L'Organisation météorologique mondiale vient de publier un épais rapport sur l'état du climat en 2011. Un rapport qui montre que le réchauffement climatique se poursuit dramatiquement...
Ce compte rendu sur le climat en 2011 a été publié à l'occasion de la Journée météorologique mondiale, célébrée le 23 mars. L'OMM a aussi rendus publics les résultats préliminaires d'une évaluation du climat mondial pour la période 2001-2010, qui sera publiée sous peu. Il en ressort que le changement climatique s'est accéléré pendant cette décennie, la plus chaude jamais observée sur tous les continents du globe.
D'après la Déclaration de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2011, cette année se classe au onzième rang des plus chaudes depuis 1850, date des premiers relevés. Cela confirme les conclusions préliminaires selon lesquelles 2011 est la plus chaude qui ait été constatée dans le cas d'une année à Niña, phénomène qui induit un refroidissement. La température moyenne en 2011 présente une anomalie estimée à +0,40°C par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990, qui est de 14°C.
Les extrêmes de précipitations, souvent liés à l'une des plus puissantes Niña des 60 dernières années, ont eu des répercussions considérables. Des inondations de grande ampleur se sont produites sur tous les continents, tandis que de graves sécheresses ont sévi en Afrique de l'Est et en Amérique du Nord. L'étendue de la banquise de l'Arctique a atteint des minima quasi records et l'activité cyclonique a été inférieure à la moyenne à l'échelle du globe, même si la saison des tornades est l'une des plus destructrices qu'aient connues les États-Unis d'Amérique.
Le rythme du réchauffement depuis 1971 est "remarquable", pour reprendre les termes de l'évaluation. Des phénomènes atmosphériques et océaniques comme La Niña ont refroidi temporairement le climat certaines années, sans interrompre pour autant la tendance générale au réchauffement.
Le "recul spectaculaire et constant de la banquise de l'Arctique" est l'une des principales caractéristiques de l'évolution du climat pendant la décennie considérée, toujours selon cette évaluation.
Moyennées à l'échelle du globe, les précipitations en 2011 se classent au deuxième rang des plus abondantes qui aient été enregistrées depuis 1901, et les inondations seraient le phénomène extrême le plus fréquent.
"Le compte rendu sur le climat en 2011 vient corroborer les conclusions énoncées dans les rapports précédents, à savoir que le changement climatique n'est plus une vague menace et qu'il est au contraire bien réel. La planète se réchauffe du fait des activités humaines, et l'impact de ce réchauffement sur la Terre, son atmosphère et ses océans se traduit par des bouleversements parfois irréversibles", a déclaré le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.
Des températures en hausse
La décennie 2001-2010 est la plus chaude qui ait été constatée depuis le début des observations, en 1850, la température moyenne à la surface du globe (terres émergées et océans confondus) accusant une anomalie positive estimée à 0,46°C par rapport à la normale calculée sur la période 1961-1990, qui est de 14°C. Neuf de ces années font partie des dix années les plus chaudes, et parmi elles, 2010 est la plus chaude jamais observée, suivie de près par 2005, la température moyenne présentant un écart par rapport à la normale estimé à +0,53°C. La décennie en question est la plus chaude jamais constatée à la surface des terres, à la surface des océans et sur tous les continents.
Dans la majeure partie du Canada, de l'Alaska, du Groenland, de l'Asie et de l'Afrique du Nord, la température moyenne de la décennie 2001-2010 est supérieure de 1 à 3°C à la normale pour la période 1961-1990.
Près de 90% des pays qui ont participé à l'évaluation ont connu la décennie la plus chaude de leur histoire depuis qu'il existe des relevés.
Le rythme d'accroissement de la température moyenne a été "remarquable" durant les quatre dernières décennies, d'après les résultats préliminaires de l'évaluation. Depuis 1971, elle a augmenté au rythme moyen de 0,166°C par décennie, selon les estimations, contre 0,06°C par décennie pour l'ensemble de la période 1881-2010.
Des précipitations disparates
La moyenne mondiale des précipitations (pluie, neige, etc.) qui sont tombées sur les terres émergées entre 2001 et 2010 se classe au deuxième rang des plus élevées - après la décennie 1951-1960 - depuis 1901. Cette moyenne cache de fortes disparités entre les régions et aussi entre les années.
Les précipitations ont été supérieures à la normale dans une grande partie de l'hémisphère Nord pendant la décennie considérée, en particulier dans l'est des États-Unis d'Amérique, le nord et l'est du Canada et de nombreuses régions d'Europe et d'Asie centrale. Ce fut aussi le cas en Amérique du Sud, notamment en Colombie, dans certaines régions du nord et du sud du Brésil, en Uruguay et dans le nord-est de l'Argentine, de même que dans la majeure partie de l'Afrique du Sud, en Indonésie et dans le nord de l'Australie.
En revanche, d'autres régions ont connu, en moyenne, des précipitations inférieures à la normale, en particulier l'ouest des États-Unis d'Amérique et le sud-ouest du Canada, l'Alaska, la majeure partie de l'Europe méridionale et occidentale et de l'Asie méridionale, l'Afrique centrale, le centre de l'Amérique du Sud ainsi que l'est et le sud-est de l'Australie.
Des phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus importants
La décennie a été marquée par de multiples phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes - inondations, sécheresses, cyclones, vagues de froid et de chaleur - un peu partout dans le monde. Deux vagues de chaleur exceptionnelles ont frappé l'Europe et la Fédération de Russie, respectivement en 2003 et 2010, avec des conséquences catastrophiques: des milliers de personnes en sont mortes et les régions concernées ont dû faire face à des incendies de forêt dévastateurs.
Les inondations occupent la première place parmi les phénomènes extrêmes, et elles ont concerné beaucoup de régions. Des inondations persistantes et de grande ampleur ont frappé l'Europe orientale en 2001 et 2005, l'Afrique en 2008, l'Asie (en particulier le Pakistan) en 2010 et l'Australie également en 2010.
Des sécheresses extrêmes ont sévi dans de nombreuses régions, notamment en Australie, en Afrique de l'Est, dans le bassin de l'Amazone et dans l'ouest des États-Unis d'Amérique. Les conséquences ont été très graves sur le plan humanitaire en Afrique de l'Est: pénurie alimentaire généralisée et lourdes pertes en vies humaines, sans parler des pertes de bétail.
Quarante-huit (soit 47%) des 102 pays considérés ont déclaré que leur record de chaleur absolu avait été enregistré durant la décennie 2001-2010, alors que 20% ont indiqué que c'était pendant la décennie 1991-2000 et environ 10% lors des décennies précédentes.
La décennie a été marquée par une activité cyclonique record dans le bassin de l'Atlantique Nord. Survenu en 2005, l'ouragan Katrina, de catégorie 5, est l'ouragan qui a coûté le plus cher aux États-Unis d'Amérique, et le bilan humain a été très lourd (plus de 1800 victimes). En 2008, le cyclone tropical Nargis a causé la mort de plus de 70000 personnes: c'est la pire catastrophe naturelle qu'ait connue le Myanmar et le cyclone tropical le plus meurtrier de toute la décennie.
Un recul spectaculaire de la banquise
Dans l'Arctique, le recul de la banquise, constaté depuis la fin des années 60, s'est poursuivi tout au long de la décennie 2001-2010. Un minimum historique a été enregistré en septembre 2007, durant la saison de la fonte des glaces.
L'étendue de la banquise arctique a encore été très inférieure à la moyenne en 2011. Elle a atteint le 9 septembre son minimum saisonnier, soit 4,33 millions de km2 (35% de moins que la moyenne calculée pour la période 1979-2000), d'après le Centre national de données sur la neige et la glace des États-Unis d'Amérique, ce qui la classe au deuxième rang des moins étendues jamais observées lors du minimum estival, après le minimum record de 2007. Quant au volume de la banquise, il a atteint un nouveau minimum record de 4200 km3, le précédent record - 4580 km3 - datant de 2010.
Depuis 1972, les satellites permettent d'observer les fluctuations de la banquise d'une année sur l'autre. D'après les mesures scientifiques qui ont été effectuées, tant l'épaisseur que l'étendue de la banquise de l'Arctique ont diminué de façon spectaculaire ces 35 dernières années. Récemment, ce mouvement s'est même accéléré. C'est durant les six dernières années de la décennie (2005 à 2010) qu'ont été enregistrés les cinq minima de septembre les plus faibles, le minimum record ayant été atteint en 2007 - 4,28 millions de km2, soit 39% de moins que la moyenne de la période de référence (1979-2000).
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