Clémentine Autain pour le Front de Gauche a publié il y a quelques mois son « analyse » de la crise de la dette des États dans un dessin animé appelé « La dette c’est chouette ». Un clip condescendant et mensonger.
Par l’auteur du site Libéralisme expliqué.
Clémentine Autain
Le ton y est condescendant, caractéristique des « intellectuels » d’extrême gauche qui viennent expliquer la vie aux Français en leur parlant comme à des débiles. Infantiliser les « classes populaires » est la façon qu’ont ces gens de les respecter.
Cela permet également de développer des raisonnements simplistes où on trouve notamment :
- un bouc-émissaire : « le riche », personnage indéfini et flou, qui a un chapeau et construit des châteaux avec des pièces d’or. Non ça n’est pas du tout caricatural et populiste… L’avantage c’est que quasiment personne ne peut se reconnaître dans cette caricature donc, à regarder cette vidéo, on a de très bonnes chances d’être dans le camp des « gentils » dans cette histoire.
- une théorie du complot avec des « produits financiers complexes » aux arcanes labyrinthiques qui enrichiraient comme par miracle « le riche », sans qu’on sache vraiment comment sont apparues ces richesses. Si on fait l’hypothèse que la masse monétaire reste constante [1], l’enrichissement monétaire du riche à la sortie du labyrinthe miraculeux correspond soit à un transfert effectif de richesses réelles (biens matériels, services…) vers le riche, soit, contrairement à ce qu’affirme justement notre championne, à une création de ces richesses réelles issue de ses investissements. Mais ça, Clémentine Autain se garde bien de l’expliquer à son auditoire qu’elle considère comme trop stupide pour comprendre ces « produits financiers complexes ».
Enfin, ce petit dessin animé a un avantage considérable : il permet de déblatérer des mensonges à la pelle, sans avoir à en apporter la démonstration logique ou statistique, ce qui est bien pratique. Florilège :
« On lui a baissé l’impôt sur les revenus du capital [au riche]. »
Aucun des prélèvements obligatoires reposant sur les revenus du capital n’a été diminué. Au contraire, on a observé une augmentation massive (+34%) du prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) sur intérêts et dividendes passé de 28% en 2007 à 37,5% en 2012.
« On lui a baissé l’impôt sur les hauts revenus. »
C’est au contraire une nouvelle taxe sur les hauts revenus qui a été créée en 2011 et tout de suite augmentée en 2012.
« On lui a baissé l’impôt sur la fortune. »
Là aussi c’est faux, les recettes fiscales issues de cet impôt sont passées de 1,697 milliards d’euros en 1998 à 4,460 milliards d’euros en 2010 soit une augmentation de la contribution des riches par cet impôt de 2,763 milliards d’euros.
« [L’État] supprime des postes d’infirmières, de professeurs, de policiers, de juges, d’assistantes sociales […] pour faire des économies. »
Selon l’INSEE, les effectifs de la fonction publique n’ont pas cessé d’augmenter en France : ainsi, si on fait la somme des emplois dans les 3 fonctions publiques (État, hospitalière et territoriale), on observe une croissance ininterrompue :
Les « infirmières » que Mme Autain cite n’ont pas vraiment eu de postes supprimés. En réalité, leurs effectifs ont quasiment doublé en 10 ans !
Si on regarde dans le détail, contrairement à ce qui est affirmé, les magistrats eux aussi ont vu leur population augmenter de 17,8% entre 2002 et 2011.
« Grâce à toutes ces mesures, on s’est dit que le riche allait faire bon usage de son argent et qu’il le réinvestirait pour créer plus de richesses. Eh ben non, le riche veut être encore plus riche. »
C’est tout à fait faux, historiquement, à chaque fois que « le riche » (qui, si on l’a bien compris englobe aussi les entreprises…?) a fait des profits, il l’a réinvesti et en a profité pour créer des emplois :
Tous ces mensonges ont été développés pour manipuler les Français et les pousser à demander une augmentation toujours plus forte de la taille de l’État. Pourtant, Clémentine Autain est servie avec la présidentielle : tous les candidats promettent de nouvelles interventions de l’État, à commencer par le président sortant, qui a fait augmenter les dépenses publiques de 4 points de PIB en 5 ans, les portant à 56% du PIB.
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Sur le web
- Ce qui est faux, bien sûr, en raison de la création monétaire orchestrée par les États et leurs banques centrales… on est alors loin de la « crise du capitalisme ». ↩
posté le 01 juin à 19:41
Bon je vais commenter tes graphiques : les effectifs de la fonction publique augmentent beaucoup moins depuis 2004, ce qui signifie, soit des licenciements soit moins d'emploi.
Ton autre graphique avec les variations montre que rien de tout cela n'est assez stable, même sur une période de 20 ça n'est pas assez concret pour étayer ta théorie...