C’est le printemps et, tel la marmotte qui s’apprête à retourner gambader sur les alpages, ce petit blog sort de sa torpeur hivernale. Quoi de mieux que la campagne présidentielle pour s’énerver un petit peu. Comment un évènement aussi pauvre peut-il susciter une telle couverture par les medias et autant d’analyses vides de sens ?
Vu de l’étranger, cette campagne offre un spectacle de pure politique politicienne vraiment désopilant. Avec un air mi navré, mi amusé, les habitants ne manquent pas de vous le rappeler. Pour ceux pour qui l’environnement devrait être au cœur des préoccupations des politiques, la campagne est carrément déprimante. La pauvreté des sujets abordés, la quête des petites phrases ou des sujets polémiques qui n’intéressent qu’une petite frange de la société sont atterrantes. Les sujets sont toujours axés sur les intérêts de catégories de la population. Où sont les discussions sur les sujets universels tels que l’éducation, la santé ou l’environnement ? Ces sujets concernent 100% des électeurs.
Quant à la nature, première économie de la planète rappelons le, les preuves sont maintenant innombrables qu’elle est la solution à nombre de nos problèmes aussi bien économiques que sociologiques, alimentaires ou sanitaires et que la préserver va aussi dans le sens d’une économie plus responsable et plus humaine tout en contribuant au bien être de chacun.
Qui parle d’environnement dans cette campagne, un sujet qui, sondage après sondage, apparait pourtant comme une préoccupation majeure des citoyens ?
Les écologistes ont toujours eu tendance à davantage parler de sujets autres que l’écologie, de préférence polémiques, mais au moins ils avaient dans le passé le mérite d’aborder le sujet de temps à autres. Toujours très fortement ancré à gauche, le mouvement n’a jamais su fédérer les écologistes de tous bords et s’affranchir de ses querelles ; mais néanmoins, que l’on soit un écologiste de droite ou de gauche, on avait tendance à leur donner sa voix au premier tour car s’ériger contre la destruction de la nature et la pollution, la surconsommation, le gaspillage, ou encore un capitalisme fou, la spéculation, l’augmentation incroyable des inégalités, la pauvreté et la précarité n’est en rien un discours de gauchiste révolutionnaire ; c’est simplement un réflexe humaniste et de bon sens !
Alors qui choisir : ces verts qui malgré tout pourraient peut-être encore peser dans le jeu des alliances au second tour ou un candidat d’un autre parti affichant les meilleures intentions sur le sujet ou faire son choix, à reculons, sur une tout autre base. Alors qui ? Un président qui a déclaré que « l’environnement cela commençait à bien faire », qui ne jure que par le nucléaire ou qui change la réglementation de la chasse en pleine période électorale ? Certes le « acheter français » va dans le sens de la responsabilité environnementale et heureusement les lois ne peuvent être toutes être changées du jour au lendemain mais, globalement, il a montré des signes plus que préoccupants. Quant aux autres, ils n’en parlent pas ou le considèrent comme un simple obstacle à la création d’emploi ou à quelque chose qu’ils appelleront sûrement le « développement ».
Croissance, développement, crise, dette… tous ces mots finalement assez vides de sens pour le commun des mortels sont ressassés. Qui questionnent cette course éperdue et perdue d’avance vers la croissance ? Qui explique ce qu’est censé être le développement ? Qui parle de la crise et de la dette environnementale qui font que la crise économique ne peut être qu’un phénomène durable ? Certains candidats, par démagogie ou ignorance, laissent même croire que le prix des carburants devrait et pourrait baisser ! Certains ont osé dire que la finance avait perdu de vue son rôle premier : celui de supporter l’économie. Mais combien ont dit que l’économie avait oublié que son rôle était de contribuer au bien être des citoyens ? Et combien confondent enfin « bien être » avec « avoir plus » ?
La campagne électorale aurait au moins pu offrir une opportunité de rappeler aux citoyens pourquoi il est important que l’écologie, c’est-à-dire le respect de la nature, reste au cœur des débats. Nicolas Hulot par son éloquence, sa connaissance du sujet et du jeu médiatico politique aurait pu être un très bon ambassadeur, comme par le passé. Sans doute a-t-il fait preuve d’une grande naïveté en acceptant le jeu des primaires et en sous estimant le fait que les écologistes étaient capables d’offrir eux-mêmes à leurs idées un enterrement de première classe.