Laura Marling, du haut de ses vingt-et-un ans, signe un troisième album d'une surprenante subtilité. Pour A Creature I Don't Know, elle a tout composé de fond en comble avant de voir son producteur, afin d'éviter toute corruption créative. Ce recueil de dix pistes serait donc son œuvre la plus personnelle ; c'est également la plus riche en émotions. La voix navigue, d'un naturel déconcertant, entre profondeurs et cimes. La guitare acoustique, discrète ou violente, multiplie les harmonies vibrantes, parfois du fait d'accordages non conventionnels, et si l'on entend des notes de cuivres, des chœurs ou une batterie, ils ne font qu'embellir ces compositions déjà fantastiques. A Creature I Don't Know puise ses textes dans les déluges de l'amour, de la rage et des désirs – viennent s'y ajouter des thèmes comme la famille, le Diable, les anges, la dévotion, la trahison et le rôle des femmes. On boit ses paroles ; c'est entre le folk et la poésie. Les mélodies sont fines, mais on peut aussi bien s'émerveiller de la diction des vers ou du caractère des compositions. Oui, j'ai pleuré sur Night After Night, qui est pourtant la chanson la plus dévêtue, la plus simple. On a juste envie de poser sa tête engourdie sur le cœur palpitant de Laura Marling ; il respire la beauté.