“La présidente du Medef, Laurence Parisot, s’est déclarée dimanche effrayée par le candidat du Front de gauche à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, à ses yeux l’héritier de la “Terreur” de 1793“
Faire du Front de Gauche un mouvement terroriste est tellement absurde que je me demande même pourquoi je me donne la peine de le relever publiquement ici. Sinon pour simplement souligner l’inversion rhétorique qu’il peut y avoir à agiter de vieilles peur patronales ancestrales avec un prétendu fascisme rouge alors que dans le même temps des entreprises délocalisent et licencient à tour de bras alors qu’elles font des bénéfices colossaux, et qu’un patron qui se voulait exemplaire touche 16 millions d’euros de revenus supplémentaires, ce qui correspond en gros à une campagne des restos du cœur. Sans parler des exigences du Medef qui consistent ni plus ni moins qu’à briser un modèle hérité du CNR qui permettait encore il y a peu d’assurer un minimum de droits aux travailleurs, avant que Sarkozy et l’UMP ne le détricotent méthodiquement pendant ces cinq dernières années… Laissons les encore faire, et au prochain mandat, ils s’en prendront à la sécurité sociale, comme le propre frère du président qui a profité de la réforme des retraites pour se refaire sur le marché juteux de la retraite par capitalisation… avec la bénédiction du groupe Médéric.
Et donc, qui est le plus dangereux pour l’unité nationale, déjà, Madame Parisot ? Certainement pas le candidat du Front de Gauche, qui donne une représentation à notre incompréhension, notre colère, et notre soif de justice.
Qu’est ce qui est le plus choquant dans l’histoire, vraiment ? Que des gens qui se reconnaissent dans les valeurs véhiculées par le Front de Gauche se scandalisent de l’injustice criante de cette société ? Que des patrons égoïstes soient invités à participer davantage à la solidarité nationale, en investissant par exemple davantage dans des activés productives, porteuses d’emploi en France, qui seraient pour le coup moins taxées parce que faisant moins preuve d’une coupable cupidité patronale collective qui détruit notre pays ?
Quand le patronat français donnera une image plus respectable, il pourra peut-être se voir davantage respecté. Pour le moment, un pays qui accepte, sans grande souffrance morale manifestement, de vivre avec plus de 4 millions de chômeurs et 8 millions de pauvres dont parmi eux des travailleurs ne peut que se retourner devant sa classe économique dirigeante pour lui demander des comptes : qu’avez-vous fait, avec nous, pour que cela n’arrive pas ?
La responsabilité de cet état de faits doit être commune. Et tant qu’une immense majorité de gens auront le très net sentiment que le revenu est totalement déconnecté de tout rapport avec le monde réel, les vicissitudes existentielles, et la force de travail, alors ce sera l’honneur de la France que de secréter un mouvement politique de nature à contenir et porter notre indignation collective.
Le jour où cela n’existera plus, alors il faudra en effet craindre la véritable terreur, qui n’aura plus de nom, ni de visage. Et sûrement pas celui de Monsieur Mélenchon.