« C’est design ou pas design ?». Il est toujours difficile de parler du design d’une manière général parce qu’il concerne la conception et sa formalisation. Alors, parlons plutôt “d’approches design” car elles sont multiples, de tous horizons et orientées différemment.
Je vois pourtant dans les approches design, une ligne commune : une capacité à jouer avec différentes connaissances pour les transformer en un résultat “original”, beau et cohérent. Nous pouvons citer 6 connaissances (ou entités) qui vont impacter la cohérence d’un projet : la culture, la science, la temporalité, le marché, l’expérience et enfin le sens.
La culture et l’art sont à l’origine des premières démarches de designers en commençant par la notion abstraite de « l’épure » de l’objet et de son opposé « la capacité des designers à créer de la forme ».
La science permet dans chaque projet des changements techniques et technologiques qui provoquent l’émergence de nouveaux paradigmes de créations.
Le temporel signifie que l’on conçoit « pour » et « dans » une époque. Qui n’a jamais découvert les mêmes idées et les mêmes formes dessinées à deux endroits bien distincts, au même moment. Humer l’aire du temps est ainsi devenu un métier à part entière dans les années 80.
Le marché lui aussi impact sur les briefs que l‘on donne aux designers. La notion d’expérience par les usages est évidente dans la conception de produits et devient aujourd’hui reconnue dans les services, les institutions et même dans la politique (Danemark). Enfin la dernière notion qui est celle du sens semble encore difficile à appréhender dans toutes ses nuances.
En effet, aujourd’hui, nombreux sont ceux pour qui adhérer à une marque par les valeurs qu’elle prône, ne suffit pas. Notre recherche du sens est plus forte. Nous souhaitons mieux comprendre les produits, mieux comprendre leur mode de fabrication et de conception et comment tout cela nous implique, nous, en tant qu’acteur ? Cette implication de l‘usager fait appel à son intelligence, son discernement, son émotion et son imaginaire.
Mais soyons plus concrets. Quand je choisis un chapeau, j‘apprécie qu’il soit fabriqué à Paris, sur mesure. Participer à sa conception par le choix des matières et l‘association des couleurs (chapeau/ruban/passant), valorise ma valorise ma sensibilité, tout en faisant de moi un acteur local. Quand je veux gérer mes consommations d‘électricité, je souhaite interagir directement avec le compteur plutôt que de passer par une offre payante sur le net… surtout si je veux payer moins ! Quand je trie mes déchets, je souhaite être plus valorisé individuellement, socialement ou financièrement. Je veux me sentir acteur durable aux yeux des autres ou bien être rétribué justement pour mon ACTE quotidien.
Ainsi, l’implication de l’usager et sa valorisation en tant qu’acteur sont aujourd’hui essentielles. Un enjeu important du design actuel réside dans une réflexion amont autour des rôles que nous voulons jouer. C’est ensuite au designer d’y répondre au travers d’une « belle histoire » dont nous sommes partie prenante.