Il veut croire que c'est la faute aux médias, à quelques médias. En début de semaine, Nicolas Sarkozy a publiquement accusé le Monde de rouler pour le candidat François Hollande. Le quotidien du soir avait titré sur cette enquête du juge Gentil sur l'éventuel financement occulte de la campagne de Nicolas Sarkozy par les époux Bettencourt en 2007.
Il avait la trouille, et faisait mine de n'y rien paraître. Il espérait que cette France silencieuse qu'il cherchait tant ne lisait pas ses rares médias perturbateurs.
Question gênante
Jeudi, en déplacement dans le Gard, Nicolas Sarkozy refusa donc de répondre à une question de Mediapart, sur une autre affaire, comment avait-il pu financer l'acquisition de son duplex sur l'île-de-la-Jatte, à Neuilly-sur-Seine ? A l'époque, il avait prétexté un prêt de 3 millions de francs (200.000 euros) de l'Assemblée nationale. Et le prix d'achat était déjà largement inférieur aux prix du marché.
La journaliste de Mediapart, sur cette video, est empêchée d'insister. Nicolas Sarkozy lui-même pose la main sur la caméra « pour l’empêcher de filmer.»
Sarkozy sur le financement de son ancien... par Mediapart
La journaliste, Valentine Oberti, avait pourtant enquêté. Le candidat Sarkozy, en 2007, n'avait pu bénéficier d'une telle largesse de l'Assemblée. Car cette dernière ne pouvait prêter que 1,2 millions de francs, et non 3 millions de francs. Et l'Assemblée ne put garantir l'existence d'un tel prêt.
L'enquêtrice de Mediapart s'est interrogée. Elle avait retrouvé l'acte de vente. Le futur monarque avait écrit cette curieuse formule, « avoir obtenu l’ensemble des prêts nécessaires au financement de mon acquisition » sans pourtant préciser la source de ses apports. Mediapart précise: « Plus de quinze années après l’achat, nul ne sait donc comment le
président de la République a financé son appartement, et ainsi constitué
une grande partie de sa fortune personnelle. ».
On résume: Nicolas Sarkozy a bénéficié d'un (ou plusieurs) prêt(s) secrets pour environ 3 millions de francs (450.000 euros).
Bettencourt ?
Vendredi, on apprit que Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, restait en détention. Il avait plaidé la faiblesse physique. Mais la Cour d'appel de Bordeaux a rejeté sa demande de libération, confirmant « l'ordonnance de placement en détention provisoire et
ordonne une expertise médicale pour vérifier la compatibilité de la
détention avec son état de santé».
Pour le camp Sarkozy, c'est un coup dur. De Maistre avait été mis en examen pour « soupçon de financement frauduleux de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007 », puis écroué depuis le 23 mars pour « abus de faiblesse et abus de biens sociaux ». Il a résisté, il n'a rien dit, rien avoué.
Par définition, ce maintien en détention signifie que la détention a son importance pour les juges. « La justice veut d'empêcher M. de Maistre de détruire éventuellement des preuves » précisait l'envoyé spécial du Parisien. Le juge Gentil veut qu'il craque. Et d'ailleurs, de Maistre était aux bords des larmes ce vendredi.
La coïncidence de certains retraits d'espèces en Suisse au printemps 2007 et des rendez-vous politiques le trouble au plus au point. Pire, Patrice de Maistre a eu une défense curieuse: «Je n'ai rien fait de ce qui m'est reproché, j'ai seulement travaillé.
Ce que je n'ai pas fait, c'est arrêter un système qui existait depuis 40
ans». Et il ajouta: «Ça aurait été plus facile pour moi de dénoncer».
C'était exactement ce que la justice attend. Qu'il dénonce. « Patrice a tout intérêt à parler. Sinon, il risque de passer
plusieurs mois en prison, et il fera figure de prévenu vedette quand
viendra le moment du procès » avait confié à Mediapart un ami du gestionnaire.
« Nicolas Sarkozy ne peut plus se contenter de balayer d’un revers de main
les soupçons qui pèsent sur le financement de sa campagne de 2007 » s'interrogea Libération, ce samedi 31 mars.
Effectivement.
Cette fin de quinquennat promettait encore quelque surprises.
Ami sarkozyste, reste avec nous.