Dans mon article précédent, je vous présentais mon top 3 des campagnes les plus marquantes sur la lutte contre le VIH parmi les 35 qui avaient été sélectionnées par Topito. Rappelons que le classement de Topito était basé sur un échantillon d’affiches dont le public était majoritairement occidental. Ça m’amène à me demander ce que font les pays qui font face à un taux de prévalence beaucoup plus élevé. Normalement, on devrait s’attendre à ce que ces pays mettent en place des campagnes encore plus choc que celles des pays occidentaux. Voici un échantillon de campagnes de sensibilisation dans plusieurs pays dans lesquels la lutte contre le VIH-SIDA est un enjeu de taille :
Zimbabwe 2007
Everyday: 6,800 New Infections, 5,700 Deaths (Source : http://www.graphicintervention.org/)
République démocratique du Congo
CAN sans SIDA (Afrique)
Afrique du Sud
Si vous comparez ces affiches avec celles de l’article précédent, vous remarquerez que ce ne sont pas forcément les pays qui ont besoin d’être plus agressifs qui le sont. Ce qui nous amène à se poser une question. Est-ce que les pays à forte prévalence du SIDA ne devraient pas eux aussi songer à mettre en place des campagnes de sensibilisation choc pour changer plus rapidement le comportement de leur public? Pas sûr que cela soit réaliste :
- Contrairement aux organismes occidentaux, les organismes de lutte contre le SIDA ne disposent pas de fonds pour entreprendre des campagnes d’envergure. Elles n’ont pas les moyens d’investir pour donner plus de visibilité à leurs affiches. Par ailleurs, il est difficile de trouver un inventaire d’affiches pour pouvoir mieux comparer.
- Il est possible que les organismes africains misent plus sur la fréquence de leur message que sur l’impact visuel de leurs affiches. En effet tous les ans, des milliers de dollars sont investis en Afrique pour combattre le fléau du SIDA. En plus des affiches, les organismes locaux investissent dans d’autre forme de sensibilisation et de prévention. Elles investissent aussi dans l’édition de bandes dessinées, l’embauche d’agents de sensibilisation sur le terrain, la distribution de préservatifs gratuits et la prise en charge de malades.
- Les moeurs sont aussi une variable importante. On sait déjà que le sexe est un sujet tabou en Afrique. Dans de telles conditions, il serait contre-productif d’utiliser des affiches à caractère sexuel. Pour illustrer ceci, vous remarquerez qu’encore beaucoup d’affiches mettent l’abstinence au premier plan. C’est le cas notamment en l’Ouganda. Quand on connait le taux de prévalence dans ce pays, ceci peut sembler être l’expression de politique de l’autruche mais c’est aussi un choix culturel.
- Enfin, on remarque aussi que les campagnes de sensibilisation en Afrique ne sont jamais vraiment neutres. Elles servent aussi de véhicules pour renforcer des messages reliés au développement humain.
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