A un mois de la présidentielle, le bal des prétendant(e)s se poursuit, avec toujours plus de passion et de tension. On n’en oublierait leurs propositions. Alors, arrêtons-nous cinq minutes (voire un peu plus) sur leurs idées en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Entendues au sens large, à travers quatre thèmes : transports et mobilité ; énergie et écologie; agriculture et réalité logement et urbanisme.
Ce deuxième article sera consacré à l’Energie et à l’Ecologie.
Bal des Prétendants (2/4) Demandez le programme : Energie et Ecologie – AFP
L’énergie est un sujet de première importance pour les dix candidats, au regard de la place qui y est consacrée dans leurs programmes présidentiels. Les dix ont été amenés à se positionner sur le nucléaire, un an après le drame de Fukushima. La valorisation des énergies renouvelables et la sobriété énergétique sont autant d’autres sujets de premier ordre pour les prétendants à l’Elysée. En matière d’écologie, nous nous sommes d’abord penchés sur le thème de la fiscalité écologique, des institutions environnementales, des plans d’investissement et de recherche. Nous avons également abordé d’autres questions, comme celle des nuisances, des risques environnementaux et des pollutions, mais les candidats se sont montrés moins disserts sur ces thèmes. D’autres sujets (ressources naturelles et piscicoles, biodiversité, agriculture et environnement) seront traités dans le prochain article, consacré à la ruralité.
Institutions, fiscalité et investissements
Cheminade (S&P) : Mise en place d’une véritable politique écologique, celle d’une écologie humaine dégagée de son « entrave malthusienne destructrice » (entendue celle de la croissance zéro, des économies d’énergie et des ressources). S’appuyer sur des principes physiques nouveaux, appliqués sous forme de technologies plus denses dans un processus de développement harmonieux.
Arthaud (LO) : Expropriation des grands groupes industriels et financiers afin de donner les moyens à la collectivité d’organiser véritablement l’économie, de planifier la production, et ainsi choisir à chaque fois les solutions les moins coûteuses en travail humain et en ressources naturelles
Hollande (PS) : Mise en place d’une Organisation mondiale de l’environnement
Joly (EELV) : Remplacement du Pacte de Stabilité de la Zone Euro par le Pacte de Développement Écologique et Social, comprenant des objectifs financiers, sociaux et environnementaux, et un grand plan d’investissement dans la transition écologique, avec le soutien de la BCE.
Joly (EELV) : Constitution d’un pôle d’investissement public autour de la Caisse des Dépôts et Consignations et d’OSEO pour financer les projets de transition écologique, en particulier ceux des petites entreprises et de l’économie sociale et solidaire, grâce au déploiement d’un livret Vert.
Bayrou (MODEM) : Création d’un fonds d’investissement dédié au développement durable, alimenté par les quotas carbone issus du protocole de Kyoto, l’investissement privé, et l’épargne populaire. Il investira dans l’efficacité énergétique du logement et des transports, dans le capital des projets industriels d’énergie renouvelable, la recherche dans le domaine des énergies nouvelles, et la restauration et la préservation de la biodiversité
Bayrou (MODEM) : Modulation dans un cadre européen de l’impôt sur les sociétés en fonction de leurs performances environnementales
Bayrou (MODEM) : Créer un malus environnemental sur les produits de consommation les plus nuisibles à l’environnement
Arthaud (LO) : Opposition à toutes les mesures, même imposées au nom de l’écologie, visant à restreindre la consommation populaire par des augmentations de prix, par la création de taxes
Sarkozy (UMP) : « Taxe carbone » aux frontières de l’Europe.
Le Pen (FN) : Les protections raisonnées aux frontières nationales (droits de douane et contingentements) seront déterminées selon le niveau de protection sociale des pays exportateurs, mais aussi selon la qualité écologique de leur production.
Joly (EELV) : La France soutiendra l’instauration d’une préférence sociale et environnementale aux frontières de l’Europe : les produits entrants sur le marché commun devront respecter les normes environnementales et les normes sociales internationales de l’Organisation Internationale du Travail.
Joly (EELV) : Bioconditionnalité des aides publiques : aucune subvention ne pourra être versée pour des projets contraires aux objectifs environnementaux. Les dépenses publiques considérées néfastes pour l’environnement seront progressivement supprimées (exonération de la TVA sur le kérosène, TVA à taux réduit sur les pesticides, etc)
Sarkozy (UMP) : La commande publique ainsi que l’attribution des aides publiques doivent intégrer systématiquement les critères environnementaux et énergétiques.
Dupont-Aignan (DLR) : Constitution de pôles de compétitivité renforcés, qui associeront public et privé, écoles d’ingénieurs, universités, organismes de recherche et industrie, et investissement dans les filières d’avenir dans le cadre du Plan (énergies renouvelables, transports non polluants, recyclage, biotechnologies)
Nucléaire
Arthaud (LO) : Refus de simplement mettre en cause des techniques particulières comme le nucléaire. « Ce ne sont pas les techniques, mais les conditions de leur mise en œuvre, ainsi que l’absence d’information et de contrôle de la population sur ces sujets qui sont à incriminer »
Bayrou (MODEM) : Organiser un débat sur l’avenir de la production électrique en France, dès le début de la mandature, dont l’objectif est de définir un scénario et une feuille de route à un horizon 2030, avec des rendez-vous d’étape tous les 3 ans. Cette feuille de route devra assurer à la fois l’approvisionnement électrique nécessaire, réduire le plus possible le recours aux énergies carbonées en visant un développement massif des énergies renouvelables
Mélenchon (FDG) : Débat public national immédiat sur la politique énergétique en France. Dans le domaine du nucléaire civil, l’ensemble des possibilités – dont la sortie du nucléaire ou le maintien d’un nucléaire sécurisé et public – sera alors tranché. Sans attendre, la réinternalisation de toutes les opérations de maintenance et de sûreté nucléaire sera engagée
Sarkozy (UMP) : Confirmer le choix du nucléaire, dans le respect de normes de sûreté très strictes
Dupont-Aignan (DLR) : Fermeture des centrales nucléaires vieillissantes situées dans des zones sismiques et renforcement de la recherche sur les centrales de 4e génération, plus sûres et plus propres. À long terme, rééquilibrage de la filière énergétique en fonction du coût, du respect de l’indépendance nationale, de la sûreté et du respect de l’environnement en développant les énergies renouvelables (notamment le solaire).
Cheminade (S&P) : Développer un programme nucléaire de « quatrième génération ». « Les types de réacteurs à mobiliser sont ceux à haute température, refroidissement gazeux et sécurité intrinsèque, et à neutrons rapides »
Cheminade (S&P) : Poursuite de la construction des EPR de Flamanville et de Penly car « l’EPR est un réacteur plus sûr et à meilleur rendement »
Le Pen (FN) : Conserver l’énergie nucléaire à moyen terme en investissant dans la recherche. en particulier sur les dispositifs de sûreté du nucléaire et sur le rendement des nouveaux réacteurs. « Parce que le risque nucléaire ne peut pas être réduit à zéro, à long terme il est souhaitable de pouvoir sortir du nucléaire»
Hollande (PS) : Réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025, en garantissant la sûreté maximale des installations et en poursuivant la modernisation de l’industrie nucléaire.
Hollande (PS) Fermeture de la centrale de Fessenheim mais achèvement du chantier de Flamanville (EPR).
Joly (EELV) : Organiser la sortie du nucléaire en 20 ans. Créer un pôle d’excellence industrielle en matière de gestion des déchets et de démantèlement des centrales, pour maintenir ainsi les emplois dans la filière.
Poutou (NPA) : Sortie du nucléaire en dix ans maximum par une politique de sobriété énergétique et par un développement des énergies renouvelables.
Bayrou (MODEM) : Pour le nucléaire, énergie de transition, la garantie de sécurité des installations est non négociable : conforter l’indépendance de l’Agence de Sureté Nucléaire en intégrant des experts européens et en donnant aux citoyens la possibilité de poser des questions avec obligation pour l’agence de donner une réponse publique
Energies renouvelables et nouvelles énergies
Dupont-Aignan (DLR) : Réquisition de Total pour réguler le prix de l’essence et afin qu’une partie de ses bénéfices soit consacrée à la transition énergétique de la France
Dupont-Aignan (DLR) : Mettre en place dans les DOM-TOM une action d’équipement en photovoltaïque des maisons et des toits de bâtiments commerciaux et industriel
Dupont-Aignan (DLR) : Renforcer les filières d’énergie marine renouvelable (éolienne, hydro-éolienne et géothermie)
Dupont-Aignan (DLR) : Valoriser les fonds marins (métaux précieux et rares, hydrocarbures)
Hollande (PS) : Favoriser la montée en puissance des énergies renouvelables en soutenant la création et le développement de filières industrielles dans ce secteur.
Le Pen (FN) : Soutien de la recherche en matière d’énergies renouvelables. Couvrir 10 à 15% des besoins énergétiques par les énergies renouvelables.
Bayrou (MODEM) : Développement massif des énergies renouvelables qui devraient atteindre en 2030 40% de la production électrique française ;
Bayrou (MODEM) : Stabiliser et simplifier les règlementations administratives et fiscales pour les énergies renouvelables sur les 20 prochaines années ;
Bayrou (MODEM) : Créer un consortium européen de l’énergie renouvelable, à l’image d’EADS, en lien avec nos partenaires européens ;
Bayrou (MODEM) : Orienter la politique énergétique européenne vers une politique de lutte contre le rejet de gaz à effet de serre, pensée et voulue en commun, même si chaque Etat garde la maîtrise de ses grands choix
Joly (EELV) : Faire de la France un leader industriel des énergies renouvelables, en produisant 40 % de notre énergie par des sources renouvelables dès 2020 (hors carburant)
Mélenchon (FDG) : Effort massif en faveur de la recherche, des filières technologiques et industrielles, des investissements, de la formation pour le développement des énergies renouvelables et leur utilisation publique ainsi que pour le traitement des déchets issus de la filière nucléaire
Mélenchon (FDG) : Lancement d’un réseau de géothermie profonde
Joly (EELV) : Zéro gaz de schiste
Cheminade (S&P) : Remplacement d’une économie de carburants fossiles pour les transports (charbon, pétrole…) par une économie de l’hydrogène. « Tous les modes de production et les applications mécaniques doivent être testés, pour la mise au point de piles à combustibles. » « A terme, le pétrole ne devrait plus être un carburant, mais la matière première de la pétrochimie »
Le Pen (FN) : Valorisation des recherches dans le domaine de l’hydrogène et soutien au programme ITER à Cadarache.
Le Pen (FN) : Favoriser l’exploitation des richesses du sous-sol, qu’elle soit pétrolière ou aurifère en Guyane ou encore liée au nickel en Nouvelle-Calédonie. Des financements publics assureront les développements portuaires et routiers.
Economies d’énergies et sobriété énergétique
Bayrou (MODEM) Rénover le bâti ancien pour limiter nos émissions de CO2 : simplifier et amplifier significativement le mécanisme des certificats d’économie d’énergie
Bayrou (MODEM) : Créer un organisme public / privé pour accompagner les projets de rénovation énergétique, intervenant directement auprès des particuliers propriétaires ou des entreprises pour les conseiller dans les travaux les plus efficaces à envisager et pour faire le suivi des travaux afin que ces derniers soient effectués avec le plus d’efficience possible
Bayrou (MODEM) : Moduler la taxe sur le foncier bâti en fonction de la performance énergétique des bâtiments ;
Joly (EELV) : Rénover un million de logements par an, d’ici 2020, au niveau «basse consommation d’énergie », en commençant par ceux dans lesquels vivent les huit millions de personnes en situation de précarité énergétique. Les bâtiments publics seront tous rénovés d’ici 2030
Mélenchon (FDG) : Mise aux normes énergétiques des logements et de l’ensemble des bâtiments publics. Création pour les particuliers d’une allocation sur condition de ressources pour financer la rénovation thermique des logements.
Hollande (PS) : Lancement d’un vaste plan qui permettra à 1 million de logements par an de bénéficier d’une isolation thermique de qualité
Hollande (PS) : Nouvelle tarification progressive de l’eau, de l’électricité et du gaz afin de garantir l’accès de tous à ces biens essentiels et d’inciter à une consommation responsable.
Déchets, nuisances et santé
Joly (EELV) : Mise en place d’une stratégie nationale contre le gaspillage : extension du système de bonus-malus aux produits électroménagers, allongement de la garantie des produits, soutien au secteur de la réparation, etc.
Joly (EELV) : Refonte de la législation sur les déchets, avec un plan de fermeture progressive des incinérateurs, à mesure de la montée en puissance des filières alternatives. Le suivi des déchets de construction sera mis en oeuvre pour garantir leur tri et leur recyclage.
Mélenchon (FDG) : Développement des consignes pour que l’usager ne paie plus le prix des emballages
Mélenchon (FDG) : Renforcement de la législation contre l’utilisation de molécules chimiques qui nuisent à la santé
Joly (EELV) : Réduction du seuil légal d’exposition aux pollutions électromagnétiques et mise en place de plans d’actions locaux pour lutter contre la pollution de l’air.
Mélenchon (FDG) : Limitation de la publicité dans l’espace public
Mots-clés : Ecologie, énergie, Présidentielle, Programme, Urbanisme
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