
Il ajoute qu'il pense que ça doit avoir un lien avec le lipomodelage mais il doit s'en assurer. Et là, tout à coup, ça me revient, j'ai eu un lipomodelage dans ce sein. Je crois que toutes ces angoisses me perturbent et me font perdre pied avec la réalité lorsque je vis ces contrôles.

Il est soulagé d'apprendre que j'ai eu un lipomodelage. C'est contagieux, moi aussi...
Il déclare que dans ce cas, ses suppositions sont davantage fondées et qu'il préfère ne pas faire de biopsie mais refaire une mammographie dans 6 mois. OUF....

Je ressors, direction l'IRM. Passé ce trop long examen à mon goût, il arrive assez rapidement sans avoir encore dicté les compte-rendus pour me prendre à l'écart et me rassurer tout de suite. C'est pour ça que je veux que ça soit lui qui me fasse mon suivi radiologique. Il est très humain. Je me sens vraiment respectée dans mes craintes, mes angoisses. Il fait tout pour les diminuer mais sans rien me cacher et puis il est extrêmement compétent. Il est spécialisé dans les seins et particulièrement le cancer. Il ne fait que ça et je sais qu'il ne laissera rien passer sur les clichés.

Il me demande de patienter, le temps que mes compte-rendus et CD soient prêts. J'ai mon bouquin qui m'aide à penser à autre chose à chaque fois que je replonge dans l'histoire.
La secrétaire m'appelle, me remet tous les documents et c'est parti pour ma petite ronde.
Je pars dans le bâtiment des médecins pour remettre une copie à la secrétaire de ma gynécologue. J'ai rdv avec elle à mon retour de vacances.
Je pars ensuite à l'extrême opposé, dans l'institut de cancérologie, pour remettre une autre copie à la secrétaire de mon oncologue si elle est encore là.
Mon oncologue m'entend parler avec sa secrétaire et aussitôt sort de son bureau et vient à ma rencontre. Lorsqu'elle apprend cette histoire de biopsie finalement annulée, mammographie programmée dans 6 mois. Elle saute sur l'occasion de ne surtout jamais donner la moindre avance au cancer. Elle veut me faire une ordonnance pour cette mammographie. Je suis étonnée, je n'en ai pas besoin puisque c'est le radiologue qui veut me revoir. Oui mais elle souhaite que j'avance cet examen. Elle voudrait que je le passe dans 4 mois. Et comme elle ne perd pas le nord, elle me propose d'appeler tout de suite le centre d'imagerie pour prendre ce rdv dans 4 mois. Elle m'amuse. Elle ne veut surtout pas que je cours le moindre risque et elle estime que 4 mois c'est amplement suffisant. Je lui fais entièrement confiance. Je lui promets d'y aller cet été. Elle accepte que j'y aille au plus tard, début septembre. Elle plaisante avec moi, elle me fait rire. Je repars de là avec un sourire immense jusqu'aux oreilles. Je me sens vraiment entre de très bonnes mains.

Au fait, je lui ai reparlé des perfusions d'herceptine espacées de 4 semaines. Elle me confirme ce que je supposais au vu des réactions de l'oncologue de Florence et du service qui gère les perfusions à domicile et qui n'en avait jamais entendu parler. Cet intervalle de 4 semaines ne repose sur rien du tout, aucune étude ne confirme cette proposition. Elle pense qu'il a dû me le proposer car je suis une ancienne en rémission et qu'il avait dans l'idée de me soulager un peu. On oubli cette idée, on conserve nos trois semaines qui fonctionnent si bien sur mon organisme.

Et c'est reparti pour 4 mois avant une autre montée d'adrénalyne...

Mais cette maladie m'a appris une chose, profiter de ces jours de sérénité, sans contrôle, sans me soucier de ceux à venir. Il sera bien assez temps de flipper lorsque la date approchera. En attendant, Zen attitude...

Ces deux images faisaient partie de la campagne
de la Breast Cancer Foundation de Singapore


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