François Trahan, Montréalais exilé à New York depuis plusieurs années, revient à Montréal. Monsieur Trahan est un stratège financier reconnu à travers le monde pour son talent exceptionnel. Au cours des huit dernières années il s'est classé meilleur stratège boursier cinq fois, et deuxième trois fois. Toutes les capitales financières du monde dérouleraient le tapis rouge pour le recevoir, mais au Québec, malgré les discours qui disent le contraire, les entrepreneurs et les financiers ne sont pas les bienvenus.
M. Trahan a créé la firme Gestion de Capital Trahan pour gérer de Montréal un fonds alternatif, le Fonds Opportunités Trahan. Le fonds vise un actif de 1,1 G$. C’est plus de dix fois la valeur des autres fonds alternatifs gérés à partir de Montréal.
Pourquoi Montréal? La proximité de New York. Il désire partager son temps entre ses activités new-yorkaises et montréalaises; le désir de contribuer à l’essor du secteur financier montréalais; l’opportunité de se rapprocher de la famille; etc.
Monsieur Trahan a donc amorcé les démarches auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en août 2011. Le 8 novembre il a déposé sa demande dans l’espoir de lancer le Fonds Opportunité Trahan dès le début de la nouvelle année. Mais c’était sans compter sur la lourdeur et l’inefficacité de l’AMF.
Il a reçu un accusé de réception trois semaines plus tard, soit le 29 novembre. Après plus de trois mois de tracasseries, au moment où il était sur le point de capituler, il a enfin reçu l’autorisation demandée. La Securities and Exchange Commission américaine, qui n’est pas particulièrement réputée pour son efficacité, lui a remis une autorisation en moins d’un mois, le délai de l’AMF pour émettre un accusé de réception.
L’AMF, sous prétexte de protéger les investisseurs, prétend qu’un délai de quatre mois est tout à fait normal. Est-ce que l’émission d’un accusé de réception en 24 heures met en danger les investisseurs? Est-ce que le comportement arrogant des fonctionnaires de l’AMF protège mieux les investisseurs? Malheureusement, c’est le propre des bureaucraties de chercher par tous les moyens à exercer le pouvoir absolu qui leur est dévolu.
S’il n’en tient qu’à l’AMF, Montréal ne sera jamais un centre financier important.
Les politiciens inventent toutes sortes de programmes de subventions pour attirer les entrepreneurs, mais négligent l’essentiel. Un crédit d’impôt, aussi alléchant soit-il, ne peut pas compenser les affres d’une bureaucratie inefficace et arrogante. D’ailleurs, si la bureaucratie exécutait efficacement son travail dans un esprit de coopération et sans arrogance, les subventions pour attirer les entreprises et les investisseurs seraient inutiles.
Mais l’élimination des programmes de subventions équivaudrait à réduire les pouvoirs d’influence des fonctionnaires et des politiciens. C’est surtout ça que les politiciens et les fonctionnaires craignent.
Source : La Presse