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Ce groupe de rock alternatif britannique se compose de John, Nao et Monz, diminutifs de Naofal et de Mondher . Ces derniers sont tout simplement originaires du Maroc, plus exactement de Tanger. Ce sont les membres phares de ce trio puisque Nao, en est à la fois le chanteur et le bassiste et Monz le batteur.Lazywall est de plus en plus populaire en Grande-Bretagne. Le nom de « Lazywall » ( en français, mur paresseux) est insolite et à vrai-dire surprend ! Il correspond en réalité à la traduction en arabe de « sour el meegazine », esplanade mythique de la ville de Tanger qui domine le port, la Medina et le Détroit de Gibraltar ; un petit clin d'oeil donc à la ville de leur enfance et adolescence ! Installés depuis quelques années en Grande-Bretagne, c'est dans ce pays que le style musical de ces deux frères s'est affirmé : un son à la fois rock, grunge et metal qui s'inspire de Soundgarden, Audioslave, Pearl Jam, Red Hot Chili Peppers, Jimmy Hendrix, Led Zeppelin, etc. En 2003, John le guitariste, les rejoint et le groupe se forme en élisant domicile à Reading dans le Berkshire. Aujourd'hui, Lazywall affiche complet dans la plupart des concerts donnés au Royaume-Uni. Ce succès et cette notoriété grandissante se justifient par leur talent, leurs efforts , leur ténacité et par leur présence régulière sur la scène musicale britannique. Ils participent à de nombreux festivals et tournées et ceci à travers toute la Grande-Bretagne et sont répertoriés parmi les grands groupes de rock alternatif anglais.Sour el meegazine, l'hommage à TangerNao, le chanteur, ne croit pas si bien dire. Jouer au Maroc est presque un retour aux sources pour lui et Monz, le batteur. Naofal et Mondher, ces deux frères qu'une seule petite année sépare, sont nés dans le quartier populaire de Béni Makada à Tanger. Lazywall, traduction anglaise de Sour el meegazine, ce “mur des paresseux” qui surplombe la baie et la médina tangéroises, sonne clairement comme un hommage aux racines. Un nom qui, s'il fait sens de ce côté de la Méditerranée, continue d'intriguer dans les salles où mûrit la nouvelle génération d' “alter rock” anglais. Car c'est bien là-bas que ça se passe. Lazywall est né d'une rencontre, en 2003, entre le tandem fraternel Nao et Monz, débarqué un an plus tôt en Angleterre, et John, guitariste avec qui l'entente est immédiate. Tous trois ont la musique pour seul plan d'avenir. Ils emménagent ensemble dans une maison, pratique répandue chez les jeunes Anglais, et fondent le groupe.
Point de quartier branché londonien. Nous sommes à Reading, “moyenne” bourgade étudiante d'un demi-million d'habitants, mais surtout capitale du rock alternatif british et siège annuel d'un des plus gros festivals de Grande Bretagne, qui s'offre Pearl Jam pour invités. “Pourtant, au départ, on pensait que tout était centralisé à Londres, se souvient Monz. Tout mais pas le rock”. Difficile, avec Lazywall, d'évoquer débuts hésitants et premières galères : le trio, bûcheur et bille en tête, démarre au quart de tour, enchaînant très vite les gigs (concerts) communautaires à Reading puis dans tout le Berkshire, partageant l'affiche et la scène avec les autres représentants de la nouvelle scène de brit rock. La presse spécialisée ne cache pas sa fascination pour la progression de ce groupe déjà si à l'aise après si peu de concerts ensemble. Le style aussi intéresse. D'abord l'énergie, insondable et jouissive, que le groupe dégage sur scène. Puis les solos de guitare léchés et audacieux, la puissante solidité de la batterie, les thèmes travaillés qui font frémir l'échine et la voix profonde comme une morsure. Plutôt “postgrunge” que grunge, comme en témoigne la consistance et le naturel des accompagnements vocaux de John et Monz, Lazywall trouve ses influences à l'ouest, entre Seattle et Los Angeles, avec des groupes comme Staind, Soundgarden, Audioslave ou encore Alice in Chains.Leurs textes, composés à trois mains, sortent des tripes, puisant leur dimension émotionnelle dans les prises de tête existentielles du quotidien, “auxquelles il est facile de s'identifier”, précise Nao. Des paroles sans grande originalité mais interprétées avec une envoûtante intensité. Ainsi cette fulgurante alchimie fait-elle saliver la critique, qui voit dans Lazywall, dès 2004 et à l'ère de Franz Ferdinand, un des groupes de rock indépendant les plus viables commercialement. D'autant que ce succès précoce émerge quasiment ex nihilo. Quand ils quittent le Maroc après leur bac, il y a une dizaine d'années, Nao et Monz ne sont pas musiciens. Juste deux jeunes Tangérois bercés de “la même musique que tout le monde écoute”. Lazywall est leur première formation, après une initiation autodidacte. Monz, parti en France pour “essayer de faire des études”, s'est d'abord frotté à la gratte avant de faire ses armes à la batterie, entre deux amphis de maths et physique à Strasbourg, “belle ville mais ennuyeuse”. Nao, lui, a choisi l'Espagne, où il parvient à tenir tête à des études de pharma tout en vivant la vie délurée de Grenade. “Il fallait bien qu'un des deux réussisse”, se marre Monz, qui attend que son petit frère termine son diplôme pour prendre leur destin musical en main. Un temps, ils hésitent entre Angleterre et Etats-Unis. Ce sera l'Angleterre. Moins loin et moins compliqué pour les visas, même si la nationalité espagnole, transmise par leur mère, leur facilite la tâche. Le reste est limpide, pragmatique : “On avait les idées claires, précise Monz. On voulait se consacrer à la musique, se développer”.
Younes.B