» Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde, et il n’y avait rien de comestible. »
» Le cœur est un instrument d’optique bien plus puissant que les télescopes de la Nasa. C’est le plus puissant organe de connaissance, et c’est une connaissance qui se fait sans aucune préméditation, comme si ce n’était plus nous qui faisions attention à l’autre, comme s’il n’y avait plus qu’une attention pure et une bienveillance fondée sur la connaissance de notre mortalité commune. »
» Marcher dans la nature, c’est comme se trouver dans une immense bibliothèque où chaque livre ne contiendrait que des phrases essentielles. On est alors dans la formule de saint Jean, qui dit que, si on écrivait une à une toutes les choses que Jésus a faites, le monde ne pourrait pas contenir les livres qu’on écrirait. »
» Un don spirituel ou artistique paraît d’abord injuste, mais il est immédiatement payé par une perte. C’est comme si, à la naissance, Dieu donnait à certains une main en or, mais dans le même temps où il les dote d’une main en or, il leur enlève un pied. Ça se paye comptant. »
» Si la lumière est si peu recherchée, c’est parce que chacun de nous sait que le moindre don est hors de prix. C’est pour cela qu’on ne se bouscule pas sur l’échelle qui monte jusqu’aux étoiles. Si c’était facile, on verrait se multiplier les candidats. »
» C’est presque un malheur que d’avoir certains dons, et les saints qui aujourd’hui ne brillent plus que dans les images d’Épinal, je pense que la lumière d’hermine qui les enveloppe des épaules aux pieds a un revers de souffrance très noir. »
Christian BOBIN (Né en 1952).
*****************************************************