Vous entendez souvent parler de sensibilité ou de bruit, ce dernier pouvant être la source de nombreuses photos ratées ou de mauvaise qualité dans des conditions de faible luminosité, ou vous n’en avez jamais entendu parler, ou peut-être n’avez-vous jamais cherché à savoir ce que c’était… Tour d’horizon !
1. La sensibilité, Késako ?
Sur les appareils photos argentiques, le film était vendu avec une sensibilité prédéfinie. Plus la sensibilité était basse, plus le grain était fin, et plus il avait besoin d’être exposé longtemps à la lumière pour retranscrire avec justesse les valeurs tonales de la scène. A L’inverse, plus la sensibilité était haute, plus le grain était gros et moins la durée d’exposition devait être importante.
Avec le numérique, le principe reste le même à la différence qu’il est possible de choisir directement la sensibilité à la prise de vue, et cela d’une vue à l’autre. Ceci revient à modifier la capacité du capteur à réagir à la lumière.
Sur les reflex actuels, la plage de sensibilité s’étend généralement de 50 à 6400 ISO (voire 12 800 ISO pour les modèles haut de gamme et même jusqu’à 100 000 ISO sur certain boitiers pro comme le Nikon D3s).
Monter en sensibilité permet au capteur de recevoir plus de lumière en gagnant en diaphragme. Par exemple, une image nécessitant un temps de pose de 1/15s avec une ouverture de f/2.8 à 100 ISO pourra, dès lors que vous augmentez la sensibilité à 200 ISO, être shootée à 1/30s avec la même ouverture. A 1600 ISO vous pourriez shooter à 1/250s. Le gain est considérable.
L’utilité de la sensibilité est de pouvoir pallier au manque de luminosité tout en gardant une vitesse d’obturation confortable, surtout lors de la présence de sujet en mouvement (exemple : un spectacle de danse), ou pour éviter un flou de bougée.
2. Et ce bruit…
Le risque en travaillant en hautes sensibilités est de voir apparaitre du bruit sur vos photos – signal parasite qui va venir polluer votre image, en créant des pixels disgracieux et/ou colorés et une perte de netteté qui vont particulièrement affecter les zones sombres et unies.
Mais la sensibilité n’est pas le seul facteur d’apparition du bruit. On peut également citer : la température, taille des photosites du capteur, le temps de pose…
Voici une série de photos prises avec des sensibilités différentes pour illustrer ce qu’est visuellement le bruit :
3. En pratique
Il ne faut pas oublier que le premier objectif est d’avoir une photo ayant une qualité d’image optimale. Donc, en pratique le premier conseil à donner est celui de jouer en premier lieu avec d’autres paramètres que celui de la sensibilité :
- Ouvrir son diaphragme au maximum quand la scène le permet ;
- Utiliser le système de stabilisation de l’objectif (quand il y en a un) pour permettre de shooter des scènes sans mouvements à une vitesse de 1/15s ;
- Utiliser un trépied s’il n’y a pas de sujets en mouvement sur la scène.
Bon, et après cela, si la luminosité est toujours trop faible, il faut bien sûr ne pas hésiter à monter en sensibilité, tout en tenant compte de la tolérance au bruit de votre boitier. Et si jamais vous n’aviez d’autres possibilités que de dépasser ce seuil, vous pouvez vous servir de la fonction de réduction du bruit de votre appareil (s’il en propose une). Mais sachez que cela ne sera effectif qu’avec le format JPEG de vos images et pas en RAW.
Un conseil que je pourrais vous donner est celui de ne pas utiliser le mode de gestion « auto » du bruit que proposent la plupart des appareils car celle-ci a vite fait de vous emmener dans des sensibilités trop hautes par accommodement, et donc de dégrader vos clichés.
4. La post-production
Il existe un grand nombre de logiciels permettant de réduire le bruit en post-production. Tout d’abord, il faut savoir à quel type de bruit on a à faire :
- Bruit de luminance (niveaux de gris) = image granuleuse ;
- Bruit de chrominance (couleurs) = artefacts.
Un simple coup d’œil à votre image devrait donc vous permettre de choisir l’outil de correction approprié. Voici une liste de logiciels permettant de réduire le bruit de vos images (A noter que les meilleurs résultats seront obtenu avec des images RAW) :
- Camera RAW ;
- Capture One ;
- DxO Optic pro.
Il existe également une multitude de logiciels téléchargeables sur Internet (payants ou gratuits) dédiés à la réduction du bruit : Noise Ninja, Picture Cooler, Neat Image… Pour certaines images, les corrections seront efficaces, mais bien souvent la méthode de réduction proposée implique une perte de netteté trop importante pour être acceptable.
Je vous ai parlé de format RAW, qui par définition est le format brut d’une image, et de format JPEG. Je vous propose de vous rendre à cette adresse : http://www.virusphoto.com/658-raw-ou-jpeg-les-cles-pour-choisir.html pour vous familiariser avec ces termes, apprendre leur distinction, leurs avantages et inconvénients, et surtout pour choisir le(s)quel(s) est (sont) le(s) plus adapté(s) à votre profil de photographe. Un complément très intéressant, et important, à ma série d’articles consacrée aux fondamentaux de la photographie.
Vous voilà sensibilisé à la sensibilité (sans jeu de mots) et armé à faire face au phénomène du bruit sur vos images ! Des questions ? Des précisions ? Des expériences ? Le prochain (et dernier) billet sur les fondamentaux traitera de la balance des blancs…