Le cerveau attentif

Publié le 01 avril 2012 par Allo C'Est Fini

J’avais déjà eu l’occasion de lire de nombreux livres sur le cerveau, comme l’Homme neuronal publié il y a plus de 20 ans par Jean-Pierre Changeux, ou les minutes des colloques organisés par l’AFIRNe. Ces livres étaient plutôt axés sur des mécanismes comme la mémoire, l’apprentissage, ou sur la chimie du cerveau et du système nerveux. Voici donc un OVNI dans cet univers en cours d’exploration, et consacré à un sujet bien particulier: l’attention.

En plus de 300 pages bien denses, Jean-Pierre Lachaux dresse un panorama surprenant des mécanismes liés à l’attention: que se passe-t-il lorsque l’on se concentre sur une tâche, lorsque notre attention se disperse, et comment peut-on travailler cette qualité si souvent négligée.

Si ce livre ne requiert aucune connaissance scientifique a priori, attendez-vous cependant à passer un sacré quart d’heure avec les différents composants de notre cerveau: le gyrus cingulaire antérieur, le cortex orbito-frontal, le cortex préfontal, le lobe pariétal, l’amygdale, le nucleus acumbens, chaque zone a son propre rôle, et contribue à sa manière à notre manière de dédier notre attention à une ou plusieurs activités.

Impossible de vous résumer ce livre imposant en quelques lignes, voici cependant quelques principes glanés ça et là.

  • il ne faut pas confondre attention et concentration: l’individu concentré sur son iPhone qui traverse la rue sans regarder de part et d’autre est certes concentré, mais ne fait pas attention…
  • il y a trois modes d’engagement de l’attention: l’hyperfocalisation (l’individu concentré précédent), la dispersion (quand on se laisse distraire par toutes les informations qui viennent, sans filtrer), et une attention sélective
  • l’attention se porte naturellement vers ce que le cerveau considère comme important: soit par mesure de précaution (pour se maintenir en vie, se préserver du danger), soit parce que l’information s’inscrit dans une sorte de schéma de récompense. Etrangement, deux zones entrent en conflit, selon qu’on s’intéresse à une récompense à court terme ou à long terme.
  • la méditation permet d’apprendre à maîtriser son attention, ou du moins à essayer de la contrôler en anticipant les moments où elle s’en va vers d’autres sujets. Elle permet de développer, de la sorte, une sorte de méta-attention.
  • par l’apprentissage, le cerveau reconnaît peu à peu différentes situations, sans avoir à faire attention. C’est une démarche qui va du local au global. A l’inverse, faire attention consiste souvent à passer d’une analyse globale à une analyse locale, plus coûteuse, plus laborieuse, et qui ne peut pas être menée de front avec d’autres tâches

A une époque où l’on passe son temps à être interrompu par la sonnerie du téléphone, les SMS, Twitter ou l’email, passer un peu de temps à faire attention à son attention n’est pas de trop.