Les poules européennes sont-elles heureuses ?

Par Gommette1

Le ton monte entre les agriculteurs et la Commission européenne à cause d’une pénurie d’œufs. Un manque qui devrait atteindre les 20% en Europe sans retrouver le niveau attendu puisque des producteurs devront tirer le rideau de leurs poulaillers. En cause, l’obligation depuis le début 2012 de la mise aux normes des cages pondeuses qui doivent être plus spacieuses et surtout stopper l’état de surpopulation dans laquelle vivent les poules.

On peut se féliciter de cette avancée pour le monde avicole, bien que personnellement je ne connaisse aucune poule avec qui j’aurai ou échanger sur le sujet, et qu’à mon souvenir, nous n’avons pas connu de manifestation de gallinacées dans les rues de Bruxelles.

Les éleveurs dénoncent « l’irresponsabilité » des commissaires qui ont mis en demeure 13 pays dont la France ne respectant pas le nouvel aménagement du logement des poules. Des pays qui trainent les pieds à cause du montant des investissements nécessaires : plusieurs centaines de millions d’euros que ne peuvent supporter des éleveurs dont les marges sont faibles et encore moins des Etats surendettés.

L’industrie agroalimentaire, consommatrices d’œufs, s’inquiète de la pénurie d’œufs dont les prix flambent avec une augmentation de 75 à 120 % depuis le début de l’année ! La grande distribution va entrer à son tour dans la valse des étiquettes pour répercuter la hausse inévitable imposée par les producteurs.

Sauf, si les professionnels décident de recourir aux œufs américains, mexicains, turcs ou autres dont les producteurs sont moins soucieux du confort des poulaillers et de leurs habitantes.

La Commission européenne admet cette possibilité d’importation, un recours temporaire à ses yeux : la production devrait revenir à son niveau, en effet quand les poules seront acclimatées à leur nouvelle espace, elles pondront avec plus d’entrain. Elle ajoute —toujours sans rire— que les consommateurs leur seront reconnaissants puisqu’ils « auront la garantie que les conditions de bien-être des poules pondeuses se seront considérablement améliorées ».

Chaque matin, en trempant une mouillette beurrée dans un œuf à la coque, j’aurai une pensée pour cette grande avancée européenne à la cause avicole. 


Photo : D.R.