Derrière cinq barreaux se compose de notations qu'a prises Maurice Sachs entre 43 et 45, avant d'être exécuté parce que ce prisonnier ex-gestapiste ne pouvait pas suivre la colonne qui l'éloignait des alliés en pleine conquête.
Il y a de tout là-dedans. Sachs était intelligent et bon styliste. Il se livre avec toute la lucidité dont il était capable.
Ses meilleurs textes sont ceux qui ne recherchent pas trop un effet artiste. Quand sa pensée s'expose fidèlement, et y réussit parce que la recherche d'effet ne nuit pas à la profondeur.
On peut aussi trouver chez lui quelque chose d'un peu posé, jusque dans la sincérité. Il ne peut pas s'empêcher de se comparer à ses maîtres. Une question souterraine, « ai-je écrit ce passage aussi bien que X l'aurait fait ? », rend sa prose parfois artificielle.
Mais il est en fait possible que je n'aurais pas autant apprécié ces fragments si l'auteur n'avait pas connu un destin extraordinaire, qu'il a utilisé notamment comme matière pour son autre livre autobiographique, Le Sabbat.