Le niveau de cette campagne électorale n’est pas satisfaisant. Aucun des sujets qui inquiètent et qui intéressent les Français n’est débattu contradictoirement. Le buzz, la passion, le dénigrement et les insultes sont préférés au sérieux, à la sérénité, au respect et au débat. Tout est plus rapide, plus sauvage et plus artificiel. Nous manquons de calme dans le débat public.
Or, une élection présidentielle a cet avantage de permettre le rassemblement du peuple français autour de sujets forts. Nous devons débattre et nous devons nous respecter.
Nous, Français, avons le droit à un débat national sur notre justice, notre santé, notre politique internationale et européenne, notre politique économique, culturelle et numérique, sur le travail, sur les valeurs et sur notre identité nationale. Sans clivage stérile ni politique politicienne.
Valorisons ce qui va bien dans notre pays
Les événements de Toulouse, comme tout autre événement, ne doivent pas venir parasiter le débat public. L’obscurantisme ne vaincra jamais notre longue et vieille démocratie, acquise par le sang et les larmes de jeunes français à qui nous devons rendre hommage. La République ne doit pas vaciller. Mon ami Abd Al Malik me dit souvent qu’un arbre qui tombe fait toujours plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Nous pointons sans cesse le doigt sur ce qui ne va pas mais nous ne valorisons jamais ce qui marche dans notre pays.
Néanmoins, il est légitime de nous remettre en question et de répondre aux interrogations qui divisent notre nation.
Ainsi, quel constat et quelle réponse concernant les relations entre les différentes communautés religieuses ? De même, quid des relations au sein de l’entreprise, les relations entre personnes d’origines ethniques différentes, les relations entre générations, les relations au sein des familles et surtout les relations entre hommes et femmes ?
Par ailleurs, comment répondre aux différentes menaces de notre "Pacte républicain" ? Je pense notamment à l’accroissement des inégalités sociales, la crise économique et financière, les extrémismes religieux, l’individualisme, les extrémismes politiques, le repli communautaire ou encore le fossé entre les générations ?
La solution : le "vivre ensemble"
Pour répondre à ces menaces, à ces peurs et à ces inquiétudes, la réponse doit être le "vivre ensemble". Prenons le temps d’en débattre, au-delà des clivages politiques. Ne laissons pas le calendrier électoral et le buzz médiatique rythmer ce débat que les Français réclament, mais dans le calme.
La République française doit favoriser et valoriser l’union nationale autour de concepts à réétudier et réactualiser. Pourquoi ne pas nous fixer un calendrier pour en débattre comme le font les Scandinaves ?
Ce concept du "vivre-ensemble" doit être fondé sur des droits, des devoirs et des obligations pour chacun et chacune d’entre nous.
Notre France est démembrée (les urbains contre les ruraux, les patrons contre les employés, le communautarisme, les nationaux et les étrangers,…) mais la peur et la méconnaissance ne peuvent reculer qu’avec cette seule et unique réponse du "vivre ensemble".
Une promotion des valeurs est nécessaire
Ainsi, cela passe par la promotion de valeurs telle que la laïcité, la tolérance, le respect et la dignité. Cela passe également par la formation des jeunes à la citoyenneté telle que l’enseignement théorique et pratique de l’instruction civique, le retour à un service militaire ou civil.Mais il faut également sanctionner davantage les actes d’incivisme. Ainsi, le travail de la justice et de la police doit être réorganisé. Il n’est pas normal qu’une victime ait autant de mal à faire valoir ses droits. Une simple plainte au commissariat devient un parcours du combattant. En effet, l’agent de police incite souvent la victime à faire une main courante, ce qui n’a aucune conséquence judiciaire. Au mieux, la plainte sera faite contre X quand bien même la victime connaît l’identité de son agresseur. Et pour la grande majorité des cas, il y aura un classement sans suite. Cela entraîne des frustrations et convainc la victime à se faire justice elle-même. De plus, il faudra appliquer la peine qui a été jugée.
Dans ce "vivre-ensemble", il faudra reconsidérer notre rapport avec la pauvreté et développer la solidarité avec les plus pauvres. Certes, nous devons valoriser la méritocratie et le travail, mais écarter les plus pauvres, comme aux Etats-Unis d’Amérique, fera reculer notre "Pacte républicain". Notre système actuel n’est pas le bon car il favorise clairement l’assistanat, le népotisme et les réseaux.
Favorisons l'éducation
Ce concept doit également prendre en considération la connaissance des différentes cultures et religions présentes en France. Faire reculer la méconnaissance signifie un enseignement plus adapté et une valorisation des matières comme la géographie, l’histoire ou les sciences.
Enfin, ce concept doit prendre en compte la relation intergénérationnelle. Il est évident que les générations se comprennent moins qu’avant. Les raisons sont multiples mais la révolution numérique est un élément de réponse. Cette révolution est pourtant une chance et une opportunité.
Les hommes et les femmes politiques ont une grande responsabilité. Les journalistes et les médias également. Les français ne pardonneront pas l’atteinte à notre Pacte républicain.
N’oublions pas qu’une démocratie reste fragile. L’Iran a basculé dans la théocratie en 1979 et l’Allemagne dans la dictature en 1933.
En cette période où il n’y a jamais eu si peu de guerres et de conflits dans le monde, mais avec une des plus grandes crises que nous subissons, l’Histoire peut basculer d’un côté ou d’un autre. Aux responsables d’être à la hauteur des enjeux de notre époque. Celui de relever le défi du "vivre ensemble" à la française afin d’éclairer de nouveau le monde.