J’ai enfin eu l’occasion de lire Maus, BD pour laquelle j’avais entendu beaucoup d’éloges… Il est vrai que je n’ai pas été déçue à ma lecture du premier tome Mon père saigne l’Histoire (du milieu des années 30 à l’hiver 44) et je compte lire le second tome C’est là que mes ennuis ont commencé, dès que possible !
Il est toujours un peu délicat de traiter d’un sujet sensible (surtout que la Shoah est bien plus que cela…) sous l’angle de la fiction. Et pourtant, Art Spiegelman a pris le parti de raconter le sort réservé aux Juifs pendant la seconde guerre mondiale sous forme de bande dessinée (roman graphique plutôt) en noir et blanc.
Le premier tome fait se croiser deux histoires : le récit cadre, se passant à New-York, où Artie Spiegelman interroge son père Valdek sur son passé dans le but d’écrire une bande dessinée et le récit encadré, celui qui relate les événements Historiques depuis la Pologne ou la Hongrie.
Les enjeux de l’écriture biographique voire même de l’autobiographie sont donc intrinsèquement liés au devoir de mémoire. Artie veut en effet absolument rapporter l’histoire de son père, telle qu’elle s’est déroulée, sans omettre aucun événement, même s’il n’en découle pas toujours un portrait flatteur. Les rapports entre père et fils ne sont pas très bons… Et ceux que Vladek entretient avec sa nouvelle épouse relèvent plutôt du conflit permanent que de la douce quiétude du ménage ! L’auteur souligne la nécessité de se souvenir et de transmettre ce passé aux générations futures même quand les
témoignages écrits ont disparu : Artie ne cesse de chercher les cahiers écrits par Anja, sa mère, afin d’avoir une vision plus juste de la tragédie.Mais l’originalité de Maus ne s’arrête pas là. La bande dessinée met en scène des souris (“maus” signifiant “souris” en allemand) qui fuient devant les chats représentant les nazis. Les Polonais, quant à eux, sont dessinés sous les traits de cochons. Ce procédé rend bien la déshumanisation progressive de l’Homme.
Ce roman graphique permet, je crois, de sensibiliser le public un peu réfractaire à la lecture et aux visites des musées. Il ne dispense pas, bien sûr, de s’intéresser aux autres témoignages, mais au contraire d’inciter à se pencher sur cette sombre époque de l’Histoire.
Art Spiegelman, Maus, Un survivant raconte, I. Mon père saigne l’Histoire, éditions Flammarion
* “Zakhor” signifie “souviens-toi” en Hébreu *