Vous allez certainement penser que je suis un peu dérangée car, à première vue, cette immense hangar (ou usine) flanqué de halles couvertes banales et d'un parking pas glamour pour deux sous, n'a rien de bien tentant ....
Eh bien, je l'ai pourtant trouvée bien émouvante cette église.
Construite entre 1953 et 1958 (à la place d'une autre, classique, construite à la fin du XVIIIème siècle en référence à Louis XIV) par les architectes Yves Michel, Jean Lacaille, Jacques Lechat, Yves Perrin et Hervé Weisbein, c'est la plus grande église érigée en France après guerre.
Elle est de plus pur style "art moderne", empruntant des références à Perret (les deux colonnes de l'entrée principale), aux vitraillers du XXème siècle (la vie de Saint Louis qui éclaire le choeur, au cubisme et à la vocation maritime de la ville et à ses souffrances...
Immense et vide en ces temps de religiosité frileuse - seuls quelques rares orants se retrouvent dans la petite chapelle du St Sacrement - elle résonne de ses 95 m de longueur, 27 m de large et 25 m de hauteur sous voûte. A l'extérieur, franchement, ce n'est pas très engageant. Le parement de pierres rousses de Logonna (au fond de la rade de Brest) voisine avec le gris du béton brut. Le clocher est immense, tout en verticales.
C'est l'intérieur qui émeut : asymétrique. Côté mer, à l'ouest, la paroi est presque aveugle, mais l'appareil des pierres quatrangulaires évoque un rempart, contre les intempéries, les ennemis, contre le Mal.
Côté ouest, une grande verrière de lumière avec les silhouettes des sept Saints de la Bretagne, et un mince bas-côté délimité par de graciles colonnes. La voûte, en berceaux successifs, comme une construction en voile de béton industrielle.
L'ensemble est étonnant, au-delà de notre peu de goût (trop souvent, encore) pour l'architecture minimaliste de ce temps.
En somme, une architecture qui a bien vieilli. Et dès la sortie, des fleurs comme si elles explosaient ...