Jeudi dernier, j’ai eu l'occasion d'assister à une conférence qui traitaitdes réseaux sociaux et de la façon dont ceux-ci pouvaient soutenir l’entrepreneuriat féminin. J’attendais ce moment avec grand d’intérêt car la réunion allait être,exclusivement, animée par des femmes dont la grande majorité possèdent une expérience solide et sont reconnues dans le milieu.En tant que spécialiste, dans ce même domaine, mais, avec beaucoup moins de« visibilité » au niveau national, je me faisais une grande joie de les écouter. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi que je l’espérais. Jusqu’à présent, je n’étais jamais entrée dans des polémiques ou en conflit avec des gens du métier, ayant toujours essayé de rester « socialement correcte ».
Comme dans toutes les professions, et celui de consultante ou « dénomination similaire » en fait partie, sans oublier pour autant les prestataires de ces types de services, il est nécessaire et normal d'afficher une certaine camaraderie « publique » avec les autres assujettis du domaine, pour éviter des conflits et perdre « des amis » dans le milieu. Mais, il arrive un moment, où l'on se rend compte, que ne pas dire les choses, comme on les ressent, n’est pas la bonne solution, même si cela n’entre pas dans les usages courants.
Pour moi le moment est arrivé, et, si l'on est disposé à donner des coups, il faut, tout autant, être prête à les recevoir. Je vais donc prendre ce risque.
Ainsi que je le disais d'entrée j’ai donc assisté à cette conférence qui a débuté par une même question, posée à toutes les intervenantes. Une « conférencière- vedette » à transcrit son intervention et l'a publié, dans un billet, via son blog. En voici un extrait littéral, tel qu’il fut publié :
« Question : Pourquoi êtes-vous présente que* les réseaux ? Réponse : Je l’avoue franchement, je suis sur les réseaux par opportunisme, pas par passion! Questions : « Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent utiliser les réseaux à des fins professionnelles ? »Réponses : « …Soyez généreux ! …Soignez votre image ! Ce que les gens vont retenir de vous, ce ne sont pas vos infos mais les valeurs que vous laissez transparaître au travers de votre activité en ligne ».
*Passons rapidement sur l’erreur de construction de la phrase. Je ferais, quant à moi cependant, plus attention à l’orthographe, surtout pour une vraie francophone.Ce sont surtout certains de ses propos qui me laissent fort perplexe.
1 - Comment quelqu’un, qui travaille dans ce milieu et qui intervient, tous les jours sur différents médias et réseaux sociaux, peut dire qu’elle n'est présente que par opportunisme et non par passion ?Incroyable ! C’est comme si je disais à un client : " Cher client, je travaille tous les jours dans un domaine qui ne me passionne absolument pas. Je suis là uniquement pour me faire de l’argent, pour vendre mes services et mes produits. Mes présences, dans les réseaux, ne sont qu’un moyen d’avoir l’opportunité de me vendre. Mais, faites-moi confiance, prenez mes services et laissez-moi vous apprendre à être un vrai passionné des réseaux sociaux. "
La chose est bien connue. Il n'est pas nécessaire d'être passionné pour exercer une activité. Cependant, si un jour je devais me faire opérer, je préférerai avoir recours à un chirurgien qui aime son métier, passionné par ce qu'il fait, plutôt que par un chirurgien opportunisme.Il est, de la même manière, préférable que ce soit un passionné, au point d'en avoir fait son métier, pour s'occuper de votre présence et de votre communication dans les médias sociaux.
Soyons clairs. Je ne condamne pas ce type de discours opportuniste, logique peut être, pour une majorité de sociétés commerciales, présentes sur les réseaux, mais il est adéquat pour des sociétés dont la stratégie de présence sur le Net consiste à trouver un nouvel espace dans lequel elles souhaitent se rendre visible et commercialiser leurs produits d’une manière différente.Mais, il est surprenant qu’une réponse pareille soit donnée par quelqu’un qui travaille « avec et dans » les réseaux sociaux et qui propose des services et des formations sur la création et l’utilisation des réseaux sociaux au sein d’une entreprise.
2 -Comment peut-on conseiller, aux entrepreneurs qui veulent utiliser les réseaux sociaux, d’être « généreux » et de transmettre des valeurs quand on a signalé d'entrée que la présence sur les réseaux est faite par pure opportunisme ?Je ne suis pas spécialiste de l’étymologie française mais, je crois, qu’il est illogique d’utiliser deux concepts aussi contradictoires pour définir une même démarche : opportunisme et générosité.
Si une des clés, pour réussir notre présence sur les réseaux sociaux, est d’être généreuse, de partager sans rien attendre en retour, comment faire croire alors aux membres de nos réseaux que nous nous intéressons vraiment à eux, si cette présence est purement opportuniste ?
Si l’idée est de créer une communauté, autour de moi ou de ma marque, en me basant sur les valeurs que je veux transmettre, alors comment puis-je faire pour que les autres me croient, si ma vraie valeur n’est que commerciale?
Donc, si on analyse le contenu de ce billet, qui n’est finalement qu’un « petit » extrait d’une magnifique conférence, j’en arrive à la conclusion qu'en tant que prestataire des services dans mon domaine:
• Il faut être présent sur les réseaux, par pure opportunisme
• Il faut créer une communauté basée sur des « valeurs » mais qui occulte la recherche d’un bénéfice propre : pour être plus vu, lu…
• Il faut être généreux,envers sa communauté et ses ambassadeurs, pour qu’ils vous vendent mieux.
Un simple but commercial pour tous ! Des vrais «spécialistes » du Web 2.0 au secours des entreprises qui n’appliquent pas leurs propres conseils!Je préfère m'inscrire dans la ligne d’une autre intervenante : MmeMaïte ABRAM. Elle n’a cessé de nous montrer sa passion pour communiquer et avoir une présence dans les différents réseaux sociaux. Elle a fait aussi, plusieurs fois, référence à la nécessité d’établir une vraie stratégie sociale, avant de créer ses profils et communiquer dans les différentes espaces numériques.
Je suis convaincue qu’en ayant établi une vraie stratégie sociale à la base, il est possible d‘être présent, dans les réseaux sociaux, avec une vraie passion, qu’il est possible de partager et de communiquer des vraies valeurs, sans tomber dans l’opportunisme pur et simple.