Des cochons dans les champs de blé ?

Publié le 02 avril 2012 par Angélie Baral @Greenvibes

L'élevage des porcs en Bretagne est depuis longtemps pointé du doigt pour les problèmes de pollution engendrés par le lisier, responsable de taux particulièrement importants de nitrates dans les sols et l'eau. Non seulement ces derniers se retrouvent dans l'eau du robinet, la rendant impropre à la consommation, mais en agissant comme de l'engrais, ils entraînent la prolifération d'organismes, algues vertes en tête (voir fiche du CNRS).

Certes, les éleveurs ont l'obligation de traiter les excédents depuis 1998, notamment en recourant à l'épandage. Mais les tonnages de lisier sont trop importants et il fallait trouver une solution. Or, pourquoi chercher à se débarrasser d'engrais naturel dans un pays qui utilise 57.000 tonnes d'engrais chimique et 19.000 tonnes d'engrais minéral ?

Les céréaliers et éleveurs avaient bien conscience de ce potentiel, mais il a fallu attendre 2008 pour qu'une coopération à grande échelle voit le jour à l'initiative d'Aveltis (coopérative) et Laprovol (transformation d'engrais en granulés) sous la forme d'un GIE (Groupement d'intérêt économique) appelé Ter'avenir, qui vient de recevoir le Trophée de l'eau Loire-Bretagne 2011.

Le partenariat repose sur l'exportation de lisier breton vers les zones céréalières où les agriculteurs manquent d'engrais organique pour fertiliser leurs cultures céréalières. 15.000 à 20.000 tonnes de compost font désormais le trajet jusqu'au Loir-et-Cher. Le lisier restant est envoyé vers une unité de méthanisation produisant de l'électricité, dont la chaleur produite sert à transformer le compost en granulés, facilement utilisable par les agriculteurs. Une des grosses difficultés que le GIE a du surmonter était de stocker ces énormes tonnages, notamment en période hivernale (pas d'épandage), sans risquer de polluer les alentours. Une plate-forme de stockage a donc été créée pour réceptionner le lisier toute l'année. Elle est bitumée pour récupérer les eaux sales et une lagune artificielle retient les eaux de pluies destinées au nettoyage des camions. Lire la suite de l'article pour voir la vidéo de présentation:


Du compost pour les céréaliers par Agence-eau-Loire-Bretagne

Cerise sur le gâteau, tout le monde est gagnant ! Les agriculteurs disposent d'un compost moins onéreux (45€/tonne) et cela n'engendre pas de frais pour les éleveurs qui peuvent même faire un petit bénéfice (entre 0 et 12 €/tonnes) - le reste sert à financer la logistique (34 €/tonne pour les transports).

Le Loir-et-Cher peut désormais compter sur cet apport naturel régulier, dont les agriculteurs ne juraient que par l'engrais minéral depuis 50 ans...

Sources:
- "Finistère. Le compost d'Aveltis fertilise les terres céréalières", Ouest France (19 janvier 2012)
- "Les lisiers de Bretagne font l'engrais des cultures du Centre", pdf édité par L'Agence de l'Eau Loire Bretagne (Octobre 2011)
- Les pesticides en chiffres, site du Comité régional de Poitou-Charentes pour le Plan Ecophyto 2018
- "Le compost breton fertilise les terres céréalières", La France Agricole n°3425 (2 mars 2012)