Azealia Banks enchaîne les qualificatifs et les superlatifs. “La plus girl power” pour GQ France, “la plus cool de l’année” pour l’influent journal britannique NME, ou encore “l’étoile montante du hip hop” pour Le Figaro. Elle serait donc très en vue en 2012. C’est vrai que Karl Lagerfeld la surveille de près depuis une prestation à la Fashion Week parisienne en janvier dernier. Et puis, consécration, Azealia Banks est l’une des cinq personnes que Kanye West suit sur Twitter. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Et pourquoi suscite-t-elle tant d’excitation ?
Cette afro-américaine originaire de Harlem n’imaginait probablement pas en être à ce stade aujourd’hui. A 20 ans et du haut de son petit 1m60, elle représente une face nouvelle du hip hop. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, elle se voyait plutôt actrice et prenait des cours à LaGuardia High School de Manhattan. Suite à des castings ratés, ses amis la pousse à essayer la chanson. Elle s’expérimente alors au rap sous le pseudonyme Miss Bank$. Sa première chanson Seventeen raconte un épisode de sa vie, une relation qu’elle a eu avec un homme plus âgé. Elle se fait alors repérer par le label anglais XL Recordings qui compte des artistes comme Adele, M.I.A ou Radiohead.
Mais pendant les huit premiers mois, leur collaboration patine sec. Le courant ne passe pas avec Richard Russel, le big boss. Azealia envoie des textes et des idées, sans réponse de la part du label. Elle décide de tout lâcher et part au Canada. Sa publicité, c’est elle qui se la fera en mettant en ligne gratuitement ses créations. De cet exil, Azealia Banks sort “212″, en référence au code postal de Harlem, en septembre 2011. Une ode grossière sur le sexe oral. Avec ses textes et un beat communicatif, l’artiste nous parle comme à des amis. Elle encourage la libération sexuelle et pousse à ne pas avoir peur du regard des autres. Azealia s’inspire de son passé avec des paroles toujours sur la corde raide, entre humour provocant et injures. Son message artistique se dessine petit à petit : casser les tabous.
Après Shady Love, une collaboration avec les Scissor Sisters, elle sort Liquorice mi-décembre 2011 avec Universal Records. Ce titre prend cette fois de front les relations inter-raciales. “C’est un tabou chez les femmes noires de désirer un blanc, et vice versa. Mais si vous lisez les magazines lues par les femmes noires, vous verrez que nous sommes très curieux de connaître les hommes blancs. Le monde devient tellement mélangé, que ça se fera de plus en plus” explique-t-elle.
Spécialiste pour cracher des rimes cochons sur du hip hop électronique, Azealia Banks étonne par son énergie folle, surtout quand il s’agit de parler de tabous et de cunnilingus. Elle plancherait depuis janvier dernier sur son premier album (Broke with expensive taste), prévu pour septembre 2012. Un EP, 1991, sortira le 17 avril prochain et une tournée mondiale a débuté au début du mois de mars. Toutes les dates sur son site.
Axel Tardieu