D’une bouteille lancée à la mer, naîtra un échange de mails, entre une jeune française de Jérusalem et un Gazaoui. Une rencontre et un pont virtuels entre deux mondes que tout sépare: Israël et la Palestine. La discussion épistolaire de Valérie Zenatti dans son livre Une bouteille dans la mer de Gaza, sentait bon le sujet casse-gueule. Comment ne pas se montrer trop naïf ? Comment éviter la langue de bois ? Thierry Binisti évite tous les pièges et schémas redoutés et manie son duo adolescent (excellents Agathe Bonitzer et Mahmud Shalaby) avec classe et retenue, en posant des gestes, de la chair et des mots sur les figures invisibles de la guerre. Derrière les images d’horreurs télévisées, il y a des êtres qui subissent (l’oppression, l’héritage, la violence). Derrière l’idée de deux peuples en guerre, et les figures abstraites du conflit, il y a des maux, banals, simples, communs.
Si tout divise les deux adolescents, symboles évidents des deux peuples, l’espoir d’un avenir meilleur et les tiraillements générationnels les unissent. Le film offre un visage à l’invisible : aux questionnements d’un frère, militaire à Gaza, à la peur universelle de parents face à l’avenir de leurs enfants, à des cris d’enfants qui percent le sifflement des bombes. On y parle de la guerre à hauteur d’hommes, avec une simplicité désarmante, le tout est plein de candeur, mais non dénué d’intelligence. Au final, le véritable challenge des protagonistes n’est pas de s’aimer, mais de point se haïr. La fin, ouverte, révèle moins un possible de réconciliation, qu’un désir fort d’émancipation : passage de l’adolescence à l’âge adulte, passage d’un cloisonnement (moral, physique) à une liberté de choix et de pensée. “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde”, disait Gandhi.