Héroïne du roman Les Adieux à la Reine de Chantal Thomas, Sidonie Laborde n'a jamais existé. Ce sont les aventures de cette jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine Marie-Antoinette que Benoit Jacquot, a choisi de mettre en scène dans un film éponyme mêlant histoire et fiction. Les adieux à la reine, le film, raconte les trois derniers jours que Sidonie Laborde va passer aux côtés de la reine, dont elle est éprise, peu de temps après la prise de la bastille.
Les Adieux à la Reine est un film intéressant du point de vue de sa mise en scène, particulièrement soignée. On note une attention particulière portée aux déplacements,
un jeu sur les portes qui s'ouvrent, se ferment, restent closes ou entrouvertes, ou encore des plans séquences taillés pour être aussi interminables que les couloirs de Versailles. Des choix qui
font sens et que les plus avertis prendront le temps de détailler et d'apprécier, à défaut d'être transportés par le scénario.
Quant aux néophytes, ils ne verront probablement qu'une adaptation de roman un peu fade et ennuyeuse, à la façon téléfilm de luxe, le confort du canapé en moins. En cause, un
manque de crédibilité aussi criant que du rouge à lèvre sur les dents. Difficile en effet de se mettre au diapason du contexte révolutionnaire lorsque les trois actrices
principales sont pourvues d'un physique et d'une aura aussi modernes. Virginie Ledoyen dans la peau de la Duchesse de Polignac, Diane Kruger en Marie Antoinette et Léa Seydoux dans le rôle de
Sidonie Laborde ont du mal à convaincre malgré des prestations paradoxalement louables. C'est que Benoit Jacquot aime filmer les femmes, en particulier celles qu'il affectionne et les
filme avec un plaisir si communicatif que les personnages s'effacent au profit des actrices.
Impressionné derrière sa caméra, il semble par exemple avoir fait l'impasse sur le travail de diction indispensable lorsqu'on prétend doter ses personnages du verbe d'hommes et de femmes de la
cour de marie antoinette.
Le dénouement de l'histoire est plutôt subtil et inattendu, même s'il tient cette fois beaucoup plus au talent d'écrivain de Chantal Thomas qu'au don de réalisateur de Benoit Jacquot. On
en ressort avec l'impression d'avoir regardé pendant 1h40 une marionnette de laquelle ce dernier n'aurait filmé que les ficelles.