Je connais très vaguement Jean-Louis Murat. Comme beaucoup, j’ai entendu ça et là ses chansons sur la FM, j’ai survolé quelques interviews dans la presse, je l’ai vu promener une nonchalance sympathiquement grognonne sur tel ou tel plateau de télévision – et j’ai l’impression que Jean-Louis Murat est toujours en train de sortir un nouvel album. Quand l’occasion s’est proposée d’aller le voir en concert, j’ai saisi l’opportunité, curieux de voir ce qu’il donnait sur scène. C’était à La Boule Noire jeudi dernier.
Dans une salle déjà bien chauffée par Robi (on y revient après), le groupe de Jean-Louis Murat livre un son épais et goûtu, qui évite la facilité variéteuse, tout en restant simple : un poil de disto sur la guitare et la basse, une clavier assez sec, une batterie finalement plus jazzeuse que rock. Seule la voix est copieusement traîtée en reverb tout au long du set (l’ingé son se fait plaisir, mais c’est à chaque fois pertinent, donc wahoo). Le tout est cohérent et précis, puissant juste ce qu’il faut. On regrettera juste un clavier clairement trop trop trop sur-mixé, qui insuffle par moment un vent bien trop baloche entre les branches joliment rêches du reste du groupe. Déroulant un set construit principalement sur les compos titrées du dernier album, Grand Lièvre, Jean-Louis Murat tisse un univers poétique et tortueux. Après quelques titres, on finit par se faire une idée plus claire de l’Auvergnat : on est en face d’un homme de chanson, doué d’une certaine exigence quant au son, qui ne fait aucune concession à aucun extrême. Jean-Louis Murat ne s’égare que rarement dans des détours instrumentaux tortueux et se tient tout autant à une certaine distance de toute variété trop racoleuse. Un équilibre difficile, soit, mais fièrement tenu. On restera malgré tout sur notre faim : à aucun moment on est surpris, à aucun moment on ne se voit happer par quelque chose d’inattendu. Un peu de folie, une vague incontrôlée… Ou un peu de radicalité, une claque. Jean-Louis Murat fait le boulot, et le fait très bien en artisan exigent. Mais point. Dommage : à quelques détails près il serait génial.
Des détails, parlons-en justement : Robi, première partie vue déjà au Mo’Fo et avant La Grande Sophie dernièrement au Café de la Danse. Le groupe est paré de détails capitaux et somptueux : la voix d’une Chloé aussi sensuelle que menaçante, qui évite d’emblée les niaiseries pour entrer profond dans les textes, les cerveaux et les coeurs. Des compos directes et finement menées et un son de malade. La basse de Jeff Hallam, rêche et mélodique, précise, violente et belle laisse entendre la simplicité de la corde bousculée par les coups de médiator. Miam. Et les guitares, les programmations… Raaaah : quel son ! Robi a la délicieuse faculté de rendre très difficile le boulot de tous les artistes qui les invitent à ouvrir la soirée. Et c’est parfait comme ça.
On peut féliciter Jean-Louis Murat pour ce choix de première qualité. Et on se met à rêver d’un album ultime de rencontre / collision entre le groupe Robi et Jean-Louis Murat…
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