La couverture de Paris-Match de cette semaine s’orne d’un portrait en majesté de notre président, un peu grave, presque souriant, serein, avec en bas à gauche, une promesse : « je serai un président différent ».
Je dois avouer que je ne comprends plus. Le 14 janvier 2007, devant le Congrès de l’UMP où il fit acte de candidature à l’élection présidentielle, Sarkozy déclarait, et avec quel lyrisme : « J'ai changé. J'ai changé parce qu'à l'instant même où vous m'avez désigné j'ai cessé d'être l'homme d'un seul parti, fût-il le premier de France ». C’est sans doute pour cela qu’il a continué à honorer de sa présence les manifestations de l’UMP et qu’il a fait supprimer le poste de président de l’UMP pour confier celle-ci à un secrétaire général. Et il poursuivait :
« J'ai changé parce que les épreuves de la vie m'ont changé. […] J'ai changé parce que le pouvoir m'a changé. […] J'ai changé parce qu'on change forcément quand on est confronté à l'angoisse de l'ouvrier qui a peur que son usine ferme ». C’est peut-être parce qu’il comprenait cette angoisse que, le 4 février 2008, après avoir promis aux ouvriers de Gandrange que l’État investirait dans ce site, il a cru opportun d’ajouter "Gandrange comme voyage de noces, y a pas mieux".
En somme, Nicolas Sarkozy avait une certaine conception de la vie politique, peut-être lorsqu’il était maire, ou député, ou ministre. Elle était assurément très mauvaise. Il en a donc changé avant 2007. En 2008, visiblement, il avait à nouveau changé. Depuis, il a encore changé et il nous annonce maintenant qu’il va être différent. Qui est donc ce Nicolas qui s’offre à nos suffrages ? Ce n’est plus un président, mais une girouette. Et à quel moment est-il conforme à nos espérances ?
En fait, je crois avoir compris ce qu’il prétend. Nous naissons tous égaux en droits. Malheureusement, la nature fait que certains enfants naissent avec des handicaps qui les distinguent d’autres mieux dotés par le sort. Autrefois, on désignait ces infortunés de noms propres à leur état. Maintenant, pour éviter de les stigmatiser, on parle d’enfants différents. C’est peut-être ce que veut dire Nicolas Sarkozy quand il prétend qu’il sera un président différent. Nous avons assez subi les conséquences de ses imperfections. Le voici aujourd’hui plus précis, il sera différent.
Non, merci, nous avons déjà donné !