Résumé: Dans un futur indéterminé, l’Amérique du Nord est devenue la nation de Panem, divisée en 12 districts, dirigés par le Capitole, sa capitale. Suite à une rébellion des douze districts matée dans le sang, le Capitole a créé les Hunger Games, cérémonie annuelle au cours de laquelle douze jeunes filles et douze jeunes hommes de 12 à 18 ans issus des districts doivent s’affronter à mort. Lorsque sa jeune sœur est tirée au sort pour représenter le district 12, Katniss, 16 ans, se porte volontaire pour prendre sa place…
Premier volet d’une trilogie adaptée de livres pour ados, The Hunger Games représente la tentative de Lionsgate de tenter de surfer sur le succès de Twilight et autres Harry Potter en lançant sa propre franchise de fantasy. Une démarche intéressée qui s’est souvent soldée par des échecs cinglants, qu’ils soient artistiques (Twilight, Eragon, Cœur d’Encre) ou publics (La Boussole d’Or), mais qui a parfois accouche d’une œuvre réussie, comme ce fut le cas par exemple avec le très beau Le Secret de Terabithia. Par chance, The Hunger Games fait partie de la seconde catégorie, et s’avère au final une très bonne surprise.
La grosse différence avec d’autres adaptations, c’est que The Hunger Games bénéficie d’une excellent synergie entre ses différents intervenants : une volonté de coller fidèlement au livre d’origine (l’auteure du livre, Suzanne Collins, a participé à la rédaction du scénario du film), un réalisateur impliqué et ayant déjà fait ses preuves par le passé (Gary « Pleasantville » Ross) auquel le studio a apparemment laissé les coudées franches, un bon casting, et surtout une bonne histoire. Non pas que le sujet de The Hunger Games soit des plus originaux, puisqu’on y retrouve des gros morceaux de Battle Royale, Running Man, Truman Show et Metropolis, mais le film bénéficie d’un background solide et d’une ampleur inattendue.
Dès ses premières images, The Hunger Games surprend d’ailleurs par son côté âpre et terre à terre dans la description de la vie misérable des habitants du District 12. L’image est terne, sale, et contraste fortement avec la découverte, un peu plus tard, de la démesure et la décadence du Capitole. Gary Ross a l’intelligence de prendre son temps pour dresser un portrait crédible et glaçant de cette société futuriste, dans laquelle un petit groupe de puissants règne sur le reste du pays, les humiliant tous les ans au travers de ces hunger games tout en leur donnant juste assez d’espoir pour éviter qu’ils ne se rebellent (les familles inscrivant les noms de leurs enfants à de multiples reprises gagnent des tickets de rationnement supplémentaires). La première moitié du film est à cet égard la plus réussie, Gary Ross prenant le temps de poser ses personnages, présenter son monde, et préparer le spectateur aux jeux qui vont suivre. Le futur présenté est crédible, et on sent que ce premier film fait partie d’un univers beaucoup plus vaste. La seconde moitié du film, entièrement dédiée aux Hunger Games du titre, se tient elle aussi plutôt bien, même si, film pour la jeunesse oblige, les effusions de sang sont limitées (mais pas totalement absentes). Seules les scènes d’action déçoivent quelque peu, leur côté brouillon cassant quelque peu leur impact, et certains passages frôlent un peu le ridicule (le camouflage ultra réaliste effectué en quelques minutes, mouais).
Mais au final, peu importe ces quelques scories, puisque le réalisateur réussit avec aisance à intéresser le spectateur au destin de Katniss et de ses camarades. Il est pour cela beaucoup aidé par un casting excellent, que ce soit du côté des jeunes acteurs (on retrouve notamment l’excellent Isabelle « Esther » Fuhrman, et Josh « Terabithia » Hutcherson) ou de la vieille garde (Woody Harrelson, Donald Sutherland, Stanley Tucci, Lenny Kravitz et une Elizabeth Banks méconnaissable). La révélation du film reste néanmoins la jolie Jennifer Lawrence, qu’on a déjà pu remarquer auparavant dans X-Men Le Commencement. La jeune femme est très à l’aise dans le rôle de Katniss, et campe une héroïne féminine et forte, tout en évitant intelligemment le cliché « sarahconnoresque » en vogue à Hollywood.
Au final, The Hunger Games est une très bonne surprise. Un divertissement pour ados de qualité, qui saura aussi intéresser les adultes par son univers développé et riche, et son sous-texte politique malheureusement d’actualité. Du coup, on ressort de la salle en attendant avec un certain intérêt l’adaptation du deuxième tome des aventures de Katniss, d’ores et déjà prévue.
Note : 7.5/10
USA, 2012
Réalisation : Gary Ross
Scénario : Gary Ross, Suzanne Collins, Billy Ray
Avec : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Wes Bentley, Woody Harrelson, Lenny Kravitz, Donald Sutherland, Elizabeth Banks, Stanley Tucci, Isabelle Fuhrman