C'est terrible. Le principe de Peter nous guette tous. « Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité. » Ce principe m'est revenu en mémoire, mardi, lors du meeting de soutien à François Hollande organisé par François Loncle, la fédération de l'Eure du Parti socialiste et celle des radicaux de Gauche. Alors que l'invité vedette n'était autre que le numéro 3 de l'équipe de campagne du candidat PS, autrement dit Manuel Valls, on pouvait attendre des intervenants des prises de paroles à la fois courtes et solidement argumentées. Devant 250 à 300 personnes, tout homme politique un tant soit peu digne de son mandat et de son engagement à gauche se doit de susciter sinon la sympathie du moins le dynamisme. Eh bien non.
Si François Loncle s'est montré à la hauteur de la qualité de son invité, une fois encore brillant dans la forme et sur le fond, on ne peut pas en dire autant de l'intervention du maire de Louviers. Visiblement, l'édile local ne l'avait pas travaillée, ce qui serait grave, ou alors s'il l'avait travaillée, il a démontré que la politique à un certain niveau ne peut se satisfaire de dilettantisme ou de clichés de café du commerce. Que retenir de ses vingt minutes de discours ? Pas grand chose. Si, une remarque positive concernant François Loncle « qui se bonifie en vieillissant. » Il faut croire qu'en 2007, le député PS sortant n'était pas assez vieux pour mériter le soutien du candidat PRG dont j'ai conservé les écrits remarquables de mauvaise foi. Pour une fois, les auditeurs étaient unanimes à condamner la prestation ratée de celui qui, un jour, crut qu'il pouvait espérer jouer les premiers rôles à l'Assemblée nationale. Peter, quand tu nous guettes…
François Fillon aurait dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de s'étonner de la mise sous écrou de Patrice de Maistre, le mandataire financier de Liliane Bettencourt. Ce dernier a été mis en examen par un juge d'instruction de Bordeaux qui le soupçonne de plusieurs délits, dont celui d'abus de faiblesse. Mais le juge Gentil (cela ne s'invente pas) a en plus la quasi certitude d'un accord entre M. de Maistre et Eric Woerth aboutissant à des versements d'argent liquide des comptes Bettencourt sur les comptes de campagne du candidat Sarkozy en 2007. Suspicion n'est pas preuve. Le juge attend de M. De Maistre qu'il retrouve la mémoire.
Et nous, nous attendons de M. Fillon, premier ministre, qu'il respecte sa fonction et l'indépendance des magistrats. Si la chambre d'appel de Bordeaux a décidé de maintenir M. de Maistre en détention (en attendant un examen médical) c'est qu'il existe des indices fiables et concordants concernant les délits éventuels qu'on lui reproche. Interrogé, l'Elysée est muet. Sarkozy ne parle pas. Ses conseillers ne commentent pas. Eva Joly affirme que si Sarkozy veut à tout prix être réélu c'est pour bénéficier cinq ans de plus de l'immunité présidentielle.
Le coup de filet contre les islamistes radicaux est-il un coup de communication comme les Guéant et consorts savent les mijoter ? Va-t-on rendre publics les reproches adressés à ces imams intégristes ? Préparaient-ils des attentats ? Si oui, où et contre qui ?
Jacques Séguéla a dû se fendre d'une lettre d'excuses adressée à Audrey Pulvar qu'il avait traitée de « salope » lors d'une interview sur RTL. L'homme à la Rolex, farouche supporter de Sarkozy, n'a pas aimé les remarques acides de la journaliste complètement dans son rôle chez Ruquier. Etait-ce suffisant pour l'insulter ? Pour ne pas maîtriser son langage ? Quand on est un homme public engagé, on doit assumer ses prises de positions, ses préférences et ses choix. Séguéla a ceci de particulier — il n'est d'ailleurs pas tout seul, n'est-ce pas Bernard Tapie ou Eric Besson ? — de préférer aujourd'hui la droite dure à la gauche sociale démocrate. Il est vrai que Sarkozy a été gentil avec eux. Plus qu'Audrey Pulvar en tout cas, qui n'a pas sa langue dans sa poche.
Lors de la dernière réunion du conseil municipal, le maire de Louviers a déclaré que « la CADA (1) avait donné tort » à l'association de M. Houel. Je corrige. L'association que je préside n'est pas à moi. Elle fonctionne démocratiquement et collectivement. La CADA ne m'a donné ni tort ni raison. Elle a simplement indiqué quel document (parmi ceux dont je sollicitais la copie) pouvait être rendu public. S'agissant des demandes insatisfaites, je souligne à l'attention du président de la CASE, que la CADA n'a pas autorisé la consultation des documents listés par mes soins tout simplement parce qu'ils n'existent pas. Et c'est bien là le problème. En exigeant d'obtenir la publicité concernant la liste des investissements réalisés par Véolia et le tableau de leur amortissement dans le temps, nous aurions pu avoir une idée de la compensation à verser à l'opérateur privé en cas de retour en régie publique en 2015. Cela empêcherait le président de la CASE de nous bourrer le mou et d'inventer un montant aussi farfelu qu'invraisemblable. N'a-t-il pas cité le cas de la ville de Castres et ses 40 millions d'euros ! Comme si la CASE allait devoir verser une somme pareille. Nous allons continuer à chercher la vérité, laquelle tôt ou tard, sera rendue publique.
(1) CADA : commission d'accès aux documents administratifs