Lundi 26 mars, suite aux tueries de Montauban et Toulouse, Nicolas Sarkozy a déclaré : " deux de nos soldats étaient, comment dire ? musulmans, en tout cas d'apparence [...] comme l'on dit, la diversité visible ". Du fait de sa piètre maîtrise de notre langue, notre président sortant ignore sans doute les sens du mot apparence. Qu'il apprenne donc que l'apparence est : ce qui apparaît, ce que l'on voit d'une personne ou d'une chose ". Mais ce peut être aussi : " l'aspect superficiel, extérieur d'une personne ou d'une chose, considéré comme distinct de sa réalité ". La sagesse populaire a tiré de cette définition, entre autres, une maxime " Il ne faut pas se fier aux apparences " et des proverbes, comme " Tout ce qui brille n'est pas or l'habit ne fait pas le moine
En accord avec ce sens commun du mot apparence, dans sa fable Un animal dans la lune, notre bon La Fontaine a écrit :
" Mon âme, en toute occasion,
Développe le vrai caché sous l'apparence "
Il est vrai que, en dehors de celles qu'il forge, notre président ne doit guère être familier des fables. Pourtant, en l'occurrence, la valeur trompeusedu mot apparence se manifeste bien comme telle ici puisque, comme le souligne notre président dans cette intervention, des deux soldats en apparence musulmans,un était catholique.
Cette propension à accepter que l'on puisse cataloguer les gens selon leur apparence met Nicolas Sarkozy en une compagnie peu recommandable. Qu'on en juge plutôt : en janvier 2011, un journaliste de la chaine France 24 avait affirmé avoir été tabassé par le service d'ordre du Front National lors du Congrès de Tours. Interrogé à ce sujet, Jean-Marie Le Pen avait déclaré : " " Le personnage en question a cru pouvoir dire que c'est parce qu'il était juif qu'il avait été expulsé... Ça ne se voyait pas ni sur sa carte, ni sur son nez, si j'ose dire ". A force de labourer les mêmes terres que le Front National, on se laisse gagner par ses propos et ses mœurs.
Cette dérive n'est pas surprenante, venant d'un personnage qui s'était déjà pas mal égaré dans des zones aussi putrides lors de son discours du 30 juillet 2010 à Grenoble. Ce jugement sur les apparences est régulièrement pratiqué au cours des nombreuxcontrôles au faciès subis par ceux qui se distinguent de notre fier type gaulois, la diversité visible en somme. Utiliser ce genre d'expression est encore plus grotesque, c'est admettre que la foi d'un individu donné peut se déduire de son apparence.
Confier les rênes de l'État à celui qui n'a que l'apparence d'un président est dangereux pour la santé de la Nation.