Pouvez-vous me faire du café ? Dégradation du rôle de travail
C’est l’un des appels à votre sens du “oui” ou “non” le plus constant. La dégradation de votre rôle de travail. Je me souviens d’une jeune cadre, amie à moi, qui s’est retrouvée dans un bureau dans un pays. Elle dirige une équipe de près d’une vingtaine de travailleurs nationaux et internationaux. Son supérieur hiérarchique dès ses premiers jours a traversé tous les bureaux entre elle et lui pour venir lui demander de préparer du café pour lui alors qu’elle était en pleine réunion avec son équipe. Prise au dépourvu, la pauvre s’est levé un peu honteuse pour s’exécuter…par gentillesse disait-elle. Quelques mois plus tard, une autre amie a été affectée dans le même bureau et le même Monsieur a tenté le coup. Cette fois-ci, il est tombé sur plus coriace : “Monsieur, je suis désolé, mais ce n’est pas mon travail de faire du café pour vous !“. Aucune des deux ne fait plus de café pour ce Monsieur.
Il est important que vous sachiez quelle est votre place et que vous ne vous laissiez pas entrainer dans une humiliation par des personnes qui ne respectent pas ce que vous faites et ce que vous êtes. C’est une chose de rendre service à sa hiérarchie, c’en est une autre de se laisser avilir. Il faut toujours clairement faire la part des choses afin de ne pas justifier n’importe quoi. Parce qu’autrement, vous perdez en autorité, en dignité et généralement en efficacité. Et si vous perdez ces trois choses, vous mettez en péril non seulement votre situation professionnelle actuelle, mais également les perspectives ailleurs.
Nous allons finir à minuit aujourd’hui ! Atteinte à la vie privée
Certains patrons sont curieux de manière malsaine et n’hésitent à chercher à prendre du pouvoir du côté de votre privée. Je me souviens d’un patron que j’ai eu et qui pensait devoir me conseiller sur mes amis, ceux à garder et ceux à conserver…Il ne les connaissait pas du tout, il réagissait sur la base du feeling qu’il avait avec ceux qu’il avait pu rencontrer de manière fortuite, l’espace de quelques secondes !
Certains orchestrent de manière conscience…et bien souvent de manière inconsciente des intrusions dans la vie privée. Une personne très proche me racontait comment son patron s’amusait en journée et vers la fin de la journée, il activait tout le monde pour le travail. Conséquence, il faisait rester ses collaborateurs très tard pour faire des choses qu’ils auraient pu faire en journée. Elle a ouvert le débat avec lui et a fini par quitter cette entreprise.
Certains patrons sont en effet seuls et manquent de vie sociale. Ils veulent alors soit reproduire ce schéma sur leurs collaborateurs en créant des situations qui absorbent leur vie sociale, soit créer leur vie sociale avec leurs collaborateurs. Ils créent de la familiarité, les impliquent dans les sphères privées et s’impliquent dans les sphères privés de leurs collaborateurs, ils les déconnectent de leur vie sociale afin que ce soit eux qui devienne leur vie sociale.
Si vous dites “oui” à ce genre de choses, vous finirez par avoir des regrets terriblement amers un jour. En général, ces patrons saisiront les portes que vous ouvrez. Si vous mettez les limites et clarifiez les choses, ils se tiendront à distance ou vous feront partir. Croyez moi, en partant, vous ne perdez rien du tout !
Vous me plaisez…. Harcèlement sexuel
L’une des choses qui est également courante dans le milieu du travail est le harcèlement sexuel. Un patron trop insistant…ou une patronne trop insistante, sachez faire gaffe. Je me souviens d’une supérieure que j’ai eu. C’était une dame, expatriée. J’avais mis du mal à comprendre ses avances (il parait que je ne suis pas très fort pour comprendre ces choses là). ensuite, nous avons dû faire une tournée dans plusieurs régions du pays où nous travaillions à l’époque. Les voyages se faisaient en train. Elle a négocié pour que nous ayions une chambre commune (vous savez, ces wagons couchettes !). Elle n’a pas pu l’obtenir. dans l’une des villes, elle a inventé une pénurie de chambres d’hôtels pour que nous passions une nuit dans une chambre…Un compatriote qui était son ami et qui avait compris que je n’étais pas intéressé a levé la pénurie…Et elle s’est complètement fâchée lorsqu’elle a pensé dans une autre mission commune dans une autre région du pays, que j’avais du succès auprès des femmes alors que je ne m’intéressais pas à elle. A la vérité, je n’ai jamais vraiment rien compris jusqu’à ce que son attitude change radicalement avec moi après “mon succès auprès des filles” (je ne le savais pas moi même). Ce n’est donc pas qu’une affaire qui concerne les femmes.
Dans les deux cas, il faut toujours faire attention. De ce que j’ai appris, les relations compliquées avec les personnes avec qui on travaille rendent la vie encore plus compliqué. Il ne faut pas penser qu’une bonne nuit de jambes en l’air est un sésame. Ca peut l’être pour un moment, mais j’ai le sentiment qu’on y perd beaucoup. Parce qu’on est en général violé dans son âme. On trahit ses valeurs pour bien peu. Bref, il ne faut s’engager dans une relation que si l’on en a envie…et ne pas masquer le harcèlement derrière des envies qui en réalité ne sont que forcées.
Sachez avant d’avoir peur qu’en général, l’auteur d’un harcèlement a bien plus à perdre que vous si vous êtes capables d’apporter la preuve de son harcèlement.
Je n’ai pas de justificatifs….Complicité de détournement de fonds
Voilà une des situations où le “oui” est carrément le diable habillé en prada. Le patron qui détourne des fonds et dont vous acceptez la non présentation des justificatifs ou la non documentation des actions qu’il fait, a quelques risques d’être votre camarade de cellule dans une prison quelque part. Et si la prison vous échappe, votre réputation risque de prendre un coup.
J’ai analysé dans d’autres circonstances les différents cas d’arrestations de personnalités publiques ou de cadres dirigeants dans divers pays. chaque fois qu’il s’est agi d’une arrestation lié aux affaires d’argent, les assistants et les responsables financiers ont suivi leurs patrons. Parce que la plupart sont entrés dans la logique du “oui”. Si vous êtes léger sur ce point, votre simple légèreté peut vous coûter cher le jour où viendront les comptes.
Mon dieu sera le vôtre …Atteinte à la liberté personnelle (liberté religieuse, liberté de pensée, etc.).
Il y’a des patrons enfin qui obligent presque à renoncer à vos convictions, à votre idéologie. J’ai connu une collègue qui voulait être végétarienne. Elle ne l’était pas avant et tout le monde a vécu sa transformation. Elle n’était pas simplement végétalienne, elle était devenue vraiment végétarienne. Sa patronne au départ a fait quelques blagues pour la décourager. Mais quand elle s’est rendue compte de la sincérité de l’engagement de la collègue, elle s’est plutôt mise à ses côtés et a fait aménager les achats pour tenir compte de la collègue. Cette patronne est en retraite aujourd’hui, mais c’est l’une des plus grandes dames que j’ai connue. Ailleurs, il est même arrivé qu’un tel collaborateur soit piégé afin de consommer non végétarien.
Sur d’autres sujets aussi, il y a eu des difficultés comme ca. je me souviens d’un jeune collègue qui a commencé à bosser dans une ONG avec des ainés. Un soir, l’équipe est sortie pour prendre un pot et tout le monde a passé sa commande. bière, bière, bière. Certains l’avaient fait par mimétisme…arrivé chez notre jeune ami, il a commandé un jus : silence de mort…puis menace….devant la fermeté du jeune collègue qui en souriant avait répondu que s’il ne devait prendre que de la bière, il allait être obligé de rentrer, tout le monde s’est incliné. D’ailleurs certaines des personnes là qui avaient commandé de la bière sont revenus sur leur commande pour prendre des sucreries également.
Oui, il y a bien des situations où dire “non” vous fait honneur et vous projette vers l’avant…bien au delà des avantages temporaires d’un “oui” asservissant.