Les cartes de visite

Par Maitecasa

Ludovico Manin


Certainement plus belles qu'aujourd'hui étaient les anciennes cartes de visite vénitiennes. Le Museo Civico en possède plusieurs. Elles commencèrent au XVIème siècle à se faire en miniature et plus tard furent gravées. Nous en mentionnerons une du fameux agitateur Giorgio Pisani, élu procurateur de Saint-Marc le 8 mars 1780 et emprisonné deux jours plus tard dans le château de S. Felice à Vérone. une autre de Lodovico Manin, dernier doge de Venise. Pisani lui même donne de sa carte l'explication suivante, dans les Mémoires de sa Vie dont seul le premier volume fut publié à Ferrare en 1798 :"Elle me représente moi même montrant à mes petits enfants la chute du feu gouvernement barbare, symbolisé par un morceau tombé d'un bâtiment gothique portant trois aiguilles symbolisant les trois Supérieurs (comme ils se faisaient appelés) Inquisiteurs d'Etat. Sur l'autre côté, on observe un autre morceau d'architecture de forme carrée, symbolisant la solidité, sur lequel on voit un nuage venir y planter les symboles de liberté et d'égalité, que rien d'autre que la démocratie peut apporter" Pisani utilisait d'autres cartes qui représentaient un bout de bateau, la proue d'une gondole, un cygne, un jeune dont la tête était surmontée d'une étoile, un pilier, un chat qui tenait entre ses pattes une hampe avec le bonnet phrygien ou la Liberté, l'armature d'un vaisseau avec une voile sur laquelle était écrit Procurateur Giorgio Pisani. Quant à la carte du doge Manin elle représentait une Vénus endormie au pied d'un chêne, avec deux colombes au dessus d'un rocher qui s'embrassaient amoureusement. en dessous, les mots Lodovico Manin. De telles cartes révèlent nettement la différence de caractère entre les deux hommes. Chez Pisani, elle révèle la vanité et la rage démocratique ; chez le pauvre Manin l'amour et la douceur. Il est bien vrai que de telles qualités, si elles honorent la personne privée, ne suffisent pas à celui (comme Manin) qui dans des temps tourmentés tiennent les rênes de l'Etat. Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.